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Communautés - Le patriarche maronite décoré par Chirac de la grand-croix du mérite Sfeir : « La France est toujours aux côtés du Liban » (photo)

PARIS - de notre envoyé spécial Habib CHLOUK
De la réconciliation nationale à la présence de l’armée syrienne au Liban, de la tragédie palestinienne au forum Paris II, tous les sujets locaux et régionaux chers au patriarche Sfeir ont été abordés au cours d’une rencontre hier entre le chef de l’Église maronite et le président Jacques Chirac, au second jour d’une visite officielle en France.
Le chef de l’État français a réservé au patriarche Sfeir un accueil particulièrement courtois et chaleureux, allant jusqu’à attendre à la sortie qu’il réponde aux questions des journalistes, avant de le raccompagner jusqu’à sa voiture.
La rencontre a été marquée par un tête-à-tête de 45 minutes entre M. Chirac et son hôte, ainsi qu’un déjeuner. Le patriarche Sfeir a résumé son entretien avec le chef de l’État français en affirmant : « La France est toujours aux côtés du Liban. »
Comme marque d’estime à un homme que l’Élysée considère comme « un patriote et un sage », le chef de l’État français a remis au patriarche la grand-croix nationale du mérite, ce dernier étant déjà titulaire de la grand-croix de la légion d’honneur.
Selon les milieux proches de la délégation libanaise à Paris, la visite officielle par laquelle le patriarche Sfeir a entamé sa visite pastorale en France et dans six autres pays européens devrait resserrer encore plus les liens particuliers qui attachent la France au Liban en général, et aux maronites en particulier, et réaffirmer l’engagement de Paris à faire de son mieux pour aider le Liban à recouvrer sa souveraineté et son indépendance et à se rétablir économiquement et financièrement.
Le patriarche Sfeir était accompagné de Mgr Samir Mazloum, visiteur patriarcal maronite pour l’Europe, de Mgr Saïd Saïd, vicaire patriarcal maronite en France, du P. Khalil Alwan, secrétaire général de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL), des pères Antoine Jabre et Charles Saad et de MM. Ibrahim Daher, président du conseil d’administration de la Maison du Liban, et Antoine Ghazal.
Côté français, ont assisté à l’entretien les conseillers diplomatiques et aux affaires du Moyen-Orient du président Chirac, le directeur du département Afrique du Nord-Moyen-Orient au Quai d’Orsay, Bernard Aimé, et la porte-parole de l’Élysée, Catherine Colonna.
L’entretien n’a pas manqué de causticité, par moments, notamment quand il a été questions des ambitions américaines de « répandre la démocratie » par la force, ou encore de la volonté des faucons de l’Administration américaine de redessiner la carte du Moyen-Orient, apprend-on. « La démocratie ne s’impose pas, et la guerre ne résout rien », avait répondu plus tôt le chef de l’Église maronite au cours d’un entretien sur la chaîne de télévision française LCI.
Par ailleurs, dans le prolongement des propos sur l’émigration des Libanais et de la crise économique, les entretiens du président Chirac avec le chef de l’Église maronite ont porté sur la situation des Libanais en France et les conditions de leur séjour.
La porte-parole de l’Élysée devait préciser que le chef de l’Église maronite rencontrera, à partir de mardi prochain, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le président du Sénat Christian Boisselier, le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, et les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. Il se rendra aussi à la mairie de Paris.
Selon Mme Colonna, « le président Chirac a voulu connaître le sentiment du patriarche sur la situation des chrétiens au Liban, et du Liban en général, un pays qui est cher au cœur de la France ». Ces questions ont été examinées sous tous les angles, a précisé Mme Colonna, le chef de l’État français insistant pour connaître « la situation de l’État de droit au Liban auquel la France a toujours accordé une attention particulière ».
Pour Mme Colonna, « le président de la République française a réaffirmé la constance de la politique française à l’égard du Liban et de la politique de reconstruction et de réformes, qui doit se poursuivre ».
La porte-parole de l’Élysée a ajouté que le président français et son hôte ont effectué un tour d’horizon de la situation internationale et régionale, des relations entre les Israéliens et les Palestiniens, de la situation en Irak, en Syrie, en Iran et en Jordanie et de leurs répercussions possibles sur le Liban, des rapports des pays arabes avec la Turquie, ainsi que de la situation dans certains pays africains où résident des Libanais.
Mme Colonna a cependant nié que la visite officielle du patriarche Sfeir soit directement en rapport avec ses prises de position en faveur de l’indépendance et de la souveraineté du Liban. Elle n’en a pas moins soutenu que les positions du chef de l’Église maronite, sur ces sujets, sont constantes.
Les entretiens entre les deux hommes n’ont pas porté sur les échéances constitutionnelles au Liban, a-t-elle précisé en réponse à une question, tout en affirmant que « Paris estime normal que les dates des échéances constitutionnelles soient respectées ».
Mme Colonna a estimé « probable que les deux hommes aient abordé la question de la présence militaire syrienne au Liban », au cours de leur tête-à-tête.
Enfin, en réponse à une question sur les chrétiens d’Irak, la porte-parole de l’Élysée a affirmé que le président Chirac et le patriarche Sfeir ont « examiné la situation des chrétiens dans tous les États de la région ».

La situation
« telle qu’elle est »
Interrogé à sa sortie de l’Élysée, le patriarche Sfeir a répondu aussi brièvement que possible, sachant que le président Chirac l’attendait. Il a affirmé en particulier : « Nous avons abordé toutes les questions qui intéressent le Liban », mais a écarté toutes les questions portant sur des points précis comme la réconciliation nationale, la Constitution, les obstacles à l’application des réformes prévues par le forum Paris II, la possible reconduction du mandat présidentiel.
« Ces questions, a-t-il répondu obstinément, ne concernent que les seuls Libanais. »
Le patriarche Sfeir a affirmé que le chef de l’État français est bien informé de la situation au Liban et « la voit telle qu’elle est ».
Le patriarche a répété qu’il avait abordé avec le président Chirac « la situation au Liban en général », sans aborder en particulier la situation au Liban-Sud. « Nous n’avons pas parlé des résolutions. Nous avons parlé en général. Les détails, nous en discuterons quand il en sera question », a-t-il répondu en réponse à une question sur l’application de la résolution 520.
Enfin, le patriarche a répondu qu’il redoute les répercussions des turbulences régionales sur le Liban.

Les Forces libanaises
Sur un autre plan, le chef de l’Église maronite a reçu à l’hôtel Raphaël, où il réside, une délégation des Forces libanaises conduite par Élie Baraghid, ainsi que l’ambassadeur de la Ligue arabe à Paris, Nassif Hitti, et M. Élie Kareh.
« Vous êtes quelles Forces libanaises ? » a-t-il lancé mi-figue, mi-raisin aux membres de la délégation qu’il recevait. « Les véritables », ont répondu les membres de celle-ci. « Parce qu’au Liban, tout se divise en deux ou trois », a rétorqué le patriarche, pour justifier sa question.
En fin de journée, le patriarche a pris la route pour Lisieux (170 km de Paris), où il présidera dimanche une messe solennelle (que la LBC retransmettra). À l’occasion de l’anniversaire annuel de la visite au Liban du reliquaire de sainte Thérèse de Lisieux, le patriarche Sfeir posera la première pierre d’un nouveau sanctuaire.
PARIS - de notre envoyé spécial Habib CHLOUKDe la réconciliation nationale à la présence de l’armée syrienne au Liban, de la tragédie palestinienne au forum Paris II, tous les sujets locaux et régionaux chers au patriarche Sfeir ont été abordés au cours d’une rencontre hier entre le chef de l’Église maronite et le président Jacques Chirac, au second jour d’une...