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Face aux radicaux comme à la ligne du pouvoir Bkerké développe un modérantisme rassembleur

Dans ses assises privées, un dignitaire religieux souligne que le plafond établi par Bkerké à travers les derniers manifestes des évêques maronites est inamovible. Dans ce sens qu’il relève de constantes nationales invariables qui inspirent toujours le cheminement du patriarcat. Qui garde donc un même cap tant en ce qui concerne les affaires intérieures du pays qu’en ce qui a trait aux considérations régionales, à la politique américaine ou aux rapports libano-syriens. Seul l’intérêt supérieur du pays dicte la conduite de Bkerké pour qui la coexistence est le fondement d’une unité nationale sans laquelle il ne saurait y avoir ni souveraineté ni indépendance.
Après les grands principes, les réalités du jour. Au Congrès, Michel Aoun a réclamé l’application du Syria Accountability Act, provoquant de vives réactions à Beyrouth. Dès lors, indique le prélat, il apparaît que les Libanais de tous bords se divisent en trois tendances : la ligne du pouvoir, Bkerké, Aoun. La majorité, affirme cette personnalité religieuse, suit Bkerké. Car le patriarcat fait entendre la voix du modérantisme et de la raison, en défendant la coexistence. Et en appelant à des relations privilégiées avec la Syrie, mais sur base du respect réciproque de la souveraineté et de l’indépendance de chaque pays. Afin que les relations bilatérales ne soient pas bâties sur des considérations d’intérêts particuliers, de féalité, de soumission, d’exploitation des liens pour discriminer des parties locales. Ce que Bkerké veut, ce sont des rapports de bon voisinage mutuellement désintéressés et dévoués.
Certains pensent qu’à l’occasion de la présidentielle, les Libanais vont avoir le choix uniquement entre l’option du pouvoir et celle de Aoun, c’est-à-dire hésiter entre deux généraux. Le dignitaire cité pense que cette façon de voir les choses est erronée. Car, répète-t-il, il y a une troisième voie, celle du modérantisme qui ne se soucie que de l’intérêt bien compris du pays. Il ajoute que l’on se trompe également si l’on croit que la partielle de Baabda-Aley a cristallisé la montée en puissance d’un radicalisme qui peut balayer les autres références, Bkerké compris. Le patriarcat, rappelle cette personnalité, avait su contrer une vague d’extrémisme bien plus forte, dans des circonstances bien plus dures, pour faire prévaloir Taëf. Cela au prix de lourds sacrifices, justifiés par l’intérêt vital du pays.
Toujours selon ce prélat, le modérantisme que guide Bkerké regroupe des leaderships mahométans autant que chrétiens, défenseurs de l’unité nationale. De plus, à l’occasion de la présidentielle, nombre de loyalistes vont sans doute s’abriter sous l’ombrelle de Bkerké. Et la Syrie pourrait bien ne pas avoir d’autre interlocuteur, puisque le dialogue avec les aounistes est de toute évidence impossible, et qu’elle ne trouverait aucune utilité à parler avec des loyalistes qui sont sa propre ombre portée.
Les Libanais, redit cette personnalité, ne doivent pas être placés devant l’alternative Aoun-pouvoir, du moment que la ligne juste se trouve au milieu, sur une troisième voie. Il faudrait d’ailleurs tenter de regrouper tous les Libanais sous une même ombrelle, à travers un dialogue constructif que le chef de l’État parrainerait, avec les encouragements de la Syrie. Le processus devrait dégager une entente sémantique sur les termes de souveraineté, d’indépendance et de libre décision, dans le cadre de relations avec la Syrie qui ne nécessiteraient ni présence de troupes ni immixtion dans les affaires intérieures de ce pays. Mais se fonderaient sur un partenariat de coopération étroite et confiante dans tous les domaines donnant lieu à des intérêts communs. Tout irait alors parfaitement bien pour les deux voisins.
Au lieu de chercher à diviser les Libanais, martèle ensuite ce prélat, au lieu de tenter de les dresser les uns contre les autres en attisant le clivage entre radicaux et modérés, il faudrait les rassembler autour des constantes nationales. En mettant sur pied un gouvernement d’entente nationale effective et en choisissant en commun le prochain chef de l’État. Dans le cadre de ce consensus, Samir Geagea serait amnistié et Aoun pourrait retourner au pays. Par contre, si l’on devait continuer à attiser les tensions, par des échanges d’accusations de trahison, en encourageant une fraction à en intimider une autre, à lui faire peur, alors l’unité intérieure serait sérieusement en danger. Pour commencer, il faut cesser de tenter de diviser les Libanais, plus particulièrement les chrétiens, en inventant des scénarios de confrontation entre radicaux et modérés, à la suite de la partielle de Baabda-Aley. En conclusion, le prélat invite les autorités à prendre bien conscience de leurs responsabilités qui consistent à rassembler les Libanais, en cette phase régionale et locale critique.

Émile KHOURY
Dans ses assises privées, un dignitaire religieux souligne que le plafond établi par Bkerké à travers les derniers manifestes des évêques maronites est inamovible. Dans ce sens qu’il relève de constantes nationales invariables qui inspirent toujours le cheminement du patriarcat. Qui garde donc un même cap tant en ce qui concerne les affaires intérieures du pays qu’en ce...