Ces personnalités expliquent ensuite le maintien de l’équipe actuelle par les raisons suivantes :
– Un changement ne se justifierait, au fond, que si l’on pouvait mettre en place un gouvernement d’entente nationale effective. Or c’est pratiquement impossible, dans les conditions présentes. On ne peut, en effet, imaginer une levée du veto qui frappe les Forces libanaises interdites ou le courant aouniste. Et leur absence ôterait ipso facto au gouvernement tout caractère d’entente. De même pour Kornet Chehwane, dans ce sens que certains de ses piliers sont toujours considérés comme personae non gratae, alors que d’autres sont facilement ministrables.
– Il est évidemment inutile de rééditer la récente expérience consistant à se contenter de remplacer certaines figures par d’autres. D’autant que cette fois, on ne pourrait même pas modifier la majorité, comme la fois passée. Si la nouvelle formation n’a aucun programme différent à proposer et doit se comporter comme les précédentes, elle ne servirait à rien.
– Enfin, et surtout, il est vain de vouloir larguer Hariri, sous prétexte que la cohabitation est impossible avec lui, car la Syrie ne l’admet pas. Elle considère en effet qu’il est toujours indispensable, tant sur le plan économique que sur le plan politique. Surtout dans la délicate situation régionale actuelle, qui interdit les secousses politiques intérieures. En d’autres termes, on peut peut-être changer le gouvernement, mais sûrement pas son chef. La Syrie conseille donc aux dirigeants libanais de s’entendre et, en cas de litige, de recourir à l’arbitrage des textes constitutionnels.
Reste la grande question de la présidentielle. Beaucoup de professionnels pensent que le maintien de Hariri peut signifier qu’il n’y aurait pas d’amendement de l’article 49 de la Constitution. C’est-à-dire que l’on ne toucherait pas à la durée du mandat présidentiel, tout comme on ne touche ni à celle du président de la Chambre ni à celle des conseils municipaux ou du Conseil constitutionnel. Les puristes sont d’ailleurs d’avis que la préservation des textes établis renforce la République, l’État de droit et la démocratie. Pour favoriser un système des institutions plutôt que des personnes.
Mais certains observateurs se demandent si ces spéculations, ou ces déductions, ne vont pas trop loin. Pour eux, Hariri peut se montrer content au-dehors, sans l’être vraiment en son for intérieur. Autrement dit, il n’est pas exclu, à leur avis, que son maintien n’ait aucun rapport avec la présidentielle. Et ne signifie aucunement que le bail de Baabda ne va pas être prorogé. Car tout dépendrait des circonstances, régionales et locales, qui prévaudront au moment de l’échéance.
Émile KHOURY
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