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Des crocodiles, une caravane et des radicaux

Qu’elle est noble cette soudaine prise de conscience chez certains ministres ! Trois législatives plus tard, Élias Murr, Karim Pakradouni et Talal Arslane se font ainsi du mauvais sang pour cette malheureuse majorité qui s’est abstenue de voter à la partielle de Baabda-Aley. Il est vrai que la conscience démocratique de nos responsables n’était pas si taraudée quand le taux de participation avait dépassé de peu les 13 % lors des législatives de 1992 ou quand un candidat se faisait élire à 42 voix dans la circonscription de Jbeil... Mais il faut croire que les larmes de crocodile sont de mode aujourd’hui et qu’on a beau jeu de se lamenter sur le sort de la majorité silencieuse.
Dans tous les cas, ces accès factices de philanthropie permettent d’occulter le plus important dans cette affaire, en l’occurrence la participation de quelque 23 % d’électeurs à la partielle de Baabda-Aley, tandis qu’en 2000, alors que la mobilisation était à son paroxysme, ce taux avait à peine atteint les 33 %. Par conséquent, et contrairement à certaines allégations officielles, 23 % de votants, à un an des élections générales, c’est beaucoup pour une partielle.
En outre, sur les quelque 50 000 électeurs, environ 25 000 dits « radicaux » ont renvoyé dos à dos le pouvoir et l’opposition dite « modérée ». Du Forum démocratique au Front de salut national, en passant par le Rassemblement de Kornet Chehwane, on se gargarise de principes, on condamne à qui mieux mieux, avec, pour seul résultat, une caravane qui s’appelle pouvoir, et qui passe allègrement.
La véritable opposition ne serait-elle pas plutôt celle qui s’est manifestée un fameux 7 août devant un Palais de justice où se cloîtraient les « modérés » en question ? Pardon, mais il est certainement plus réaliste d’avoir foi dans des jeunes prêts à tout – y compris à se faire tabasser – au nom des principes susmentionnés, plutôt que dans des instances, certes tout à fait respectables, mais dont le tort essentiel est de faire machine arrière dès lors qu’il s’agit de passer à l’action. Exemples : la fermeture de la MTV reléguée désormais au rang de « commémoration », ou encore l’invalidation du mandat de Gabriel Murr et l’accession peu légitime de Ghassan Moukheiber à l’hémicycle. Là encore, Kornet Chehwane s’est contenté d’un constat d’impuissance.
Moralité : plutôt que de tenter de récupérer la majorité silencieuse par des moyens démagogiques obsolètes, les loyalistes et les opposants « modérés » feraient mieux sans doute de réaliser – dans leur propre intérêt et avec le président Berry – qu’il y a une nouvelle « équation » au Mont-Liban dont il faudra tenir compte en prévision des législatives de 2005.
José JAMHOURI
Qu’elle est noble cette soudaine prise de conscience chez certains ministres ! Trois législatives plus tard, Élias Murr, Karim Pakradouni et Talal Arslane se font ainsi du mauvais sang pour cette malheureuse majorité qui s’est abstenue de voter à la partielle de Baabda-Aley. Il est vrai que la conscience démocratique de nos responsables n’était pas si taraudée quand le...