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La Technoparade des ors durs


Revoir un ami de jeunesse perdu de vue depuis des siècles, c’est une joie. C’est aussi une occasion pour comparer deux époques. Notre bon vieux temps baba cool. Et l’actuel, si hot. Dog.
Donc, j’ai appelé Melhem, il m’a rappelé et nous nous sommes rappelés ensemble :
– Jadis, chez nous à Zahlé, les trafiquants de haschisch comptaient parmi les plus riches habitants de la ville. Ils n’étaient cependant jamais reçus dans la bonne société. Ils n’avaient pas accès à la terrasse sélecte de l’hôtel Kadri. Ils étaient à peine tolérés au Lido, le café démocratique de la place où tout le monde, du directeur de banque jusqu’au camelot crieur de journaux, allait jouer au trictrac, au billard ou au whist. Les margoulins fortunés avaient beau faire des dons aux églises, ils n’y avaient jamais leurs stalles aux côtés des notables.
– Aujourd’hui, sous le soleil de Satan, là-haut comme ici, la canaille tient le haut du pavé. Pour peu qu’elle soit friquée. Tous les salons lui sont ouverts, nombre de filles à marier de bonne famille lui sont proposées à l’encan, et on ne compte plus les échines respectables qui s’inclinent en cliquetant devant elle.
– Dans la grande et belle famille d’al-Madina, je prends Taha Koleilat. À l’entrée de beaucoup d’établissements de loisirs, son portrait géant, avec la légende « al Zaïm ». Exactement comme Saddam naguère. L’a-t-on décroché ? Cet homme d’affaires avait pour sa part décroché plus d’un gros lot. Un parc automobile personnel de 380 voitures (!), dit-on. Toutes dotées de plaques minéralogiques à trois chiffres. Rien que pour ce gadget de frime, il faut ordinairement prévoir, calculette en main, 5,7 millions de dollars, à 15 000 dollars minimum la plaque. Une bagatelle devant les 30 yachts que des professionnels bien renseignés attribuent à la bande. Des fournitures de luxe motorisées, autorisées par les protections dites politiques.
– Et l’on se demande, vertigineux raccourci, que devient la procédure qui oppose, au sujet des fantaisies comptables du service mécanique, certains symboles loyalistes. Tout comme on se demande que deviennent les 453 employés de la MTV. Qui pour leur part, forcément modeste, se retrouvent à la rue, victimes du même syndrome, prétendument politique, qui a couronné rois quelques parasites aventuriers exhibitionnistes. Cependant, les parrains dorment tranquilles : ils ont eux-mêmes des couches-bébés solides, pour les protéger des fuites nocturnes. Ils savent si bien se défendre que plus rien ne leur est défendu. Et si je mens, que je sois pendu.
Jean ISSA
Revoir un ami de jeunesse perdu de vue depuis des siècles, c’est une joie. C’est aussi une occasion pour comparer deux époques. Notre bon vieux temps baba cool. Et l’actuel, si hot. Dog.Donc, j’ai appelé Melhem, il m’a rappelé et nous nous sommes rappelés ensemble :– Jadis, chez nous à Zahlé, les trafiquants de haschisch comptaient parmi les plus riches habitants de...