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Hariri opte manifestement pour la résistance passive

En attendant que passe l’orage d’été, Hariri compte les coups et fait le dos rond. Il évite soigneusement tout champ de bataille, toute controverse, toute polémique. En s’abritant derrière l’argument qui veut que le sens de la responsabilité bien comprise doit commander à tout dirigeant de ne se préoccuper que des dangers potentiels d’ordre régional. Et des problèmes économiques ou financiers du pays. Le maître de Koraytem refuse donc de se battre contre ses détracteurs. Mieux encore, il s’empresse de démentir catégoriquement les propos qui lui ont été attribués au sujet du traitement du cas Joumblatt. On a fait en effet dire au Premier ministre, selon ces bruits qu’il fustige comme mensongers, qu’on « sait bien comment faire quand Joumblatt est mécontent : il suffit de lui donner de l’argent pour sa Caisse des déplacés ». Hariri s’étrangle d’indignation en entendant que certaines bonnes âmes ont rapporté de telles prétendues aménités au leader de la Montagne. Il pense, logiquement, que l’objectif de ces calomnies est de maintenir la tension relationnelle, pour ne pas dire le conflit, entre lui et son ex-allié. Cela, pour torpiller les démarches de conciliation auxquelles contribuent, notamment, les ministres Marwan Hamadé et Ghazi Aridi. Pour faire bonne mesure, et pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, Hariri s’abstient de commenter les critiques de Joumblatt, ou ses menaces de retirer ses ministres du gouvernement. Les haririens du premier cercle indiquent que cette réserve ne signifie pas que le Premier ministre traite par le mépris les observations du leader progressiste. Au contraire, précisent-ils, le président du Conseil a toujours cherché à résoudre les problèmes que Joumblatt soulève. Mais il n’y est pas parvenu parce que la décision ne relève pas de sa seule compétence. Une façon de laisser entendre que c’est à cause d’autres pôles que Joumblatt n’a pas obtenu satisfaction. Cela dans le cadre des justifications plus générales, selon lesquelles la responsabilité est commune, car c’est ce qui avait été exigé par d’autres dès le départ. Dans l’intention de priver Hariri de toute chasse gardée, de tout domaine réservé, fut-ce en économie-finances. C’est ce plaidoyer qui a été mis en avant pour expliquer que la non-exécution des engagements pris lors de Paris II ne peut être imputée au seul gouvernement. Pour en revenir aux relations avec Joumblatt, malgré la crise présente, Hamadé et Aridi poursuivent leurs efforts d’apaisement sinon de rapprochement entre les deux hommes. En gros, il est proposé de mettre sur la table tout le contentieux, et d’en discuter franchement, mais calmement. Pour aboutir à des solutions en Conseil des ministres, ou au cours des séances de travail ciblées que le Premier ministre compte organiser avec les ministres concernés. Il s’agit surtout des dossiers qui ont récemment affleuré à la surface après avoir été longtemps négligés, comme les carrières ou les dépotoirs. Des sujets politisés, par la force des choses et des pratiques locales. Mais qui nécessitent des traitements essentiellement techniques, objectifs, prenant en compte les besoins comme les possibilités du pays. En réduisant au minimum l’impact des intérêts particuliers. Ce qui représente un drôle de tour de force, dans un système fondé sur la « mouhassassa » (le partage du gâteau). Il faut cependant, comme le réclament nombre de politiciens, que la loi soit appliquée, et qu’elle le soit d’une manière égale pour tous. Il reste à savoir, toutefois, de quelle loi il peut s’agir, puisque le Parlement demande la révision du plan directeur établi par le gouvernement pour les carrières.
Des uns ou des autres, du moment que les législatives sont en perspective et commencent à influer sur nombre de positions internes.
Philippe ABI-AKL
En attendant que passe l’orage d’été, Hariri compte les coups et fait le dos rond. Il évite soigneusement tout champ de bataille, toute controverse, toute polémique. En s’abritant derrière l’argument qui veut que le sens de la responsabilité bien comprise doit commander à tout dirigeant de ne se préoccuper que des dangers potentiels d’ordre régional. Et des...