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Bruitages ministériels autour des agapes dominicales de Karamé données en présence de Ghazalé

En substance, le témoignage d’un parlementaire convié aux agapes dominicales de Karamé, en sa résidence estivale de Bkaasifrine : « J’ai senti que le général Rustom Ghazalé a été invité surtout pour nous donner à penser que l’on est en train de paver la voie d’un retour aux commandes de l’ancien président du Conseil tripolitain. Karamé semble se préparer en vue d’une désignation qui interviendrait au début du prochain hiver. Cependant, pour être honnête, la conversation à table n’a guère porté sur ce sujet. Encore que j’ai pu attraper, ça et là, quelques fines allusions à un avenir plus actif pour Karamé… »
Actif, ce dernier l’est déjà beaucoup. Il reprend en effet, avec beaucoup d’alacrité et d’allant, ses attaques contre Hariri. Qu’il charge de tous les maux ou presque du pays. En mettant surtout l’accent sur la faillite présumée de sa stratégie économico-financière et sur les 33 milliards de dette accumulés par le pays. Karamé qui, comme Joumblatt, avait été un moment réservé par rapport à Baabda, trouve aujourd’hui que l’échec des efforts du régime est surtout imputable au chef du gouvernement. Oubliant qu’il y a quelque temps, à l’instar de Hoss, il reprochait à Hariri de céder du prestige de la présidence du Conseil face aux autres présidences… À dire vrai, Karamé prend quand même bien soin de ne pas apparaître comme le poulain du régime, auquel il n’épargne pas non plus ses critiques. En se demandant, avec ironie, ce qu’est devenu l’État des institutions et du droit promis au peuple libanais avec tant d’éclat dans le discours d’investiture. Et en soulignant que l’on est loin de la transparence requise au niveau des dirigeants.
Tactiquement, beaucoup de professionnels se demandent si Karamé, au lieu d’attaquer en même temps les deux têtes de l’Exécutif, ne ferait pas mieux de jouer sur leur antagonisme. Une hostilité qu’accentuent les dernières prises de position du régime qui, à mots à peine couverts, met en garde Koraytem contre toute tentative de faire capoter ses projets d’épuration. En laissant entendre, assez clairement, que Hariri avait été à l’origine de l’échec de la première expérience, en 1998. Les ponts sont quasi rompus entre les deux hommes. Les démarches des conciliateurs ont abouti dans une impasse : pas moyen d’établir ne serait-ce qu’une plate-forme minimale d’entente entre eux. En réalité, et après les développements de ces derniers jours, toute la classe politique prévoit qu’au retour de Hariri, actuellement en vacances, la tension va croître encore. Ce qui risque de redoubler les effets de crise, non pas tant au niveau politique qu’au niveau économique et de développement. On devrait alors tirer une croix définitive sur Paris II. Qui se trouve déjà si fortement compromis que l’on a dû ajourner sine die (et on sait ce que cela veut dire) le projet d’un Paris III qui aurait dû normalement se tenir en automne. À cause des frictions entre les présidents, encore plus qu’à cause de la guerre d’Irak, le Liban n’a pas tenu ses engagements. Et l’État est pratiquement, de nouveau, paralysé dans plus d’un domaine important. Comme le souligne un politicien chevronné, « le seul point sur lequel les dirigeants semblent s’entendre c’est de desservir les intérêts les plus vitaux du pays. »
Bien entendu, pour les lahoudistes la solution est simple : larguer Hariri. Mais c’est extrêmement difficile. Non seulement parce que les décideurs ne sont pas (pas encore ?) convaincus de cette nécessité. Mais aussi parce que le chef du gouvernement fait habilement le dos rond, supporte les coups sans les rendre, évite une confrontation qui pourrait le pousser hors du ring. Il recule pour mieux sauter. Non pas sauter tout court, comme le voudraient ses adversaires, mais sauter la barrière. De la prochaine présidentielle… En tirant profit du fait que les Syriens, trop préoccupés par la situation régionale, conseillent à tous de rester calmes et de maintenir le statu quo, avec un minimum de coopération.

Philippe ABI-AKL
En substance, le témoignage d’un parlementaire convié aux agapes dominicales de Karamé, en sa résidence estivale de Bkaasifrine : « J’ai senti que le général Rustom Ghazalé a été invité surtout pour nous donner à penser que l’on est en train de paver la voie d’un retour aux commandes de l’ancien président du Conseil tripolitain. Karamé semble se préparer en vue...