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Beyrouth retient son souffle face à l’agressivité israélienne

Les autorités libanaises se posaient hier des questions inquiètes sur les cibles qu’Israël choisirait sous prétexte de riposter à des actions du Hamas ou du Jihad islamique. On sait qu’après l’attentat-suicide de Haïfa, une agglomération palestinienne proche de Damas a été attaquée. Une escalade sur le terrain risque de provoquer, à la longue, une explosion régionale généralisée. Pour le moment, cependant, la Syrie a opté pour la retenue sur le plan militaire. En déférant l’affaire devant le Conseil de sécurité de l’Onu. Dans une première réaction livrée à la presse, le président Assad a estimé que « le gouvernement israélien tente de se sortir de l’impasse en essayant de terroriser la Syrie et d’entraîner ce pays, ainsi que la région, dans de nouvelles guerres. Car, a-t-il ajouté, c’est un gouvernement de guerre, et la guerre est même sa raison d’être ».
Le président Lahoud, pour sa part, ne pense pas que l’escalade irait loin. Il relève en effet que les États-Unis, focalisés sur la situation en Irak, n’y auraient pas intérêt. Et qu’Israël, centré sur des opérations-suicide qui font nombre de tués et de blessés, n’a pas non plus intérêt à ouvrir de nouveaux fronts. D’autant que le président Bush en personne a mis en garde contre une escalade qui pourrait embraser la région tout entière.
Cependant, une source ministérielle libanaise relève de son côté qu’en cas d’agressions israéliennes à répétition, Damas ne se contenterait plus de porter plainte devant le Conseil de sécurité. Et mettrait à exécution l’avertissement contenu dans le message adressé au secrétaire général de l’Onu par son ministre des AE, Farouk el-Chareh, qui écrit : « La Syrie n’est pas dans l’incapacité de créer un équilibre résistant et dissuasif obligeant Israël à revoir ses calculs. » Il précise que « la Syrie exerce le plus haut degré de retenue. Car elle sait qu’Israël veut provoquer des prétextes, ici ou là, pour exporter sa crise intérieure à la région tout entière, en l’exposant à un surcroît d’escalades et d’explosions aux conséquences incalculables, qu’il serait difficile de contrôler ». Selon le ministre libanais, il est évident que les pays arabes ne sont pas prêts pour la guerre. Il faut donc prévenir, ou contenir, l’agressivité belliciste israélienne. En désamorçant les prétextes de riposte dont le gouvernement Sharon se saisit pour frapper n’importe où. D’où une seule solution pratique : le gouvernement palestinien doit prendre sous son contrôle direct les organisations armées. Il devrait en avoir les moyens, maintenant que Arafat a accepté de remettre les pouvoirs sécuritaires au ministre de l’Intérieur, le général Nasr Youssef. Israël attend le gouvernement d’Ahmed Qoreï au tournant. Pour voir s’il va pouvoir mettre à exécution sa promesse de mettre un terme à ce que l’État hébreu dénomme « l’anarchie des armes. » Ce qui signifie que Qoreï va devoir faire face aux groupes qui s’opposent à sa politique, comme le Hamas ou le Jihad islamique, en les amenant à cesser leurs opérations-suicide. Dont la poursuite pourrait amener Israël à réoccuper la bande de Gaza, à expulser Arafat ou même à tenter de l’assassiner. En passant outre aux injonctions américaines, surtout si les organisations palestiniennes radicales devaient de nouveau frapper au cœur même de l’État hébreu. Le gouvernement d’urgence palestinien pourrait donc prendre des mesures qui le mettraient en confrontation avec les ultras. Faute de quoi, il se retrouverait face à Israël. Le Hamas et le Jihad islamique ne cachent du reste pas leur crainte de voir l’équipe Qoreï ordonner une série de rafles dans leurs rangs et traquer leurs militants. Pour alléger les pressions US sur l’Autorité palestinienne. Et, surtout, pour empêcher Israël de mettre ses menaces à exécution. Bien entendu, pour que la région retrouve une situation normale, il faut que le cycle de violence cesse entre Palestiniens et Israéliens. Mais il faut également que le calme soit consolidé à la frontière libanaise, que des éléments palestiniens peuvent franchir à tout moment pour des attaques contre les Israéliens. Les autorités libanaises devraient pouvoir compter sur le concours actif de la Syrie. Afin que les camps palestiniens soient placés sous haute surveillance et politiquement gardés sous contrôle.
De son côté, un ancien ministre observe, en substance, que les Arabes ne sont en mesure ni de faire la guerre ni d’accepter une paix qui serait en réalité une simple capitulation. Dans ces conditions, estime-t-il, ils doivent ou bien se préparer à la guerre, en base d’une stratégie unifiée, ou bien généraliser la résistance sur tous les fronts. Ou encore se soumettre à n’importe quelle paix possible. Comme il est évident qu’une guerre serait actuellement déséquilibrée, il en ressort qu’il faut garder le calme sur tous les fronts, pour ôter à Israël tout prétexte. Surtout que Sharon, dans la perspective des prochaines élections israéliennes, n’a devant lui qu’un seul choix : ou bien assurer la sécurité avant la paix, comme il l’a promis aux Israéliens ; ou bien partir en guerre.
Et de conclure en relevant que Bush, n’ayant pu assurer la sécurité en Irak, demande quant à lui aux Européens comme aux Arabes de l’aider à cette fin, en laissant planer la menace d’une extension de la guerre sous prétexte de combattre le terrorisme.

Émile KHOURY
Les autorités libanaises se posaient hier des questions inquiètes sur les cibles qu’Israël choisirait sous prétexte de riposter à des actions du Hamas ou du Jihad islamique. On sait qu’après l’attentat-suicide de Haïfa, une agglomération palestinienne proche de Damas a été attaquée. Une escalade sur le terrain risque de provoquer, à la longue, une explosion régionale...