Rechercher
Rechercher

Actualités

SPECTACLE - Hamid Benmahi dans « Chronic’s », de la compagnie Hors Série Les confessions d’un enfant du hip-hop (photos)

Petit, lorsque son entourage lui demandait ce qu’il avait envie de faire, il répondait invariablement : « Danser ». « Oui, mais quand tu seras grand », croyait-on bien préciser. « Mais je veux danser, je veux en faire mon métier. » On imagine les silences dubitatifs qui devaient ponctuer les déclarations têtues de Hamid Benmahi. Plus ou moins consciemment, il savait déjà que la danse serait le moyen le plus sûr de s’exprimer et de trouver sa place dans une société peu encline à écouter les jeunes des cités. Bravant le contexte familial – Benmahi est issu de l’immigration algérienne –, il s’empare du langage hip-hop, appris comme tout le monde à même le béton, puis à la télé. Enseignements auxquels il joint sa formation classique des écoles Rosella Hightower (Cannes) et Alvin Ailey (New York).
Tenace, persévérant, obstiné : Hamid est tout cela, certes. La preuve : il a réalisé son rêve d’enfant, réussi à s’imposer comme une référence dans le monde du hip-hop français et a même dépassé, dans sa tête, la notion de succès ou de modèle pour les enfants des cités car, affirme-t-il la main sur le cœur, ce qu’il veut, avant tout, « c’est provoquer des interrogations, dire quelque chose sur scène et de le dire bien ». Là aussi, on peut dire qu’il a atteint son but. En tournée dans la région, dans le cadre de la compagnie Hors Série, le danseur chorégraphe a effectué sa première étape à Beyrouth avec le spectacle Chronic’s, présenté lors de deux soirées consécutives au Théâtre de Beyrouth.
Sur scène, Hamid Benmahi dégage une force tranquille. Entre deux séquences de smurf, de breakdance ou de tours sur le dos, la main, la tête, Hamid Benmahi se raconte, avec une sensibilité à fleur de peau. Dans ces confessions intimes, le jeune danseur revient sur ses origines algériennes, sur sa passion pour la danse, sur l’image souvent réductrice véhiculée par les médias de ces drôles de zouaves, « objets exotiques des périphéries urbaines » qui tournent sur la tête et se contorsionnent sur l’asphalte. Il raconte ses souvenirs d’enfant, son parcours, l’école de danse classique, le racisme latent, y compris dans les interviews des journalistes qui lui demandent : « Vous êtes d’origine arabe ou algérienne ? » et se montrent plus intéressés par le jeûne de ramadan que par la chorégraphie de son spectacle. Un discours teinté d’humour, émouvant par son authenticité.
Loin des clichés du hip-hop (les vêtements de sport, la casquette à l’envers ou les chaussures de basket), Benmahi s’est débarrassé des aspects trop démonstratifs de la discipline, construisant, avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité, son propre univers esthétique.
Il séduit rapidement le public. Ce dernier ponctue les séquences d’applaudissements enthousiastes et sincères.
Hamid Benmahi entend véhiculer les valeurs, la philosophie du hip-hop : le respect, la fraternité, l’amour. « On essaye vraiment de traiter des sujets, de parler avec notre danse, de faire passer des émotions, de provoquer des interrogations. On a essayé de passer au-delà de la performance, de la démonstration... il faut vraiment que les gens puissent suivre et sortir de là avec plein de choses dans la tête. »
Chronic’s ou le récit du voyage, de l’errance initiatique d’un Ulysse de notre temps.

Maya GHANDOUR HERT
Petit, lorsque son entourage lui demandait ce qu’il avait envie de faire, il répondait invariablement : « Danser ». « Oui, mais quand tu seras grand », croyait-on bien préciser. « Mais je veux danser, je veux en faire mon métier. » On imagine les silences dubitatifs qui devaient ponctuer les déclarations têtues de Hamid Benmahi. Plus ou moins consciemment, il savait déjà...