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Le Liban politique en équilibre instable, même en cas de retrait syrien

Selon un vétéran retraité, le Liban politique souffre d’un déséquilibre politique littéralement organique. C’est-à-dire qu’un éventuel retrait syrien mettrait encore plus en relief le fait que les Libanais ne sont pas qualifiés pour s’auto-gouverner, du moment qu’ils sont saisis du démon des querelles déstabilisatrices.
Pour cette source, le mal tient principalement au fait que les chrétiens, plus particulièrement les maronites, ont perdu trois atouts : la force du nombre, l’unité des rangs et les leaderships charismatiques. Qui puissent faire front aux pôles du camp mahométan. En effet, la frange maronite ne dispose plus de figure de proue comme Camille Chamoun, Raymond Eddé, Pierre Gemayel ou Sleiman Frangié. Deux de ses symboles présents se trouvent l’un en prison (Samir Geagea) et l’autre en exil (Michel Aoun).
Quant au nombre, il s’est réduit au point que les chrétiens ne représenteraient désormais pas plus que les 30 % de la population libanaise. Non seulement à cause de la différence dans la croissance démographique, mais aussi, et surtout, à cause du fort mouvement d’émigration provoqué par la guerre comme par ses suites. Le déséquilibre numérique a des effets certains en termes de politique, puisqu’il se reflète à travers les résultats des élections législatives. Dès lors, dans la plupart des régions, c’est l’électorat musulman qui tranche. Et qui décide, pour les chrétiens, quels doivent être leurs représentants à la Chambre. Un député élu de la sorte (et ils sont nombreux) obéit naturellement aux consignes de chefs de file mahométans bien plus qu’aux nécessités de la communauté dont il est censé défendre les intérêts. Le temps d’un Joseph Skaff, qui livrait bataille dans l’ensemble de la Békaa, même dans le fief d’un Sabri Hamadé, est bien révolu. De même, au Nord, les Frangié avaient leur mot à dire, dans toute la contrée, face aux Karamé. Au Chouf, un Chamoun parvenait à tenir tête à un Joumblatt. À Beyrouth enfin, une liste qui voulait réussir devait s’entendre avec cheikh Pierre. Le pouvoir et l’opposition avaient tous deux à leur tête un maronite...
Mais le déficit numérique ou en leaderships serait en partie compensé si les pôles chrétiens étaient unis. Il se trouve, au contraire, aggravé par leurs conflits. Qui se produisent, assez souvent, au sein d’une même famille.
Du fait des perturbations au sein de la composante chrétienne, qui privent en quelque sorte la partie mahométane d’un interlocuteur cohérent, toute la scène politique intérieure est sur la corde raide. Et le resterait certainement après le retrait éventuel des Syriens.
Une amélioration serait cependant possible si Aoun pouvait retourner et si Geagea sortait de prison. Car le champ d’action politique chrétien positif et libre serait élargi. Ce qui donnerait bien plus de sens à un dialogue d’ordre national incluant la partie mahométane.
Cependant la personnalité citée pense qu’en pratique, Aoun ne serait pas autorisé à rentrer, ni Geagea à sortir, avant les prochaines législatives de 2005. Parce que cela pourrait influer sur les résultats, comme le laisse prévoir la récente partielle de Baabda-Aley. De plus, il est même possible qu’un jugement soit rendu contre Aoun dans les prochains mois. Quant à la libération de Geagea, elle semble liée à la réalisation d’une entente nationale qui ne devrait intervenir qu’après les élections mentionnées. À l’ombre, si l’on peut dire, d’un nouveau régime...
Pour protéger la cohésion du pays et la coexistence, Taëf a édicté une règle de parité égale entre chrétiens et musulmans au sein du pouvoir comme au niveau des postes de première catégorie. Mais cette règle n’est déjà plus que théorique. Car, répétons-le, les élections permettent à la frange mahométane de contrôler le Parlement. D’ailleurs certaines parties demandent que l’on fasse coïncider les textes avec la réalité courante, pour remettre en cause la parité en question. En faisant valoir que cela apporterait l’avantage de faire cesser les tiraillements entre les présidents, en redistribuant les prérogatives en fonction de la loi du nombre.
Bref, la situation interne est frappée de multiples anomalies. Pour y remédier, le vétéran cité avance trois propositions :
– adopter une large décentralisation dotant le pays d’un système proche du fédéralisme ;
– réaliser une vraie réconciliation générale débouchant sur une entente nationale effective, dans l’esprit de Taëf. Ce qui serait consacré par le retour de Aoun, la libération de Geagea et le droit de vote accordé aux expatriés ;
– abolir le confessionnalisme politique, au profit d’un régime laïc. Cela ouvrirait la voie à l’élection du chef de l’État au suffrage universel.
Émile KHOURY
Selon un vétéran retraité, le Liban politique souffre d’un déséquilibre politique littéralement organique. C’est-à-dire qu’un éventuel retrait syrien mettrait encore plus en relief le fait que les Libanais ne sont pas qualifiés pour s’auto-gouverner, du moment qu’ils sont saisis du démon des querelles déstabilisatrices.Pour cette source, le mal tient principalement...