L’initiative de l’ancien secrétaire général du PCL, Georges Haoui, visant à préparer la tenue d’un congrès d’union nationale sous le parrainage du président de la République, regroupant le pouvoir, l’opposition, les cercles économiques et les associations de la société civile, est bien représentative de cet état d’esprit. Dans le même cadre, la Rencontre libanaise pour le dialogue, qui regroupe des opposants comme Samir Frangié, Saoud el-Maoula et des membres du Renouveau démocratique, mais aussi le Hezbollah, Amal, la Jamaa islamiyya, entre autres, s’est réunie hier pour discuter d’un agenda politique et économique à l’échelle nationale.
Autre illustration de cette effervescence soudaine : la rencontre bien plus significative qui s’est produite jeudi entre le leader du PSP Walid Joumblatt, les membres du Rassemblement de Kornet Chehwane (KC) Nassib Lahoud et Samir Frangié, du Forum démocratique (FD) Habib Sadek, Nadim Abdel Samad, Hikmat Eid et Élias Atallah et du Renouveau démocratique (RD) Assem Salam, Misbah el-Ahdab et Antoine Haddad. Une rencontre importante puisqu’il s’agissait de la première du genre depuis bien longtemps entre M. Joumblatt et des membres de KC, tels que Samir Frangié par exemple, autrefois très proche politiquement du seigneur de Moukhtara.
Selon des sources bien informées, la réunion a été l’occasion « d’opérer une reprise de contact entre Walid Joumblatt et l’opposition, pour discuter de la crise importante dans laquelle se débat le Liban, et qui est ressentie partout de la même manière, d’autant que les changements paraissent imminents ». Un comité de suivi de trois membres, regroupant Élias Atallah pour le FD, Waël Bou Faour pour le PSP et Antoine Haddad du RD, a été formé à l’issue de la rencontre. Ce qui confirme la volonté de M. Joumblatt, qui était, avant le 11 septembre 2001, le parrain du rapprochement entre les différents courants opposants, de reprendre langue avec l’opposition. « Sans plus, pour l’instant », soulignent ces mêmes sources, en indiquant que l’échéance électorale de 2005 n’a rien à voir avec cette rencontre.
Dans les cercles de l’opposition aussi, les contacts vont bon train pour tenter d’élaborer un programme commun pour la formation d’une dynamique d’opposition démocratique et nationale, c’est-à-dire transcommunautaire, en vue des changements annoncés. Tous les blocs politiques opposants formés ces dernières années y œuvrent, en essayant cependant de ratisser plus large. Ainsi, l’ancien président de la Chambre, Hussein Husseini, sans adhérer à l’une des dynamiques de l’opposition, œuvre pour sa part à la formation d’un bloc d’opposition parlementaire, dans la même optique. Sans toutefois modifier suffisamment ses prises de position concernant les relations libano-syriennes ou le rôle du chef de l’État dans l’équilibre des forces pour parvenir à rejoindre l’axe KC-RD-FD. Ces trois forces politiques avaient déjà affiché clairement, dans le cadre du séminaire de Fatqa, leur ambition de voir émerger une opposition nationale plurielle, pour assurer une alternance du pouvoir et la relève politique. Les résolutions de ce séminaire, qui avait réuni le 5 juillet dernier une pléthore de personnalités de l’opposition, seront rendues publiques au cours d’une conférence de presse, la semaine prochaine. Il reste que, de l’avis de certains opposants, le dialogue est un très beau principe, difficilement rejetable par les uns et les autres. Mais le problème se situe en réalité ailleurs, c’est-à-dire au niveau des concepts. Sur lesquels, finalement, bien peu, des loyalistes aux opposants, sont d’accord.
Michel HAJJI GEORGIOU
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