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Une étude britannique et des experts algériens sur place Un nouvel espoir : la prospection de gaz naturel

C’est, littéralement, la traversée du désert : les réserves de fuel de l’Électricité du Liban vont s’épuiser dans quarante jours très exactement. Il faut donc, en principe, prévoir un durcissement plutôt qu’une réduction du rationnement. Problème qui en entraîne bien d’autres, notamment au niveau du pompage de l’eau vers les étages supérieurs. L’urgence se fait si pressante que, comme on sait, le Conseil des ministres doit tenir demain mercredi une séance consacrée à ce dossier. Avec, au bout du tunnel, une mince lueur d’espoir : le gaz naturel dont des nappes assez importantes couvrent le sous-sol libanais. Les géologues et les pétrochimistes sont formels à ce sujet. D’ailleurs, dans le temps, une compagnie britannique avait procédé à des analyses de terrain et publié une étude concluante. Aujourd’hui même, des experts algériens se trouvent sur place pour préparer un plan de prospection qu’une société de leur pays compte réaliser. Rappelons qu’au cours de la visite de Hariri à Moscou il y a deux ans, des spécialistes russes lui avaient affirmé disposer de rapports techniques démontrant l’existence de gaz naturel (et de pétrole) off shore, entre Dbayé et Chekka. Les Russes avaient même proposé leurs services. Mais Beyrouth avait biaisé, parce qu’à l’époque, les Britanniques et les Américains se disaient également intéressés. Bien entendu, nos dirigeants n’avaient pas su s’entendre pour savoir sur quel cheval il fallait miser. Chacun avait en effet son favori, suivant certains critères d’affinités ou d’intérêts. Certains soutenaient qu’il fallait traiter avec l’Europe, qui a toujours soutenu ce pays. D’autres affirmaient qu’il valait mieux recourir aux Américains, pour le profit que cela pourrait offrir, diplomatiquement et financièrement. D’autres encore penchaient pour la Russie, si expérimentée dans ce domaine. Et, bien entendu, l’on avait fini par geler ce dossier, ou ce projet, comme tant d’autres dits litigieux.
Toujours est-il que, comme on ne l’ignore pas, le gaz (surtout s’il est extrait ici même) est beaucoup moins coûteux que le fuel pour faire marcher les turbines électriques libanaises. Dont bon nombre sont d’ailleurs construites initialement à gaz. C’est l’un des points qu’évoque l’étude exhaustive établie par le directeur général de l’EDL, Kamal Hayeck, dont les vues vont être débattues demain en Conseil des ministres. Le haut fonctionnaire procède à un état des lieux et avance des solutions. Pour tenter de résoudre, en premier lieu, l’accablant problème du passif de l’office, qui se chiffre à plus de deux milliards de dollars (et le reste à l’avenant). Sur un plan concret, le personnel se demande pourquoi Siniora refuse désormais d’octroyer des avances à l’EDL, alors que le Conseil des ministres lui avait ouvert à cet effet une ligne de crédit de l’ordre de 3 milliards de dollars. Une dérobade qui rend la situation d’autant plus difficile que le Parlement a d’un trait de plume biffé les arriérés de quittances antérieurs à 1996 dus par des consommateurs (dont des services publics et des officiels !) à l’EDL. Cela, bien évidemment, sans demander l’avis de la direction de l’office.
Quoi qu’il en soit, l’électricité, c’est le tonneau des Danaïdes. Selon les Finances, le Trésor a assumé jusqu’à présent une facture de plus de 3 milliards de dollars, à fonds perdus. À tous les sens du terme, puisque cet investissement n’empêche toujours pas les coupures ni le rationnement. La crise ne cesse d’empirer, en raison de la hausse du coût du fuel, qui est passé ces derniers mois de 15 à 27 dollars la tonne. En résumé, Siniora refuse de casquer davantage. Et Berry, suivi par les organismes économiques, s’oppose catégoriquement au relèvement (au triplement en fait) du tarif d’abonnement demandé par l’EDL. Qui se plaint beaucoup, on le sait aussi, que les autorités ne fassent rien pour juguler le vol de courant par des branchements illicites (plus de 50 000 procès-verbaux en un an, sans suites judiciaires). L’aide syrienne, jadis promise à Élie Hobeika puis réitérée à Mohammed Abdel Hamid Beydoun, n’a pas été concrétisée. Le manque relatif de rentrées (480 millions de dollars à peu près l’an dernier, en amélioration de 28 % par rapport à l’année précédente) s’ajoute aux frais d’entretien d’un réseau de production et de distribution plutôt vétuste.
Le gros de la facture (70 %), c’est naturellement le fuel. La flambée récente causée par la guerre d’Irak dans ce chapitre a gommé, et de loin, l’amélioration de la perception. Qui, du reste, laisse toujours à désirer, comme l’avoue Hariri, en exprimant ses regrets pour le fait que des régions continuent à payer pour d’autres. On apprend de bonne source que le Premier ministre, qui prend le dossier très au sérieux (c’est bien le moins), compte proposer demain un plan de redressement. Et de recouvrement, avec le concours de l’armée, tant pour la perception que pour la lutte contre les branchements illicites. Et pour le soutien aux travaux d’entretien et de réparation dans plusieurs régions dites réfractaires. Des zones que le rapport Hayeck signale, avec une mention spéciale pour les camps palestiniens, qui doivent des milliards à l’État libanais.

Philippe ABI-AKL
C’est, littéralement, la traversée du désert : les réserves de fuel de l’Électricité du Liban vont s’épuiser dans quarante jours très exactement. Il faut donc, en principe, prévoir un durcissement plutôt qu’une réduction du rationnement. Problème qui en entraîne bien d’autres, notamment au niveau du pompage de l’eau vers les étages supérieurs. L’urgence se...