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« Feuille de route » L’Union européenne s’active pour faire démarrer le volet syro-libanais

Une source ministérielle confirme à Beyrouth que l’Union européenne, cosignataire de la « feuille de route », s’efforce d’encourager un redémarrage accéléré des négociations syro-israéliennes et israélo-libanaises. Javier Solana en a parlé avec les Syriens ainsi qu’avec les autorités locales. C’est ce qui aurait incité le président Bachar el-Assad à demander l’élaboration d’une « feuille de route » séparée pour le volet syro-libanais.
Le ministre cité remarque à ce propos que ce sont les USA eux-mêmes qui dissocient les cas, du moment qu’ils ont prié les pays arabes, dont la Syrie et le Liban, de ne pas intervenir dans le dossier palestinien. Et de se contenter d’approuver tout ce que l’Autorité palestinienne accepterait. Cette orientation est admissible. Par contre, souligne la même personnalité, toute tentative israélo-américaine éventuelle de disloquer le tandem libano-syrien serait vouée à l’échec. Les intérêts des deux pays concernés sont si imbriqués qu’ils en deviennent communs. Dès lors on ne saurait résoudre le cas libanais sans régler la question syrienne. Quant aux Palestiniens, ils ont eux-mêmes choisi d’isoler leur cause du contexte arabe en signant les accords d’Oslo.
Quoi qu’il en soit, à Washington certains avancent que l’on devrait traiter le volet libanais tout de suite et tout seul, car il semble le plus facile à aborder après le retrait israélien et l’établissement d’une ligne bleue. Ces cadres américains pensent que le meilleur moyen de désarmer la Résistance libanaise et le Hezbollah ce serait encore de parvenir à un accord de paix séparé entre Israël et le Liban. Mais à Beyrouth l’on répond que la ligne bleue ne suffit pas, qu’il faut un retrait de Chebaa, ainsi que la relaxe des prisonniers libanais détenus en Israël et une solution pour les réfugiés palestiniens. On rappelle également qu’en tout cas, le Liban et la Syrie se sont engagés à ne signer qu’ensemble. Ce qui signifie que la Résistance ne désarmera pas avant la conclusion d’un accord global.
L’Union européenne comprend pour sa part la position libano-syrienne et plaide en faveur d’une « feuille de route » distincte pour ce double volet. Du côté arabe, l’on a fait savoir depuis longtemps au président Bush que seule une paix globale équitable peut assurer la stabilité dans la région. Autrement dit, que la sécurité ne passe pas avant la paix, comme le prétend Israël, mais l’inverse.
Sur le plan pratique, serait-il possible de voir le volet libano-syrien passer avant le volet palestinien ? La source ministérielle interrogée répond que cela dépend d’Ariel Sharon, de sa position à l’égard de la « feuille de route ». Et aussi de la capacité ou de la volonté des États-Unis d’exercer des pressions sur Israël pour que les négociations reprennent. Le président Bush, qui affronte des échéances électorales, devrait y être disposé car il lui faut marquer des points dans cette région. Mais Sharon, de son côté, se prépare à des élections législatives et, pour réussir, il lui faut continuer à jouer la carte de la sécurité avant la paix qui entrave le processus. À moins qu’il n’admette finalement que la sécurité passe par la paix et qu’il consente à conclure un accord avec les Palestiniens. Ce qui semble difficile à première vue.
Quant aux pressions américaines, elles n’avaient guère suffi à faire plier Israël. Shamir avait su ainsi contourner les principes de Madrid imposés par Bush senior. Le même scénario peut se reproduire avec la « feuille de route » du quartette, du moment que Sharon ne veut pas de la paix mais de la sécurité. Ainsi, comme le souligne le ministre palestinien des Affaires étrangères Nabil Chaath, Sharon a précédemment fait échouer la mission de Colin Powell. Qu’il a carrément envoyé sur les roses en lui disant qu’il allait discuter de la « feuille de route » avec son chef à Washington et n’avait pas besoin d’en parler avec lui. Il a ainsi gagné plusieurs semaines pendant lesquelles le sang a continué à couler. Ce qui lui permet de durcir encore plus sa position en exigeant du gouvernement palestinien l’impossible, c’est-à-dire qu’il écrase l’intifada.
Émile KHOURY
Une source ministérielle confirme à Beyrouth que l’Union européenne, cosignataire de la « feuille de route », s’efforce d’encourager un redémarrage accéléré des négociations syro-israéliennes et israélo-libanaises. Javier Solana en a parlé avec les Syriens ainsi qu’avec les autorités locales. C’est ce qui aurait incité le président Bachar el-Assad à demander...