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Social - Débat organisé par le RDCL La CNSS arrêtera toutes les prestations si l’État ne paye pas ses arriérés, prévient Abou Nader

«Si l’État ne paye pas les sommes qu’il doit à la Caisse nationale de sécurité sociale d’ici à la fin de l’année, nous serons obligés de mettre un terme à toutes les prestations offertes par notre institution. » Cette perspective apocalyptique est celle rendue publique hier par Maurice Abou Nader, président du conseil d’administration de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), lors d’un débat organisé par le Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL) à l’hôtel Alexandre. Au cours de ce débat, qui s’est déroulé en présence d’Armand Farès, président du RDCL, et de nombreuses personnalités, les différents intervenants et membres du public ont mis l’accent sur les obstacles qui font face aujourd’hui à un meilleur fonctionnement de cette institution vitale.
M. Abou Nader a imputé la crise financière de la CNSS principalement aux arriérés impayés de l’État, qui totalisent 1 000 milliards de livres, mais aussi à certaines décisions « politiques », notamment la baisse du montant des cotisations. En ce qui concerne les arriérés de l’État, il a précisé que la question a été soulevée lors d’entretiens avec différents responsables, notamment avec le président du Conseil des ministres il y a deux semaines. Par ailleurs, l’échelonnage des dettes pour quelque 3 000 sociétés a favorisé la liquidité, mais cela demeure insuffisant.
Les arriérés impayés ne sont pas seulement à mettre au compte de l’État, mais aussi, selon M. Abou Nader, des sociétés privées. Il a estimé que la perception des cotisations du secteur privé n’est que de 50 %. « La CNSS est un contrat social entre l’État et le secteur privé, a-t-il dit. Il est impératif qu’il y ait une vaste participation à la solution. » Sur ce point, Ghassan Ghosn, président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), a insisté sur la nécessité de mettre un terme au « gaspillage » dans la collecte des cotisations des entreprises, au lieu de ne mettre en lumière que celui qui est constaté au niveau des prestations offertes aux bénéficiaires.
Pour ce qui est des arriérés de l’État, M. Ghosn a ironisé : « S’ils ont payé 180 millions de dollars pour résoudre le problème du cellulaire, qu’ils règlent leur dû à la CNSS. »
L’intervention de M. Abou Nader a été précédée d’un mot d’introduction de M. Farès, qui a rappelé que le 29 juillet dernier, les organismes économiques avaient décidé de donner à l’État un délai expirant fin octobre pour améliorer la condition de la CNSS et de l’Électricité du Liban (EDL), sous peine d’arrêter de payer les cotisations qu’ils doivent à ces deux institutions. Il a précisé qu’un tel débat s’inscrivait dans le cadre de la recherche d’une solution aux problèmes de cette institution.
Un bref aperçu critique avait également été donné par l’expert Roger Melki, qui avait dénoncé les coûts administratifs importants de la CNSS, l’opacité au niveau de la communication et la récurrence des plaintes concernant certaines prestations. Il a fait remarquer que le conseil d’administration était formé de 26 membres, ce qui le rendait difficilement gérable. Ce à quoi M. Abou Nader a répondu en soulignant que le nombre était aussi une garantie de représentativité des différents secteurs ainsi qu’une protection contre « une mainmise totale des hommes politiques ».

Informatisation
et modernisation
Sur ce dernier point, M. Abou Nader a admis que les dirigeants de la CNSS « auraient aimé être libres, mais ils sont dépendants d’une loi, d’un ministère de tutelle et de la Cour des comptes ». Il a ajouté que cette institution, qui est semi-publique, « souffre des mêmes maux qui sont ceux de l’Administration publique, comme les interventions politiques » par exemple.
Pour ce qui est des employés de la CNSS, ils sont au nombre de 1 451, qui gèrent une trentaine de bureaux à travers le pays. Leur nombre a fait l’objet d’une discussion, certains suggérant qu’ils sont en surplus par rapport aux besoins de l’institution et à la qualité des prestations, qui ne s’en trouve pas améliorée.
Enfin, les perspectives d’avenir de la CNSS ont été abordées. M. Abou Nader a affirmé qu’il fallait continuer à informatiser les différents services et à établir une structure administrative, évoquant un don du Fonds koweïtien. « Nous avons beaucoup d’idées, mais nous sommes bloqués par la crise financière », a-t-il déclaré. Il a reconnu la nécessité de réformes au sein de la CNSS, précisant toutefois que « dans les institutions publiques, tout prend du temps ». Il a rappelé que son équipe, en place depuis 1999, a instauré un système de contrôle, jusque-là inexistant.
À une question de l’ancien ministre Bassel Fleyhane sur sa vision d’avenir, le PDG de la CNSS s’est contenté de répondre qu’il fallait « moderniser la loi et le système et poursuivre l’informatisation ».
S.B.
«Si l’État ne paye pas les sommes qu’il doit à la Caisse nationale de sécurité sociale d’ici à la fin de l’année, nous serons obligés de mettre un terme à toutes les prestations offertes par notre institution. » Cette perspective apocalyptique est celle rendue publique hier par Maurice Abou Nader, président du conseil d’administration de la Caisse nationale de...