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ÉCOTOURISME - Escalade, rappel, randonnées, VTT, tir à l’arc, jeux de plein air, « La réserve » d’Afqa dévoile ses richesses Des journées nature, des sports extrêmes et la sécurité en prime (photo)

Quelque part entre ciel et terre, dans le tranquille village de Mnaytra, situé à 5 minutes de la grotte d’Afqa et de son impressionnant torrent d’eau, « La réserve » a élu domicile. Ses trois millions de mètres carrés de nature, qui culminent à 2000 mètres d’altitude, ses espaces verts, ses arbres aux mille couleurs, ses rochers aux parois escarpées, ses sentiers qui serpentent à travers les montagnes, ses grottes aux nombreux passages en font un lieu de rêve pour l’écotourisme. C’est dans cette nature paradisiaque, où les Beyrouthins viennent chercher une bouffée d’air pur et de tranquillité, que « La réserve » a aménagé un camping, un restaurant traditionnel libanais à la cuisine familiale, ainsi que divers sports et jeux de plein air, pour jeunes et moins jeunes, alliant amusement et sensations fortes.
Sur un rocher de près de 13 mètres de haut, deux moniteurs expliquent à une adolescente la technique du rappel. Descendre le pan d’un rocher à reculons, même rattachée par un baudrier à deux cordes, n’est pas si évident pour la citadine qui évalue avec appréhension le vide au-dessous d’elle. Après avoir bien observé la démonstration de Jad, l’un des moniteurs qui descend devant elle pour l’accueillir au bas du rocher, elle s’élance, lâchant progressivement sa corde, avec un brin d’hésitation d’abord, puis avec plus d’assurance. Posté en face d’elle, au sommet du rocher, tenant fermement la corde de sécurité, à laquelle il donne du mou en fonction des mouvements de la jeune fille, Émile, le second moniteur, l’encourage et la guide dans ses mouvements : « Aie confiance, tu es en sécurité, garde les jambes tendues et écartées, reste perpendiculaire au rocher et marche à reculons. » C’est avec un sourire satisfait et déterminée à renouveler son exploit, que la jeune fille termine sa descente du rocher. Mais la prochaine fois, elle entend bien défier une paroi plus abrupte.

Comme des funambules
Préférant l’escalade au rappel, un garçon de onze ans étudie le rocher qu’il envisage d’escalader. Lui aussi est encadré par deux moniteurs et assuré à l’aide d’une corde et d’un baudrier. Un premier essai permet au moniteur d’expliquer à l’enfant la technique d’escalade mais aussi celle de la descente, proche de celle du rappel. Aussitôt prêt, le garçon commence son ascension. La paroi est abrupte, mais çà et là, quelques trous ou rebords lui permettent de prendre appui pour aller plus haut. Parfois il doit juste compter sur ses mains et se hisser pour continuer à évoluer. Au bout de quelques minutes, l’enfant a atteint le sommet, une dizaine de mètres plus haut et d’un regard, il mesure le parcours accompli. Hors d’haleine mais satisfait, il reprend son souffle avant de se préparer à redescendre la paroi en rappel. Il a vite eu raison du premier niveau d’escalade. Mais il devra en savoir encore plus avant de s’attaquer au second niveau : sécurité oblige.
Plus loin, il s’agit de traverser des ponts surélevés entre les arbres, à plusieurs mètres au-dessus du sol, reliés les uns aux autres par des poteaux. Chaque pont réserve aux jeunes équilibristes des surprises variées. Là, il faut marcher sur des traverses en bois. Au cours d’une autre étape, c’est un tronc étroit qu’il s’agit de franchir, à la manière des funambules. Quant à l’étape la plus difficile, elle est composée de balançoires mobiles sur lesquelles il faut avancer, sans toutefois perdre l’équilibre : pas vraiment évident ! Un parcours de huit étapes, où les enfants et les adultes, fermement attachés et encadrés par des moniteurs, apprennent à mesurer leur équilibre mais aussi à dépasser leur peur. Certes, au fil des étapes et des difficultés, le courage viendrait à manquer aux alpinistes en herbe et leurs jambes pourraient flageoler. Mais dans ces sports extrêmes, rien n’est laissé au hasard, la sécurité prime. En un rien de temps, les moniteurs viennent à la rescousse des moins téméraires ou de ceux qu’une crampe immobilise.
Certains préféreront la spéléologie, pratiquée dans la grotte de Roueiss, d’autres s’essaieront au tir à l’arc ou au vélo tout-terrain à travers les sentiers escarpés, alors que les adeptes de la marche découvriront la beauté naturelle de la région sur les circuits de randonnées.
L’ensemble des activités se fait dans la détente et la bonne humeur. On s’encourage mutuellement, on se taquine. On se défie même parfois. Au terme d’une journée rapidement écoulée et des nombreuses épreuves proposées par « La réserve », chacun y trouve la satisfaction et la joie d’avoir accompli un exploit et de s’être dépassé. On rêve même d’y retourner pour s’essayer à de nouvelles activités.

Une région aux mille
ressources
C’est progressivement que l’idée de ce projet a germé dans l’esprit de son concepteur, Paul Ariss, également président du syndicat des restaurateurs. « À la base, raconte-t-il, j’avais loué le terrain et baptisé « La réserve » en 1995 pour permettre aux amateurs de chasser un gibier d’élevage, vu l’interdiction liée à cette pratique. Mais j’ai décidé d’en changer le concept dès 1997, suite à la crise économique et l’indiscipline du chasseur libanais qui tirait non seulement sur le gibier lâché, mais sur tout ce qui bougeait. Après avoir exploré la région et étudié ses ressources, j’ai pensé développer le créneau des sports de montagne et le rendre accessible à tous, familles, groupes de jeunes, écoles et même entreprises ; d’autant plus que les lieux regorgent de grottes, de falaises et de sentiers ».
Le concept trouvé, il restait encore à recruter et former des moniteurs sérieux, capables d’encadrer les vacanciers. Désormais, les moniteurs de « La réserve », diplômés de l’École française d’escalade, à la fois secouristes, suivent régulièrement des stages de formation assurés par des experts français du syndicat des guides de haute montagne, stages qui sont d’ailleurs ouverts à tous les amateurs. « Certes, nous avons fait les choses progressivement, mais il était impératif de démarrer avec sérieux et professionnalisme, observe M. Ariss, d’autant plus que nous insistons sur la qualité de nos services et sur la sécurité des gens ». « Parallèlement, poursuit-il, nous avons aménagé le camping, un terrain qui comprend une quarantaine de tentes de quatre lits chacune, et qui est équipé de douches et d’eau chaude courante à l’énergie solaire. »
Dès les prémices de l’été, « La réserve » ne désemplit pas durant le week-end, alors qu’en semaine, elle accueille des groupes d’adultes ou d’enfants. Certains établissements scolaires y emmènent leurs élèves en classes vertes, mêlant ainsi l’utile à l’agréable. Au programme, découverte de la région, apprentissage de la vie dans la nature, divers sports de montagne, cours d’orientation et même d’astronomie. Quant aux entreprises qui cherchent à créer des liens de communication entre leurs employés, elles y organisent des sessions vertes pour développer l’esprit de groupe où sports et jeux d’équipe ou de leadership sont privilégiés. « Nous développons des programmes taillés sur mesure à l’intention de ces groupes, en fonction de l’âge et des objectifs visés », explique Paul Ariss.
Par ailleurs, durant les grandes vacances d’été, notamment en juillet et en août, « La réserve » se transforme en une vaste colonie de vacances pour enfants de 6 à 14 ans. Encadrés par des moniteurs diplômés, français et libanais, les enfants dorment sous la tente, l’espace d’une douzaine de jours, et se ressourcent dans cet espace sain, tout en se familiarisant avec la nature et ses mystères. Ils goûtent ainsi aux joies des sports et jeux de montagne ainsi qu’à d’autres activités, comme la sculpture, la peinture, le dessin. « De même, poursuit M. Ariss, nous organisons, à l’intention des jeunes de 6 à 16 ans, des colonies de vacances de basket-ball en partenariat avec Promosport.» Entraînés 5 heures par jour par des professionnels étrangers et libanais, dont Martin Zeller, entraîneur vedette de la NBA, les basketteurs en herbe ont aussi l’occasion de participer aux autres activités des lieux.
Protéger cette région encore vierge et respecter l’environnement sont les deux impératifs du concepteur de « La réserve ». Certes, le projet de construction d’un hôtel d’une quarantaine de chambres germe déjà dans son esprit, mais cet hôtel s’harmoniserait avec l’environnement et contribuerait au développement durable d’une région qui cherche à écouler ses produits et à faire travailler ses hommes.
Renseignements techniques

Il est préférable de réserver ses places une dizaine de jours à l’avance avant de monter passer une journée à «La réserve». Le coût moyen de chaque activité est de 8 dollars, sa durée approximative est de deux heures. Quant aux écoles et aux sociétés, elles bénéficient de prix de groupe: à titre d’exemple, dans le cadre d’un groupe, la journée d’un enfant, incluant le petit déjeuner, le déjeuner, ainsi que trois activités et l’assurance, revient à 25000 LL. Les inscriptions pour les colonies de vacances sont déjà ouvertes. De plus amples renseignements sont disponibles sur le website de «La réserve»: www.laréserve.com.lb ou au 03/727484.
La grotte d’Afqa: une beauté
à couper le souffle
À quelques minutes de «La réserve», à 71 km de Beyrouth, la grotte d’Afqa, lieu de promenade des habitants de la région, se dresse, majestueuse. De son ouverture béante jaillit un impressionnant torrent, celui du fleuve d’Adonis, mieux connu sous le nom de Nahr Ibrahim. Poursuivant sa course folle à travers les villages de Kartaba, Mzarib, Jahne, Frat et Yahchouche, il se déverse finalement dans la mer, à 7 km au sud de Byblos. L’arrêt est un must. Et pour cause, la grotte est un site préservé et classé sur la liste du ministère du Tourisme. Elle a d’ailleurs été décrite par l’écrivain français Renan comme étant l’un des sites les plus beaux du monde. Afqa, source du fleuve d’Adonis, tient son nom du syriaque et de l’araméen. Elle veut tout simplement dire « sortie d’où l’eau se déverse ».
La légende d’Adonis, liée au fleuve
La version phénicienne du mythe est relatée par le poète Panyasis au Ve siècle avant J-C. Adonis est le fruit de l’union de Myrrha et de son père Théias, roi de Syrie. Réalisant qu’il a conçu l’enfant avec sa propre fille, Théias décide de la tuer. Pour protéger Myrrha des fureurs de son père, les dieux la transforment en arbre à myrrhe. C’est de l’écorce de cet arbre que naît Adonis. Recueilli par Aphrodite, déesse de l’amour, Adonis est confié à Perséphone, la déesse de l’enfer, qui le cache dans un coffre. L’enfant est d’une telle beauté que Perséphone refuse de le rendre à Aphrodite. De plus, il émane de lui un irrésistible parfum tiré de la myrrhe qui suscite le désir. Zeus décide alors de confier l’enfant tour à tour et durant 4 mois à Perséphone, à Aphrodite et à celle qu’Adonis choisira.
Or Adonis choisit comme compagne Aphrodite, qui s’éprend de lui. Elle le suit partout, même à la chasse, sport favori d’Adonis. Mais ce dernier est blessé par un sanglier et meurt au bord du fleuve, à 7 km de Byblos. Sur les pentes des montagnes, les larmes d’Aphrodite ont fait pousser une qualité de roses, et le sang d’Adonis a fait pousser des anémones.
Depuis, chaque année au printemps, les eaux du fleuve d’Adonis se teintent de rouge, en souvenir du sang versé. Mais il existe une explication plus rationnelle à ce phénomène : la montagne libanaise est constituée de terre rouge; les vents soufflant à cette saison font tomber une grande quantité de cette terre dans le fleuve, lui donnant ainsi sa couleur rouge...

Anne-Marie EL-HAGE
Quelque part entre ciel et terre, dans le tranquille village de Mnaytra, situé à 5 minutes de la grotte d’Afqa et de son impressionnant torrent d’eau, « La réserve » a élu domicile. Ses trois millions de mètres carrés de nature, qui culminent à 2000 mètres d’altitude, ses espaces verts, ses arbres aux mille couleurs, ses rochers aux parois escarpées, ses sentiers qui...