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Beyrouth-Damas - Le Liban, éternelle victime des rapports syro-US ? Powell souhaite un retrait militaire syrien « approuvé par toutes les parties »

Le dernier redéploiement des forces syriennes de certaines régions du Liban a suscité une fois de plus un grand nombre de réactions locales et internationales. La dernière en date était celle du secrétaire d’État américain, Colin Powell, qui, interrogé samedi par Radio-Monte-Carlo, s’est dit satisfait de l’opération de repli. Il a en outre souhaité que « l’armée syrienne rentre un jour chez elle avec l’approbation de toutes les parties ». Affirmant que la Syrie « occupe » le Liban, le responsable US a indiqué d’autre part que Washington avait présenté à Damas une liste d’exigences, dont l’arrêt du soutien armée au Hezbollah.
La question essentielle est de savoir en fait ce que les États-Unis et la Syrie attendent l’un de l’autre. En effet, le sort du Liban dépend beaucoup de l’évolution des relations syro-américaines, et pour le professeur Philip Salem, il ne fait aucun doute que le retrait des forces syriennes du Liban est lié aux « tiraillements entre Washington et Damas, qui cherche à s’adapter à la nouvelle situation régionale ».
Notre chroniqueur politique, Émile Khoury, estime pour sa part que les contacts bilatéraux en cours n’aboutiront pas nécessairement à un accord, car la Syrie n’est pas en mesure de donner satisfaction à toutes les demandes de l’Administration US. Un ancien ministre très versé dans les relations libano-syriennes et syro-américaines constate pour sa part que le Liban paye systématiquement le prix d’une entente ou d’une mésentente entre Washington et Damas. De fait, en cas d’accord, les États-Unis ne trouveraient aucun inconvénient à ce que la Syrie continue d’exercer sa domination sur le Liban, quitte à y maintenir ou non une présence militaire. Pour l’Administration US, l’influence politique de Damas sur Beyrouth serait également acquise en cas de relations harmonieuses.
Si, en revanche et pour une raison ou pour une autre, les relations syro-américaines devenaient conflictuelles, elles ne manqueraient pas de se répercuter sur la scène libanaise. De fait, c’est la sécurité et la stabilité du pays qui risqueraient alors d’en subir le contrecoup, et, loin de rassurer l’opinion publique, le retrait des forces syriennes constituerait au contraire un facteur d’inquiétude. En effet, la scène politique locale serait vouée à connaître de nouvelles tensions confessionnelles susceptibles de menacer la paix civile. Le même ministre, cité par notre chroniqueur politique, rappelle que le Liban a déjà payé à Taëf le prix du retour à la stabilité en sacrifiant une part importante de sa souveraineté, de son indépendance et de sa liberté de décision. À l’époque, il lui fallait privilégier la sécurité au détriment de la souveraineté, sachant qu’en l’absence de sécurité, la souveraineté n’a plus aucun sens. En réalité, Washington et Damas sont tous les deux très forts en realpolitik, et un accord entre les deux parties est tout à fait envisageable. Par conséquent, si l’accord en question prévoit notamment que la Syrie puisse agir comme elle l’entend au Liban, les États-Unis ne vont pas se montrer plus royalistes que le roi, et s’acharner à réclamer l’indépendance du Liban alors que nombre de leaders libanais ne s’opposent nullement à une présence militaire syrienne dans le pays. D’où, et toujours selon cet ancien ministre, quels que soient les résultats des contacts entre Syriens et Américains, les Libanais doivent adopter une position unie à l’égard des relations avec Damas. Le retrait des forces syriennes doit donc être nécessairement le fruit d’un accord entre Beyrouth et Damas. Les dirigeants syriens sont toutefois responsables – du moins en partie – de la crise qui sévit au Liban, dans la mesure où les divers dirigeants qui se sont succédé au pouvoir sont en majorité incompétents, et ce en raison des ingérences de Damas sur la scène politique locale. Ces interventions auraient pu être bénéfiques pour le Liban si la Syrie avait à cœur d’imposer des personnes compétentes. L’ancien ministre rappelle ainsi qu’à l’époque du mandat français, Paris avait choisi les personnalités les mieux qualifiées à la tête des différents pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Il cite ainsi des personnalités prestigieuses comme Charles Debbas, Habib Bacha el-Saad, Ayoub Tabet, Alfred Naccache et Petro Trad.
Il est donc essentiel que Damas mette fin à ses ingérences dans les affaires internes du Liban en favorisant notamment certaines parties au détriment d’autres. C’est ainsi – et seulement ainsi – qu’elle parviendra à entretenir des liens d’amitié avec tous les Libanais sans exception. De fait, un opposant notoire comme Samir Frangié, par exemple, n’a rien contre le maintien d’une présence militaire syrienne dans la Békaa tant que le conflit avec Israël n’a pas encore pris fin. Il dénonce toutefois la propension de Damas à se mêler en permanence de toutes les affaires qui devraient concerner les seuls Libanais.
Le dernier redéploiement des forces syriennes de certaines régions du Liban a suscité une fois de plus un grand nombre de réactions locales et internationales. La dernière en date était celle du secrétaire d’État américain, Colin Powell, qui, interrogé samedi par Radio-Monte-Carlo, s’est dit satisfait de l’opération de repli. Il a en outre souhaité que « l’armée...