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baabda - Les autorités syriennes appuieraient l’initiative Lahoud déterminé à aller jusqu’au bout dans le projet de réforme de l’administration

En dépit de la réaction visiblement irritée du ministre de l’Énergie et de l’eau et des commentaires sceptiques d’une grande partie de la classe politique, les milieux proches du président Émile Lahoud affirment qu’il reste déterminé à mener jusqu’au bout sa campagne contre la corruption et la dilapidation de fonds.

Au sujet des crédits de l’EDL, qui ont provoqué le mécontentement de M. Ayoub Hmayed, les milieux proches du chef de l’État considèrent qu’il était impossible d’en accorder à cette institution, alors que la plupart des rapports exposés pendant la séance du conseil des ministres ont fait état de mauvaise gestion, de prestations insuffisantes de la part des fonctionnaires et d’une collecte plus que partielle des factures. Il faudrait donc, selon ces milieux, commencer par modifier cet état des choses avant de réclamer de nouveaux crédits qui alourdiraient un Trésor déjà bien malmené.
Des proches du président affirment ainsi que ce dernier ne veut plus qu’on lui rappelle à chaque fois son discours d’investiture, en lui reprochant de n’avoir pas réussi à mener à bien l’opération d’assainissement de l’Administration publique. Il serait donc décidé à en faire le grand titre de ce qui reste de son mandat. Non pas en vue d’assurer une prorogation qui, d’ailleurs, dépend en grande mesure de facteurs externes, régionaux ou autres, mais parce qu’il s’agit d’un défi qui lui tiendrait particulièrement à cœur.
Selon les mêmes sources, le chef de l’État avait commencé à entreprendre une vaste campagne au sein de l’administration, par le biais de la création au palais de Baabda d’une cellule spéciale chargée de recevoir les plaintes des citoyens. Mais cette initiative avait été accueillie, à l’époque, par un vaste tollé et il avait dû à contrecœur y mettre un terme. Aujourd’hui, il est convaincu que le moment est propice au déclenchement d’une opération d’assainissement administratif. D’abord, parce que la situation économique a atteint un tel stade de pourrissement que le citoyen ne peut plus supporter la moindre nouvelle charge, et ensuite parce que l’État ne parviendra plus à trouver de nouveaux bailleurs de fonds s’il n’entreprend pas une action sérieuse contre la corruption, ce mal qui est en train de miner toutes les institutions de la République et la confiance de la population dans la classe dirigeante.

Un système bien établi
Les milieux proches du chef de l’État refusent d’inscrire la détermination du président Lahoud dans le cadre du conflit qui l’oppose au Premier ministre. Il ne s’agit pas d’une lutte entre des personnes, disent-ils, mais d’un vaste programme pour améliorer les services de l’État. D’ailleurs, ce n’est pas une partie ou une personne qui sont responsables de la corruption, mais un système malheureusement bien établi.
Quelles chances a-t-il de réussir aujourd’hui, alors qu’il avait dû renoncer à son projet au bout de quelques mois, au début de son mandat ? Les milieux proches du chef de l’État affirment que les conditions objectives pour la réussite, au moins partielle, d’un tel projet seraient désormais réunies. D’abord, et c’est sans doute un élément déterminant, il y aurait un appui syrien total à cette démarche, ce qui n’était pas nécessairement le cas en 1998. Le président Bachar el-Assad aurait même donné carte blanche à son homologue libanais dans ce domaine, dans un souci de permettre au pays de relancer ses institutions et parce qu’une telle démarche correspond à son propre programme en Syrie. Ensuite, les pôles politiques sont en train de comprendre qu’ils ne peuvent plus continuer à couvrir la corruption, alors que la masse populaire s’appauvrit en permanence. Enfin, certains d’entre eux auraient des comptes à régler, ce qui les pousserait aujourd’hui à appuyer une tentative d’assainissement.
En tout cas, le président serait décidé à tenter l’expérience et même, selon ses proches, à la mener jusqu’au bout. C’est dans cet esprit que s’inscrit d’ailleurs le plan que prépare actuellement le ministre du Développement administratif, M. Karim Pakradouni, et qui devrait être soumis au Conseil des ministres en septembre prochain. M. Pakradouni compte d’ailleurs faire participer toutes les composantes de la société à l’élaboration de ce plan, en demandant aux citoyens de lui faire parvenir leurs suggestions, par courrier électronique ou par fax, afin que cette opération soit le fruit d’une concertation généralisée et afin que tous les Libanais se sentent concernés par la démarche. M. Pakradouni espère ainsi susciter un vaste élan populaire dans ce sens. Ce ne sera pas évident, car échaudés après plusieurs tentatives avortées, les Libanais n’accueillent plus les initiatives qui leur promettent des lendemains meilleurs qu’avec un scepticisme blasé. Redonner de l’espoir aux citoyens, ce sera peut-être encore plus dur que de lutter contre la corruption.
S.H.
En dépit de la réaction visiblement irritée du ministre de l’Énergie et de l’eau et des commentaires sceptiques d’une grande partie de la classe politique, les milieux proches du président Émile Lahoud affirment qu’il reste déterminé à mener jusqu’au bout sa campagne contre la corruption et la dilapidation de fonds.Au sujet des crédits de l’EDL, qui ont provoqué...