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Pronostics variés sur les perspectives socio-économiques

Certains spécialistes se veulent optimistes : la stabilité financière et économique resterait assurée, à leur avis, jusqu’à l’échéance de la présidentielle. Sauf, bien entendu, s’il se produit un événement grave, politique ou sécuritaire.
Mais, selon l’adage, quand Galien dit oui, Hippocrate dit non. Aussi d’autres experts du cru se montrent pour leur part franchement pessimistes. Pour eux, tout indique que l’on est en train de régresser de jour en jour. Et qu’à la fin de l’année en cours, le pays risque de se retrouver dans la situation fâcheuse qui prévalait avant la conférence de Paris II. Il faudra alors, prédisent-ils, placer la population devant le choix suivant : supporter les effets d’une inflation qui deviendrait obligatoire ; ou accepter de se serrer encore plus la ceinture, à travers toute une série de nouveaux impôts, de lourdes surcharges fiscales. Dans les deux cas, d’ailleurs, le problème social, déjà cuisant, se trouverait aggravé. Ce qui entraînerait un risque accru d’agitation au niveau de la rue, par des manifestations et des grèves.
Au niveau de l’écriture comptable, le gouvernement a réussi à réduire le déficit budgétaire pour l’année en cours. Mais il semble avoir peu de chances de rééditer cet exploit l’an prochain. Et les palliatifs ne suffiraient plus pour endiguer la crise économique. Ce danger aurait été sans doute évité si le pouvoir avait pu tenir les engagements pris à Paris II. Il n’y est pas parvenu, notamment pour une première raison assez évidente : la réforme administrative requise n’est pas réalisable, en pratique, sans réforme politique permettant une vraie compression des dépenses, pour une réduction de la dette publique comme du déficit budgétaire. Quant au programme de privatisations, censé rapporter des fonds, il semble qu’il faille faire une croix dessus. Parce que les marchés se portent mal et que les preneurs ne se pressent pas au portillon. Dans ces conditions, privatiser reviendrait à brader les secteurs rentables, sans revenus appréciables. Autre élément négatif : la crédibilité en forte baisse de l’État libanais. Le déficit à ce niveau fait que les investisseurs ne sont pas attirés. Il incite également la population à refuser tout nouveau plan d’impôts supplémentaires, du moment que les fonds risqueraient d’être mal employés. Pour tout dire, le seul espoir est de voir mettre en place un nouveau pouvoir dans lequel la population pourrait avoir confiance. Faute de quoi, le pays irait à la dérive. Et un jour, comme l’Argentine, il n’aurait plus qu’une solution pour se tirer d’affaire : se mettre sous la coupe du Fonds monétaire international, et en accepter les dures conditions. C’est-à-dire supporter, pendant des années et des années, de lourds sacrifices. Impliquant sans doute, pour commencer, une dévaluation progressive de la livre, aux fins d’alléger le poids de la dette publique, avec les conséquences inflationnistes que cela comporterait.
En tout état de cause, le divorce est aujourd’hui criant entre une caste politique obnubilée par ses luttes intestines et une population qui a faim. Et que les tiraillements sur les carrières ou le cellulaire intéressent beaucoup moins que l’augmentation des tarifs de l’électricité ou du prix de carburants. Les Libanais s’inquiètent plus que les responsables, de l’énorme déficit de l’EDL, qui se monte à quelque 2 milliards de dollars. Ils espèrent que, pour une fois, le Conseil des ministres saura traiter le problème loin de toute surenchère. Et d’une manière effective. Puisque les décisions antérieures d’améliorer la perception et d’éradiquer les branchements illicites sont restées pratiquement lettre morte.

Émile KHOURY
Certains spécialistes se veulent optimistes : la stabilité financière et économique resterait assurée, à leur avis, jusqu’à l’échéance de la présidentielle. Sauf, bien entendu, s’il se produit un événement grave, politique ou sécuritaire.Mais, selon l’adage, quand Galien dit oui, Hippocrate dit non. Aussi d’autres experts du cru se montrent pour leur part...