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Baabda-Aley - Des alliances inattendues, mais de part et d’autre une même détermination Pourquoi certaines parties ont préféré ne pas livrer bataille

Chacune, ou presque, des principales forces politiques a choisi son camp au sein de la partielle de Baabda-Aley. Autour de Henri Hélou, c’est une alliance pour le moins inattendue qui a pris forme ces derniers jours, et qui regroupe désormais le Parti socialiste progressiste, le Parti démocratique du ministre Talal Arslane, le parti Kataëb, le Courant réformiste Kataëb de l’ancien président Amine Gemayel, le Hezbollah, le mouvement Amal et une pléthore de personnalités politiques, du pouvoir et de l’opposition. Hikmat Dib a pour lui le Courant patriotique libre (CPL-aouniste), l’opposition Kataëb dirigée par Élie Karamé, Nadim Béchir Gemayel, le Bureau central de coordination nationale (BCCN) et certains membres du Rassemblement de Kornet Chehwane, tels que Farès Souhaid, Mansour el-Bone et Gabriel Murr.
Loin de cette confrontation, certains piliers du Rassemblement de Kornet Chehwane, parmi lesquels le chef du Parti national libéral (PNL) Dory Chamoun, le président du Renouveau démocratique Nassib Lahoud et M. Samir Frangié ont préféré rester à l’écart de la bataille de Baabda-Aley.
L’opposition, à première vue, aurait donc volé en mille morceaux et l’unité dans les rangs des forces opposantes ne serait finalement qu’un mythe entretenu grâce à des ravalements de façade successifs. Ce n’est pas l’avis de M. Frangié, selon qui « il est légitime que chacun puisse avoir son mot à dire, son opinion à donner, au sein de l’opposition ». « Il faut en finir avec la mentalité qui réclame deux choses à la fois. En tant qu’opposition, nous reprochons aux Syriens et au pouvoir leur manque de démocratie. D’autre part, entre nous, il suffit qu’il y ait la moindre divergence de points de vue pour que cela dégénère en bagarre générale. Il est inconcevable de ne pas appliquer entre nous ce que nous réclamons des autres. Il est nécessaire d’en finir avec cette idée qu’il existe un chef charismatique qui doit prendre les devants. Nous devons nous écouter les uns les autres, accepter les différentes analyses. La société libanaise n’est pas faite pour des projets totalitaires », affirme-t-il.
C’est pourquoi, estime un autre membre du Rassemblement, Kornet Chehwane a décidé de se poser en tant que modérateur durant cette partielle, avec une double mission à la clé : préserver la convivialité intercommunautaire dans la région, en maintenant le dialogue avec les seigneurs druzes Walid Joumblatt et Talal Arslane et avec le Hezbollah, et prévenir un « clash christiano-chrétien », qui se manifeste notamment à travers les dissensions entre Pierre Amine Gemayel et Nadim Béchir Gemayel, ou à travers les critiques adressées par Michel Aoun à certains membres de Kornet Chehwane, notamment Amine et Pierre Gemayel.

Les velléités du pouvoir
Mais n’a-t-on pas abusé un peu de cette menace de déflagration communautaire pour décourager les gens à aller voter ? Tous les milieux qui refusent de prendre part à la bataille électorale répondent par la négative : « Le pouvoir n’est pas neutre, dans cette affaire. Et il y a de grands enjeux dans la bataille. Comment démontrer aujourd’hui que le Liban est un pays viable, que les Libanais, toutes communautés confondues, sont capables de s’entendre et de diriger leurs propres affaires, loin de l’esprit de la guerre de tous contre tous ? Or le pouvoir tente de donner l’image d’un pays divisé, ce qui ne correspond pas à la réalité, pour pouvoir justifier sa présence. Dans ce sens, il tente de nous entraîner dans une bataille contre Walid Joumblatt et contre le Hezbollah. Et c’est du côté des services de renseignements mobilisés pour le travail de sape que viennent les provocations, et pas des aounistes ou de Kornet Chehwane. Nous devons tout faire pour contourner cette volonté de fomenter une crise islamo-chrétienne », estime un membre éminent de Kornet Chehwane.
Par conséquent, tous ceux qui ont choisi l’option de la non-participation à la bataille évoquent la nécessité de se consacrer à d’autres objectifs prioritaires. Ainsi, pour M. Dory Chamoun, l’important est de préserver la réconciliation du 5 août 2001 entre M. Joumblatt et le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, de régler la question du retour des déplacés. M. Chamoun rappelle que la réconciliation dans la Montagne a nécessité des « efforts énormes », et que lui-même s’était porté candidat à la présidence de la municipalité de Deir el-Qamar en 1998 à cette fin. Même Walid Joumblatt, souligne l’un des membres de Kornet Chehwane, « visait à éviter la bataille en cherchant à créer un consensus autour de Henri Hélou », loin du binôme pouvoir-opposition. Mais son geste a été mal interprété et reçu par la communauté chrétienne comme une gifle assénée au principe de la représentativité.
Pour Samir Frangié – et Dory Chamoun abonde dans le même sens – la priorité a déjà été définie par Kornet Chehwane : il s’agit d’œuvrer pour « la constitution d’un nouveau pouvoir, relibanisé, loin de toute influence étrangère ». Or, affirme-t-il, « le pouvoir va essayer de taxer le discours des aounistes de confessionnel pour les combattre. Dans le sens des campagnes du pouvoir contre Kornet Chehwane ou contre Nayla Moawad, par le biais des Ahbaches et des ulémas du Akkar ». Un point de vue que partage M. Chamoun : « C’est un traquenard dans lequel on cherche à entraîner le courant aouniste, pour l’affaiblir, et démontrer qu’il n’est pas représentatif. Un piège destiné aussi à Kornet Chehwane que le pouvoir essaye, comme toujours, de détruire, mais en vain. »

Michel HAJJI GEORGIOU
Chacune, ou presque, des principales forces politiques a choisi son camp au sein de la partielle de Baabda-Aley. Autour de Henri Hélou, c’est une alliance pour le moins inattendue qui a pris forme ces derniers jours, et qui regroupe désormais le Parti socialiste progressiste, le Parti démocratique du ministre Talal Arslane, le parti Kataëb, le Courant réformiste Kataëb de...