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Baabda-Aley - Divergences au sein de l’opposition concernant la viabilité d’une bataille La partielle fixée au 14 septembre, Henri Hélou seul candidat déclaré(photo)

À l’heure où les concertations se poursuivent entre les différentes forces politiques pour déboucher sur le choix d’un candidat de consensus au niveau de l’opposition, et pour tenter d’éviter un clash jugé pour l’heure comme « inopportun » entre le Parti socialiste progressiste (PSP) et l’opposition, le ministère de l’Intérieur a fixé samedi, par décret, la partielle de Baabda-Aley au 14 septembre.

Le ministère a appelé tous les électeurs concernés à participer aux élections pour remplir la vacance au siège maronite de Baabda-Aley après la disparition du député Pierre Hélou. Le décret a été signé par le président de la République, le général Émile Lahoud, le Premier ministre Rafic Hariri et le ministre de l’Intérieur Élias Murr.
Pour l’heure, le seul à avoir confirmé sa participation à la partielle est le fils du disparu, l’ingénieur Henri Hélou, même si d’autres personnalités politiques ont émis le souhait de se porter candidats, à l’instar de l’ancien député Pierre Daccache ou du candidat malheureux aux législatives de l’an 2000 Imad el-Hage.

Chakib Cortbaoui
De son côté, Chakib Cortbaoui, désigné par le général Michel Aoun et par certains pôles du Rassemblement de Kornet Chehwane comme l’homme par qui le consensus pourrait se produire, n’a toujours pas pris de décision concernant sa candidature. L’ancien bâtonnier a été reçu samedi par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, à Dimane. À l’issue de la rencontre, M. Cortbaoui a estimé qu’il n’était pas venu pour avoir la bénédiction du patriarche à sa candidature, mais pour le tenir au courant des contacts qui sont entrepris par les différentes parties en vue de la bataille. « Le patriarche ne se mêle jamais de la politique de tous les jours, et il n’est pas pour un candidat contre l’autre », a-t-il indiqué.
« Jusqu’à présent, je n’ai toujours pas pris de décision finale. Je le ferai la semaine prochaine », a poursuivi M. Cortbaoui, en s’interrogeant sur les principes à partir desquels l’opposition doit arrêter son choix sur un candidat. « Naturellement, je ne m’exprime pas au nom de l’opposition. Mais, selon les propos tenus par le Rassemblement de Kornet Chehwane, le Courant patriotique libre (CPL-aouniste), le Renouveau démocratique, le Forum démocratique et le Bloc national, le concept de l’élection d’office est rejeté. Pour l’opposition, ce principe est inacceptable et équivaut à l’annulation des élections et du processus démocratique. Moi, je fais partie de ceux qui disent aux Libanais qu’il est nécessaire de s’habituer aux élections. Je les appelle à pratiquer le vote partout : à la Croix-Rouge, dans les associations et les instances. Les élections sont une nécessité, elles doivent faire partie de nos constantes. C’est pourquoi le principe de l’élection d’office est rejeté », a-t-il expliqué.
« Par ailleurs, on affirme que la bataille pourrait prendre l’aspect d’un affrontement communautaire. Nul n’accepterait cela au sein de l’opposition. Toute l’opposition s’oppose à une telle vision des élections. D’ailleurs, je me demande en quoi la bataille est communautaire, ou devrait prendre cet aspect, à partir du moment où elle oppose deux candidats maronites », a ajouté M. Cortbaoui.
« Dans cette bataille, il existe deux lignes politiques, et non pas des communautés. Il y a ceux qui pourraient être satisfaits de la situation qui prévaut au Liban, au niveau de la souveraineté, de la libre décision, ou de l’état des choses sur le plan économique et moral. Ceux-là constituent une certaine ligne politique. Qu’ils votent comme ils le désirent. Quant à ceux qui refusent l’état de fait, il est de leur devoir de voter pour un candidat, que ce soit Chakib Cortbaoui ou quelqu’un d’autre. Les citoyens satisfaits doivent voter, et ceux qui rejettent le fait accompli le doivent aussi. Mais il faut arrêter de se lamenter à la maison », a-t-il souligné. Avant de préciser qu’il revient au citoyen de décider s’il veut voter pour la ligne politique qui a conduit le pays à la situation qui prévaut actuellement.
« Il n’y a pas de place pour le gris. Il faut choisir entre le blanc et le noir », a-t-il conclu, en souhaitant que l’opposition parvienne à un consensus sur un candidat.
M. Cortbaoui devrait prendre position demain mardi au plus tard, le temps pour lui de réunir les derniers éléments nécessaires à sa prise de décision. Parmi ces éléments, les résultats de la réunion d’hier entre le chef du PSP Walid Joumblatt et M. Samir Frangié, membre du Rassemblement de Kornet Chehwane. Une rencontre déterminante pour essayer de rapprocher les points de vue avec M. Joumblatt, principal décideur dans la région de Baabda-Aley, et qui s’est engagé « trop tôt », pour certains, à accepter toute décision de la famille Hélou.

Pierre Gemayel
Un autre obstacle qui empêche l’apparition d’un candidat de consensus au sein de l’opposition est le fait que certains opposants estiment que la bataille, cette fois, n’en vaut pas la chandelle, contrairement au Metn, où il s’agissait de briser le leadership d’un seigneur du pouvoir, Michel Murr.
Le député Pierre Gemayel a expliqué hier à L’Orient-Le Jour pourquoi, d’après lui, cette bataille n’est pas d’une extrême nécessité.
D’abord, il faudrait selon lui se garder de faire des élections pour le folklore. « Je ne suis pas pour le principe de l’élection d’office. Mais s’agit-il du bon timing pour faire une bataille ? A-t-on fait les bons calculs ? Henri Hélou est-il réellement un candidat du pouvoir ? De plus, le terrain de Baabda-Aley est différent de celui du Metn, et ce n’est pas le moment de porter atteinte à la cohabitation », a-t-il indiqué.
De plus, Pierre Gemayel estime qu’une bataille contre Walid Joumblatt irait dans le sens voulu par le pouvoir, et que beaucoup au sein de l’opposition n’ont pas tiré les leçons du 7 août 2001. En d’autres termes, selon lui, en provoquant M. Joumblatt, l’on pave la voie à un nouveau 7 août, à une nouvelle violation de la réconciliation du 5 août 2001 entre le patriarche maronite et le chef du PSP. D’autant plus que M. Joumblatt s’est retrouvé, du fait de cette bataille, allié de fait avec le Hezbollah et le mouvement Amal.
M. Gemayel estime ensuite que « l’opposition n’est toujours pas parvenue à se mettre d’accord sur un candidat de consensus », et que le Rassemblement de Kornet Chehwane ne s’est toujours pas réuni pour discuter de cela. Selon lui, il faudrait au moins demander l’avis des deux membres du bloc Joumblatt qui sont au sein de Kornet Chehwane avant de se lancer dans la bataille, c’est-à-dire les députés Antoine Ghanem et Salah Honein. « Je ne vois pas quel est l’intérêt de perdre deux opposants pour en gagner un », a-t-il indiqué, en concluant sur les répercussions que la bataille pourrait avoir sur les législatives de 2005.
Cette vision des choses est aux antipodes de celle du général Michel Aoun, qui est déterminé à mener bataille à Baabda-Aley pour la démocratie et contre le féodalisme. L’ancien chef de gouvernement, qui a déjà affiché sa préférence pour M. Cortbaoui, a indiqué qu’il prendra position dans les deux jours.

Henri Hélou
Loin de tout ce climat, le candidat Henri Hélou doit rencontrer aujourd’hui le ministre d’État Talal Arslane, puis le chef du PSP Walid Joumblatt dans les jours qui viennent. Les deux hommes avaient décidé d’appuyer l’ingénieur au lendemain du décès de son père, Pierre Hélou. Samedi, le ministre de la Culture Ghazi Aridi a précisé, dans un entretien à la Voix du Liban, que M. Joumblatt n’avait pas complètement adopté Henri Hélou, et que c’est pour cela qu’il avait appelé l’ingénieur à décliner son programme électoral.
Il convient de préciser que la section du Metn-Sud du parti Kataëb a envisagé, lors de sa dernière réunion, la possibilité de se lancer dans la bataille électorale de Baabda-Aley. Enfin, l’ancien responsable estudiantin des Forces libanaises, Selmane Samaha, a tiré à boulets rouges sur M. Joumblatt, invitant M. Arslane à changer d’avis. Plaidant en faveur d’élections libres, M. Samaha a appelé les citoyens à aller aux urnes pour élire un candidat au discours politique clair, loin de la tutelle de Walid Joumblatt.
À l’heure où les concertations se poursuivent entre les différentes forces politiques pour déboucher sur le choix d’un candidat de consensus au niveau de l’opposition, et pour tenter d’éviter un clash jugé pour l’heure comme « inopportun » entre le Parti socialiste progressiste (PSP) et l’opposition, le ministère de l’Intérieur a fixé samedi, par décret, la...