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Reconstruction - Les architectes : Ziad Akel et Philippe Stark Un hôtel de charme à Wadi Abou Jmil(photos)

Les équerres se bousculent pour réinventer Wadi Abou Jmil. Le quartier résidentiel portera le label d’architectes libanais mais aussi étrangers parmi lesquels l’Égyptien Abdel Wahed al-Wakil, le Jordanien Rassem Badran, le Turc Oktay Nayman et le Milanais Giancarlo de Carlo qui peaufine une magnifique scénographie d’appartements déclinés en jardins suspendus (1). Les lieux seront également dotés d’un « hôtel de charme » étalé sur 32 000 m2 de construction et portant la marque de Ziad Akl et partenaires. Le célèbre designer Philippe Starck plantera le décor intérieur. Commandité par l’homme d’affaires libanais Sélim Khaïreddine, l’hôtel sera conçu dans le style d’un « khan » et érigé sur les biens-fonds 834/ 911.

Délimité par le Grand Temple (la synagogue) et la Banque Audi, l’établissement hôtelier offre 100 clés, dont 50 suites. Il intègre dans son ensemble six bâtiments organisés autour d’un patio rectangulaire de 1 000 m2. Atouts majeurs du projet, quatre vieilles demeures datant des années 1900-1930, dont la villa Loutfallah Melki, détruite il y a peu de temps et qui sera reconstruite à l’identique. Sa démolition, qui avait soulevé un tollé, a été « une opération incontournable », indique l’architecte Akl. « Elle était dans un très mauvais état sur le plan de la structure et menaçait de s’effondrer à tout moment. Sa restauration aurait d’ailleurs atteint un coût exorbitant. » Le spécialiste considère que « le regard porté sur le passé n’a de sens que dans une perspective d’avenir. Notre vénération pour le patrimoine ancien est un véritable paradoxe. Nous avons un penchant intellectuel, affectif, esthétique, pour la préservation des vieilles pierres, mais nous nous refusons à voir en elles une évidente fonction sociale », dit-il. Il ajoute aussi que « la remise à l’honneur du centre des villes et des quartiers anciens, éléments fondamentaux d’un nouvel urbanisme aux dimensions de l’homme, est l’une des pièces maîtresses de toute politique de qualité de vie. Il existe aujourd’hui tout un discours encourageant autour de l’idée que la conservation du patrimoine est une force positive, compatible avec le développement économique, et qu’il suffit d’une prise de conscience d’une telle nécessité et de mesures appropriées liant les secteurs public et privé, pour revitaliser les centres anciens. La conservation des vieux quartiers bénéficie actuellement d’une approche identique, au mot près, à celle qui touche la préservation de l’environnement naturel, au nom du développement soutenable », souligne encore l’architecte.

Temps nouveau
Une certaine majesté se dégage de ces anciennes bâtisses présentant une structure en béton armé, des murs en maçonnerie revêtus d’enduit et des toits partiellement coiffés de tuile rouge. Pilastres, corniches, frises et autres éléments décoratifs agrémentent les façades. Les balcons, en porte-à-faux, sont soutenus par des consoles en pierre et ornés de balustrades en fer forgé. Les quatre vieilles demeures seront affectées à l’hébergement, et leurs rez-de-chaussée aménagés pour permettre une circulation horizontale entre les différents corps de bâtiments.
Par ailleurs, et afin de mettre en relief la beauté tranquille de l’architecture traditionnelle, une composition « neutre » caractérise les deux nouvelles constructions qui s’insèrent dans le tissu ancien. L’une, constituant un bâtiment d’angle en forme de C, est traitée « en terrasses, enduit, sans surcharge décorative ». La seconde, faisant office de lieux d’accueil, de restauration et de détente, aura la forme d’une simple barre horizontale, « avec un traitement extérieur privilégiant le bois (écrans protecteurs), l’enduit et le verre, à l’instar des matériaux des bâtisses anciennes existantes », révèle l’architecte Akl. Il ajoute que « les règlements d’urbanisme en vigueur dans cette zone limitant la hauteur à 40 mètres du niveau de la mer, les bâtiments ne dépasseront pas 20 mètres de haut chacun par rapport au terrain ».
Les six édifices s’organisent donc autour d’un patio rectangulaire de 1 000 m2, bordés d’une galerie marchande abritant boutiques, salon de coiffure, agence de voyages, etc. Mais cette cour intérieure, devant fournir avant tout un cadre de légende orientale, sera ponctuée çà et là de terrasses en jardins et de fontaines. En bref, un havre baigné de coulées vertes et d’eau. L’ensemble hôtelier sera desservi par cinq sous-sols. Le premier est réservé aux salles de banquet, de séminaires, d’auditorium, au bar et au health club. Les cuisines, la buanderie, les dépôts et les locaux techniques s’installent au second. Les trois autres sous-sols constitueront un parc de stationnement pour 400 voitures « au lieu de 200 comme requis par la réglementation », signale encore l’architecte avant de conclure que cet hôtel aux 100 clés, donc à la faible densité, « génère un environnement alliant le charme d’une architecture traditionnelle, témoin du passé de la ville de Beyrouth, à une fonctionnalité efficace des services, moyennant des amendements mineurs dans les bâtiments existants ».
Un projet qui reprend l’héritage de la ville et le renouvelle en imprimant le signe du temps nouveau.

May MAKAREM

(1) : voir « L’Orient-Le Jour » du 31 juillet 2003
Les équerres se bousculent pour réinventer Wadi Abou Jmil. Le quartier résidentiel portera le label d’architectes libanais mais aussi étrangers parmi lesquels l’Égyptien Abdel Wahed al-Wakil, le Jordanien Rassem Badran, le Turc Oktay Nayman et le Milanais Giancarlo de Carlo qui peaufine une magnifique scénographie d’appartements déclinés en jardins suspendus (1). Les...