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Coopération - Point de presse à la Délégation de la Commission européenne, à Saïfi L’élargissement de l’UE, un exemple pour l’intégration du Liban au partenariat euro-méditerranéen, affirme Patrick Renauld

L’élargissement de l’Union européenne à dix nouveaux pays est le fruit d’une quinzaine d’années de travail continu et d’efforts soutenus qui se concrétiseront en mai 2004 par cette « révolution régionale » que constitue la naissance de l’Europe des 25. Le Liban devrait s’intéresser à la signification profonde de ce tournant historique en prenant exemple sur ce modèle d’intégration progressive à un marché plus vaste, celui de la communauté européenne. Tel est, en substance, le message que le chef de la Délégation de la Commission européenne au Liban, M. Patrick Renauld, a évoqué à la faveur d’un point de presse qu’il a tenu hier matin au siège de la Délégation, à Saïfi.
Cette rencontre a été organisée à l’occasion de la mise sur le marché, à partir de demain, vendredi, d’un supplément sur l’élargissement de l’UE, publié par l’édition Proche-Orient du journal Le Monde, en collaboration avec la Délégation de la Commission européenne à Beyrouth. Étaient présents à ce point de presse, outre M. Renauld, l’ambassadeur d’Italie, Franco Mistretta (dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’UE), l’ambassadeur de la République tchèque, Marek Skolil, l’ambassadeur de Hongrie, Pal Jeno Fabian, la chargée d’affaires de Pologne, Mme Lidia Milka Wieczorkiewicz, et le chargé d’affaires chypriote, M. Charalambos Hadgisawas.
Annonçant la publication du supplément du Monde sur l’élargissement de l’UE, M. Renauld a mis l’accent d’emblée sur l’importance et la signification du long processus de préparation qui a précédé l’intégration des dix nouveaux pays dans l’UE. « Ces pays, a notamment souligné M. Renauld, ont présenté à leur peuple une perspective à long terme et ils ont réussi à atteindre l’objectif qu’ils s’étaient fixé (l’intégration à l’ensemble européen). L’aboutissement, qui est le résultat d’une quinzaine d’années de travail, constitue en quelque sorte une révolution régionale. Un tel processus progressif intéresse le Liban, en ce sens que nous vous proposons (aux Libanais) une révolution semblable et un travail similaire d’intégration » (allusion au partenariat euro-méditerranéen).
Le message est clair : le processus suivi par les nouveaux pays de l’UE pour surmonter les obstacles sur la voie de l’intégration devraient constituer pour le Liban un exemple à suivre, un « modèle de cheminement progressif » devant déboucher sur la concrétisation du partenariat euro-méditerranéen. Dans ce contexte, le Liban pourrait profiter de l’expérience acquise par les entrants au cours de la longue période préparatoire. L’ambassadeur tchèque a notamment relevé hier à ce propos que les réformes requises en vue de paver la voie à l’intégration « sont plus faciles à réaliser lorsqu’elles se font conformément à des normes globales établies dans un cadre élargi et en fonction d’objectifs stratégiques ».

L’impact sur le partenariat
À quelques mois de l’échéance de mai 2004, la question qui se pose à plus d’un niveau est de savoir si l’élargissement de l’UE pourrait freiner ou entraver le partenariat euro-méditerranéen. M. Renauld apporte une réponse sans équivoque à ce sujet, soulignant que les nouveaux adhérents sont déjà informés et sensibilisés à ce partenariat et, de ce fait, ils l’ont déjà avalisé.
En pratique, M. Renauld précise, à titre d’exemple, que le programme MEDA (principal instrument financier du partenariat) ne risque nullement d’être réduit du fait de l’élargissement de l’Union. L’ambassadeur de la République tchèque abonde dans le même sens, affirmant que les nouveaux pays qui rejoindront les rangs de l’UE en mai 2004 ne représentent en aucune façon une quelconque concurrence pour le processus euro-méditerranéen. « Nous sommes géographiquement éloignés de la Méditerranée, mais il n’en reste pas moins que nous sommes intéressés par ce partenariat, et il y va de notre intérêt à ce propos », souligne M. Skolil.
Reste à savoir si le Liban se prépare réellement à s’engager sur la voie d’un ancrage à l’Europe. Le pouvoir a-t-il les moyens et, surtout, la volonté politique de traduire dans les faits les engagements qu’il a pris en signant l’accord d’association avec l’UE (s’inscrivant dans le cadre du partenariat) ? M. Renauld ainsi que l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, ont déploré, à différentes occasions, le peu d’empressement ou le manque de conviction que semble manifester le gouvernement à l’égard du projet euro-méditerranéen. « Je ne crois pas que tous les Libanais aient pris toute l’importance de la signature de l’accord d’association », a souligné hier M. Renauld. Pourtant, un ancrage à l’Europe et un alignement du Liban sur les normes et les standards européens, dans la perspective d’une vaste zone de libre-échange euro-méditerranéenne (prévue pour le début de la prochaine décennie), constituent une opportunité historique inespérée pour le pays. Encore faut-il que les dirigeants en soient véritablement conscients. L’histoire contemporaine du Liban est jalonnée d’occasions ratées. Les Libanais sauront-ils, cette fois, se ressaisir pour s’engager résolument dans le processus de Barcelone ?

Michel TOUMA
L’élargissement de l’Union européenne à dix nouveaux pays est le fruit d’une quinzaine d’années de travail continu et d’efforts soutenus qui se concrétiseront en mai 2004 par cette « révolution régionale » que constitue la naissance de l’Europe des 25. Le Liban devrait s’intéresser à la signification profonde de ce tournant historique en prenant exemple sur ce...