Cette orientation du régime se trouve étayée par des détails divulgués par nombre de récents visiteurs de Baabda. En réponse, les haririens soutiennent que les propos de leur chef de file ont été mal compris. Ils précisent que Hariri n’a jamais voulu s’en prendre personnellement à Lahoud. Ni ouvrir le feu dans sa direction politique. ils ajoutent que d’ailleurs le président du Conseil n’a pas du tout en tête de se défausser de la responsabilité de la crise socio-économique sur les autres dirigeants. Car le problème, à son avis, ne se situe pas là pour le moment. Pour ses fidèles, Hariri, tout en souhaitant que ses déclarations ne donnent pas lieu à des crispations politiques, entend tout simplement réhabiliter aux yeux de l’opinion le plan de redressement qu’il avait conçu. Et que les circonstances, autant que certaines chausse-trappes, ont trahi.
Les haririens répètent que le chef du gouvernement n’a pas l’intention de mener une campagne d’attaque. Et que son but, en s’adressant au public, reste de cerner franchement une situation qui est loin d’être plaisante. Pour plaider de la sorte en faveur d’un traitement déterminé, qui nécessite évidemment des efforts conjoints, unanimes même puisque l’opposition est tenue de s’y associer elle aussi. Si toutefois, ajoutent les haririens, les loyalistes de l’autre bord et les opposants veulent servir l’intérêt national bien compris. Toujours selon les partisans du Sérail, son locataire a préféré parler aux Libanais publiquement, les yeux dans les yeux, et non leur faire parvenir des messages par la tangente, à travers des fuites de presse. Sous-entendu, comme le font certains.
Mais ces explications sont réfutées par les lahoudistes. Qui affirment que les propos de Hariri visent bel et bien le président de la République, ses positions, son comportement et ses prestations. Certains loyalistes ultras n’hésitent pas dès lors à estimer qu’il serait temps de changer le gouvernement. Et son chef. Mais les visiteurs de Damas confirment pour leur part qu’il n’est toujours pas question d’envoyer les Trente sur les roses.
Cependant, les conciliateurs se mettent activement en campagne. Pour commencer, ils tentent de désamorcer la bombe à retardement des échanges acerbes. En affirmant que le débat, étant d’ordre économique, doit être dégagé du contexte politique. Pour faire bonne mesure, ils ajoutent que d’ailleurs la situation n’est pas désespérée. Et qu’il faut prendre garde de ne pas l’aggraver par l’exploitation des questions économiques à des fins politiques. Aussi, nombre de pôles demandent aux dirigeants de faire prévaloir la raison, qui commande de cesser les heurts, au profit d’un traitement accéléré des difficultés socio-économiques du pays. Ce qui implique qu’il faut relancer les projets gelés et combattre la corruption ainsi que le gaspillage des fonds publics. Ce qui va d’ailleurs dans le sens de la réforme que prône le régime. Ces sources se réclament de l’exemple italien dit mane pulite, en précisant toutefois que le recours à la justice ne doit pas constituer l’essentiel de la réforme ni donner le pouvoir aux juges. En tout cas, la loi doit être au-dessus de tous, ce qui n’est pas le cas tant s’en faut. Ainsi les salons politiques bruissent d’histoires de corruption et de protection de corrupteurs. Sans que les autorités fassent rien pour y remédier. Car elles ne prennent même pas la peine de se référer aux rapports révélateurs de l’Inspection centrale, le Conseil de la fonction publique et d’autres organismes de contrôle comme la Cour des comptes.
Philippe ABI-AKL
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