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L’Exécutif a le choix entre agir et gérer la trêve

On attend toujours que l’Exécutif se prononce. Entre se contenter d’entretenir la trêve politique parrainée par la Syrie. Et se lancer dans un chantier de réalisations passant par des réformes. À chaque Conseil des ministres, la question à cette interrogation se trouve reportée. Et l’on se demande s’il va en être ainsi jusqu’à la fin de l’actuel mandat présidentiel, dans un an et quelque.
À en croire Karim Pakradouni, ministre du Développement administratif, qui s’exprime dans une déclaration au Nahar, les mois qui viennent vont être marqués par des décisions découlant de la politique du président Lahoud. Sans solution de continuité avec les phases précédentes qui, à son avis, se sont limitées à l’expédition des affaires courantes, de la part de la plupart des présidents.
Le député Bassem Sabeh pense pour sa part qu’une volonté effective de donner une portée réformatrice à la dernière année du régime devrait être bien accueillie, et soutenue par tous. Il relève cependant qu’il existe des pôles au sein même du pouvoir que la réforme indispose. Tout comme il se trouve des forces qui veulent s’en servir uniquement à des fins de vindicte, pour en affaiblir d’autres.
Le chef de l’État confie pour sa part que la réforme, à son sens, n’est l’apanage d’aucune personne, d’aucun ministère, d’aucune fraction. Mais un bien commun, pour tout le pouvoir et que tout politicien doit partager. La réforme serait un échec si elle devait s’opérer au profit d’une partie et au détriment d’une autre. Il ajoute qu’il s’agit d’un processus permanent, global et équitable, qui doit être tenu à l’écart des manœuvres politiciennes.
Mais verra-t-on se réaliser durant la dernière année du régime ce qui ne l’a pas été pendant les cinq premières ? Ne peut-on pas en douter, au vu de la précarité des relations qui lient le président de la République au chef du gouvernement ? À ce propos, certaines sources rapportent que le président Lahoud, tout en affirmant qu’il n’a pas de problème personnel avec le président Hariri, souligne qu’il ne peut accepter de transiger sur certaines questions. Ni fermer les yeux sur d’autres, sous prétexte qu’il faut préserver l’unité du pouvoir. À en croire les mêmes témoins, à ceux qui lui demandent ce qu’il peut bien faire durant les derniers mois de son mandat, le chef de l’État répond qu’il peut encore accomplir des prodiges. De son côté, le président Hariri confirme qu’il n’y a pas de problème personnel avec le président Lahoud. Il ajoute qu’il y a cependant litige sur un certain nombre de projets importants. Pour lui, le dernier mot doit appartenir au Conseil des ministres, appelé à assumer ses responsabilités, en prenant les décisions adéquates, dans les cas où un arbitrage s’impose, selon les termes de la Constitution.
En pratique, il est hors de question de changer le gouvernement à l’heure actuelle. Les impératifs régionaux et locaux bloquent une telle éventualité. Dans un tel contexte de tiraillements entre les dirigeants, les chances d’activer vraiment le travail ministériel sont minimes. On constate ainsi qu’à l’issue de chaque Conseil des ministres, des bruits sont colportés par les différentes parties en présence, pour entretenir un climat de frictions. On voit mal dès lors comment l’Exécutif peut s’engager sur des voies aussi conflictuelles que les privatisation, la réforme financière, les biens domaniaux maritimes ou la titrisation. Le ministre des Finances, Fouad Siniora, reconnaît ainsi que le programme de rectification devient difficile à réaliser. Le budget 2004 est de la sorte projeté sans taxes nouvelles ou surcharge d’impôts. Il se propose simplement de tenter d’éviter une augmentation des dépenses pour ne pas aggraver le déficit, qui reste dans les mêmes normes (élevées). En d’autres termes, ce texte semble indiquer que l’on souhaite, avant tout, passer la dernière année du mandat présidentiel en limitant les dégâts. Ce qui signifie que les projets qui n’auraient pas fait l’objet d’un consensus resteraient lettre morte.

Émile KHOURY
On attend toujours que l’Exécutif se prononce. Entre se contenter d’entretenir la trêve politique parrainée par la Syrie. Et se lancer dans un chantier de réalisations passant par des réformes. À chaque Conseil des ministres, la question à cette interrogation se trouve reportée. Et l’on se demande s’il va en être ainsi jusqu’à la fin de l’actuel mandat...