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Actualités

Front social - La centrale syndicale tente de reprendre l’intiative pour éviter la désintégration totale Le congrès de la CGTL rejette l’augmentation de la TVA, réclame une majoration des salaires et annoncera demain ses résolutions(PHOTO)

C’est parce que la grogne de la base et de nombreux syndicats ne fait que s’amplifier que la CGTL a enfin décidé de réagir. Marginalisée, la centrale syndicale se sentait de plus en plus hors du coup, débordée par les partis politiques qui déterminent sa propre ligne de conduite. Mais la situation économique est devenue tellement catastrophique qu’elle ne pouvait plus, sous peine d’être désavouée par la base, ne pas entreprendre une action, aussi limitée soit-elle. Le congrès qui s’est tenu hier a ainsi une valeur symbolique bien plus que des effets concrets, et les résolutions finales sont attendues demain, au cours d’une conférence de presse. En deux mots, refus total de toute nouvelle imposition, quelle que soit la forme qu’elle revêt, et revendications salariales et sociales, sans toutefois de précision sur le choix des moyens de pression.
Les travaux sur la chaussée devant le siège de la centrale syndicale n’ont pas découragé les membres des différents secteurs professionnels à se rendre au congrès général organisé par la centrale. Par contre, et malgré la tournée du président de la centrale auprès de la plupart des pôles politiques et religieux afin d’obtenir leur appui pour son initiative, les partis, exceptés les Kataëb, le mouvement Amal et le PSNS, n’ont pas répondu à l’appel. C’est un peu comme si la classe politique ne voulait pas vraiment cautionner l’action de la CGTL, ou alors, c’est qu’elle ne la prend pas au sérieux.

Un document qui ressemble
à un programme
Pourtant, le document de travail lu devant les présents par M. Ghosn est un véritable programme qui explique dans les détails la position de la CGTL au sujet de l’augmentation de la TVA, des réductions des dépenses budgétaires concernant la santé, le travail, les affaires sociales, l’éducation, l’agriculture, l’environnement, les déplacés et le conseil du Sud, de la gestion de la CNSS, de la privatisation des services publics et des licenciements massifs. La CGTL a annoncé une réunion aujourd’hui de la commission des indices des prix pour étudier une réclamation de majoration des salaires gelés depuis 1996.
Aux personnes présentes – dont le ministre du Développement administratif, M. Karim Pakradouni, à la tête d’une délégation de son parti, le député Ali Bazzi, à la tête d’une délégation du mouvement Amal, l’ancien député Zaher Khatib, le président du PSNS, M. Gébrane Arayji à la tête d’une délégation de son parti, l’ancien secrétaire général du PCL, M. Georges Haoui, et de nombreuses personnalités syndicales –, le programme développé par M. Ghosn a paru très intéressant, mais il faudra attendre un peu pour connaître les mesures concrètes. Pour commencer, la CGTL refuse que le système fiscal libanais continue à faire payer aux classes les plus démunies le prix de la crise pour combler le service de la dette publique, tout en épargnant les classes favorisées. Il se prononce en faveur d’un impôt unifié sur le revenu à condition qu’il couvre toutes les ressources et refuse toute augmentation de la TVA.
Au sujet de la Caisse nationale de la sécurité sociale, la CGTL réclame le retour à la situation qui prévalait avant le 24/3/2001. Elle appelle l’État à payer ce qu’il doit à cette caisse, et le patronat à respecter les dispositions de la loi, en s’acquittant de ses dettes et en déclarant tous ses salariés. Quant au projet d’échelonner les dettes dues à la caisse, il n’aura aucun effet s’il s’étale sur 20 ans. Enfin, la CGTL demande que l’on cesse de vouloir mettre la main sur les fonds de la CNSS en essayant d’en contrôler les emplois.

Un fonds spécial
pour le chômage
Concernant la privatisation du secteur public, la CGTL y est vivement opposée car elle entraînerait immanquablement, à ses yeux, une incertitude au sujet de l’emploi et une hausse des prix des produits, tout en plaçant la décision nationale à la merci des capitaux privés. Sans compter le fait que la privatisation, selon la centrale syndicale, ne permettra pas à l’État de combler son déficit budgétaire.
Dans son projet, la CGTL dénonce les licenciements abusifs dont sont actuellement victimes les travailleurs, sous couvert de la crise économique que traverse le pays. La centrale réclame une intervention de l’État pour stopper cette hémorragie sociale, en se montrant très strict sur l’application de l’article 50 du Code du travail. Elle appelle aussi le ministère du Travail à veiller au respect de la loi concernant la situation des immigrés étrangers et réclame la création d’un fonds spécial pour le chômage, qui serait financé par l’État, le patronat et la CGTL. Elle appelle aussi à une dynamisation de l’Office national de l’emploi et des chambres d’arbitrage pour les conflits du travail. La CGTL réclame aussi une loi équitable sur les loyers et en attendant, elle appelle à l’application de la loi actuellement en vigueur, tout en prêchant pour l’adoption d’une politique de l’habitat qui réponde aux besoins des citoyens.
La politique de la santé n’échappe pas aux préoccupations de la CGTL qui exige le droit pour tous les libanais à des soins de santé, par le biais de l’unification de toutes les caisses d’assurance et de la transformation de l’assurance facultative en assurance obligatoire. La CGTL évoque encore la nécessité de renforcer l’enseignement public et l’Université libanaise, ainsi que les coopératives, et réclame la réactivation du rôle du Conseil économique et social.
En conclusion, la CGTL propose la formation d’une commission chargée de rédiger les résolutions finales, qui seront rendues publiques demain jeudi. La centrale suggère aussi d’entreprendre la tournée des partis politiques, des députés et des pôles religieux pour les informer de la triste réalité des couches défavorisées, tout en élargissant son champ d’action dans les mohafazats. Des représentants des divers secteurs professionnels, notamment le syndicat des rédacteurs, représenté par M. Joseph Kossayfi, ont pris la parole pour appuyer le document de travail de la CGTL. M. Kossayfi a insisté sur la nécessité d’unifier les rangs et les revendications afin de pouvoir mener une action efficace, car, selon lui, les meilleurs programmes sont ceux qui sont susceptibles d’être réalisés, et il faut désormais agir, l’heure n’étant plus aux slogans.
Le député Ali Bazzi, l’ancien député Zaher Khatib et l’ancien secrétaire général du PCL, M. Georges Haoui, ont aussi pris la parole, présentant des suggestions économiques et politiques, qui ont été suivies d’un débat généralisé. Mais c’est demain jeudi que l’on connaîtra les résolutions finales et les mesures concrètes que pourrait adopter la CGTL pour obtenir gain de cause. Mais de l’avis général, il s’agit plus, pour la centrale syndicale, de faire acte de présence que d’obtenir de véritables acquis sociaux. Ce n’est pas pour rien que depuis des années, les forces politiques se sont acharnées sur la CGTL afin d’éroder son pouvoir...

Scarlett HADDAD
C’est parce que la grogne de la base et de nombreux syndicats ne fait que s’amplifier que la CGTL a enfin décidé de réagir. Marginalisée, la centrale syndicale se sentait de plus en plus hors du coup, débordée par les partis politiques qui déterminent sa propre ligne de conduite. Mais la situation économique est devenue tellement catastrophique qu’elle ne pouvait plus,...