Rechercher
Rechercher

Actualités

TRIBUNE Les industriels du Liban antique : pourpre, médecine et cosmétique


Dans l’Antiquité, seuls les rois avaient le privilège d’apparaître vêtus de pourpre. Rare et coûteuse, cette couleur marquait le rang impérial de celui qui la portait.
Des expressions telles que « la folle convoitise de la pourpre » et «être né dans la pourpre » ont survécu jusqu’à nos jours. Le murex, coquillage marin, producteur de cette couleur si convoitée, abondait sur la côte libanaise.
Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, décrit le procédé d’extraction de la pourpre. La valeur de cette dernière était comparable à celle des perles, autres objets de luxe, et même de l’or.
Une fois la pourpre extraite de la glande hypobranchiale du murex (une goutte blanche qui virait à la pourpre en présence de l’air et de la lumière du jour), les restes de ces coquillages broyés étaient affectés à d’autres images. Ainsi l’industriel libanais, il y a 2 000 ans, ne négligeait aucun moyen de faire fructifier son « investissement ».
Pline l’Ancien relate que les Phéniciens ont pu manufacturer des produits annexes, utilisés à des fins médicales et cosmétiques. Il écrit que la pourpre, mêlée aux coquilles broyées du murex réduites en cendres et mélangées au miel, produisait un remède populaire à son époque : « Les cendres caustiques du murex sont bonnes pour les plaies lépreuses, les taches de rousseur et les boutons, écrit-il à ce propos. Le murex réduit à l’état de cendres est bénéfique pour le traitement des abcès purulents. En outre, les coquilles de murex réduites en cendres débarrassent le visage des femmes de leurs boutons, éliminent les rides et tendent la peau, si le mélange est appliqué avec du miel pendant sept jours ; mais le huitième jour, il faut créer une fermentation avec du blanc d’œuf.»
Pline note encore que « la laine par elle-même, ou teinte alors avec la pourpre, soulage les maux d’oreilles. Contre les maux des dents, il conseille la cendre de murex qui constitue un dentifrice ». Aux mères nourricières, il explique que les seins sont efficacement soignés à l’aide de cendres de coquilles de murex, mêlées au miel. Il ajoute : « La chair du murex, lorsqu’elle est appliquée sur les seins, enlève les poils qui y poussent. »
Le murex réduit en cendres, ou mieux encore incinéré entier avec la chair du mollusque, était utilisé enfin pour soigner les pustules et les lésions résultant des maladies vénériennes. Se référant aux furoncles, Pline recommande la cendre du murex mélangée à de l’huile, ce qui réduit l’enflure.
Évidence d’un premier effort de « recyclage » au Liban.

Nina JIDÉJIAN
Dans l’Antiquité, seuls les rois avaient le privilège d’apparaître vêtus de pourpre. Rare et coûteuse, cette couleur marquait le rang impérial de celui qui la portait.Des expressions telles que « la folle convoitise de la pourpre » et «être né dans la pourpre » ont survécu jusqu’à nos jours. Le murex, coquillage marin, producteur de cette couleur si convoitée, abondait sur la...