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Électricité - La majoration de l’abonnement sera discutée en Conseil des ministres La CGTL menace de recourir à l’escalade

L’Électricité du Liban et le ministère de l’Énergie et de l’Eau se sont employés hier à justifier la décision de l’EDL de tripler le tarif de l’abonnement mensuel au compteur électrique, mais sans parvenir à convaincre les nombreux secteurs, formations et personnes opposés à cette mesure. Et pour cause: les détracteurs de ce projet estiment que l’EDL ferait mieux de collecter les fonds dont il a besoin des abonnés et des administrations qui lui doivent des sommes colossales plutôt que d’accabler davantage ceux qui s’acquittent du montant de leurs factures. Farouchement hostile à cette mesure, la CGTL a brandi hier la menace d’une escalade.
Selon le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Ayoub Hmayed, le relèvement de l’abonnement mensuel au compteur électrique est provisoire. Il se justifie par la hausse du prix du fuel sur le marché international et par l’exacerbation du déficit mensuel de l’EDL, estimé à 25 milliards de livres, du fait de cette croissance.
Pour réagir à ces explications, il suffit de reprendre les propos de M. Akram Chéhayeb, député de Aley. « Nous invitons l’EDL et le Conseil des ministres à renoncer sans tarder à cette décision et à collecter le montant des factures impayées des régions qui ne les règlent pas et des administrations qui doivent à l’EDL 60 milliards de livres pour 2002 et plus de 200 milliards pour les années précédentes, sans compter les frais (impayés) de l’éclairage public qui s’élèvent à 12 milliards de livres », a déclaré M. Chéhayeb, au cours d’une conférence de presse.
Le parlementaire a aussi rappelé la liste des noms de personnalités publiques « qui doivent à l’EDL des centaines de millions de livres » et qui avait été publiée il y a quelques années. « Si l’EDL a besoin d’argent, qu’elle le prenne de ceux qui pillent le courant, mais nous n’accepterons pas que ces gens soient laissés en paix et qu’on s’acharne sur les pauvres qui ne bénéficient d’aucune protection. »
Ce point de vue a été également exprimé par les Kataëb, quoique de manière plus nuancée. Son chef, M. Karim Pakradouni, ministre d’État pour le Développement administratif, a estimé, au cours d’une réunion conjointe du bureau politique et du conseil central phalangistes, que « le règlement du problème de l’électricité ne passe pas par une augmentation des taxes » et que « les responsables de ce secteur ne peuvent pas faire assumer à la population et aux secteurs productifs le poids d’une affaire qu’il ne sont pas en mesure de résoudre ». M. Pakradouni, qui doit répercuter ce point de vue, jeudi en Conseil des ministres, a plaidé pour l’installation du « poste de télécommande qui permettra de détecter le pillage et le gaspillage du courant ».
Le Hezbollah s’est aussi dit fermement opposé à une majoration du prix de l’abonnement mensuel au compteur électrique. Mais la réaction la plus virulente reste celle de l’Association des commerçants et du syndicat des imprimeurs, dont les présidents Naji Assi et Adi Sader ont mis l’accent sur l’impact négatif de la décision de l’EDL et stigmatisé de manière générale, la politique du gouvernement, qualifiée de « destructrice » par M. Sader, tandis que M. Assi jugeait qu’elle vise à « étouffer les secteurs productifs ».
Dans le même temps, le ministre de l’Énergie et de l’Eau multipliait les réunions pour tenter d’expliquer les motifs d’une majoration qui reste injustifiable. Il devait les exposer aux membres de la commission parlementaire des Travaux publics, des Transports et de l’Énergie et de l’Eau et en discuter, au cours de deux réunions tenues, en présence du PDG de l’EDL, Kamal Hayek, avec les dirigeants de l’Association des industriels et le directoire de la CGTL.

Une majoration
pour importer le fuel
S’il a promis de soumettre l’affaire au Conseil des ministres, M. Hmayed n’en a pas moins laissé entendre que le relèvement du tarif de l’abonnement mensuel au compteur électrique est indispensable pour permettre à l’EDL d’importer du fuel. Selon lui, cette décision est « provisoire et vise à faire face à la hausse des prix du fuel sur le marché international et à assurer une continuité au niveau de la distribution du courant».
Face au tollé qu’elle a suscité, il a préféré lancer la balle dans le camp du Conseil des ministres, qui doit, « soit l’adopter afin d’assurer un certain équilibre financier à l’EDL, soit assumer la responsabilité de trouver des substituts qui permettront à cet organisme de rassembler les fonds nécessaires à l’importation du fuel et du gasoil, surtout que 70 % du montant de la facture de l’électricité couvre les prix de ces carburants ». M. Hmayed a reproché aux détracteurs du projet de ne tabler que sur son volet négatif et d’« escamoter son aspect positif qui se résume par une réduction de 50 % des différentes tranches de la facture », affirmant qu’en moyenne, la hausse prévue fera augmenter de 5 000 à 6 000 livres libanaises seulement la facture de l’électricité de plus de 61 % des Libanais. Selon lui, cette majoration n’affectera que les abonnés ayant un fort ampérage.
M. Hmayed a répondu laconiquement aux journalistes qui l’interrogeaient sur le point de savoir pourquoi l’EDL n’entreprend pas d’améliorer la perception des montants des factures, qui présente d’énormes lacunes. Selon ses explications, la perception s’est améliorée de 40 % au cours des six premiers mois de l’année, « mais les recettes qu’elle a assurées se sont érodées vu la hausse des prix du pétrole, et le déficit (de l’EDL) se situe chaque mois autour de 25 milliards de livres ».
Et si le courant est toujours rationné, c’est à cause du prix du fuel, a-t-il encore dit, en faisant remarquer que l’Association des industriels et la CGTL se sont toutes les deux montrées compréhensives.
Mais si le président de l’association, Fadi Abboud, a effectivement fait état de nouvelles idées qui vont être discutées et qui auront un impact positif aussi bien pour les industriels que pour l’EDL, la CGTL a fait preuve de plus d’intransigeance, brandissant la menace d’un recours à l’escalade. Le président de la centrale syndicale, Ghassan Ghosn, a dit comprendre les motivations de l’EDL, tout en précisant qu’il n’incombe pas à la population d’en assumer le poids, « dans la mesure où elle ploie sous le poids des taxes et des impôts alors que la situation socio-économique ne cesse de se détériorer ».
Selon lui, « c’est l’État, et non pas la population, qui doit supporter le poids du déficit de l’EDL, surtout que les salaires, gelés depuis 1996, sont bas et rongés par les taxes ».
Plus tard, le bureau de la CGTL, qui a tenu une réunion extraordinaire sous la présidence de M. Ghosn, a décidé de convoquer le conseil exécutif de la centrale syndicale à une réunion qui se tiendra aujourd’hui dans la matinée afin de rejeter le relèvement du prix de l’abonnement au compteur électrique et de lui soumettre une recommandation appelant à la grève et aux manifestations au cas où le Conseil des ministres ne reviendrait pas sur cette décision.
Cité par le président de l’Ordre des journalistes, Melhem Karam, le chef du Parlement, Nabih Berry, a également exprimé son opposition à une majoration du tarif de l’abonnement à l’EDL et « à tout ce qui accable les couches les moins nanties de la population », affirmant que le mouvement Amal n’a rien à voir dans cette décision « qui a surpris le ministre » de l’Énergie, membre de ce mouvement.
L’Électricité du Liban et le ministère de l’Énergie et de l’Eau se sont employés hier à justifier la décision de l’EDL de tripler le tarif de l’abonnement mensuel au compteur électrique, mais sans parvenir à convaincre les nombreux secteurs, formations et personnes opposés à cette mesure. Et pour cause: les détracteurs de ce projet estiment que l’EDL ferait...