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LOISIRS - Des clubs qui redoublent d’efforts pour attirer les amateurs… mais la perfection n’est pas encore atteinte L’équitation, un sport qui tente de se démocratiser (photos)

Au pas, au trot, au galop ! Quoi de mieux que l’équitation pour se rapprocher des animaux et apprendre à s’en occuper ? Sport très répandu avant la guerre au sein de la classe aisée et exclusivement pratiqué à l’époque à la Cité sportive ou dans les rares clubs environnants, l’équitation se développe aujourd’hui dans l’ensemble du pays et se réorganise, sans pour autant se démocratiser, après de nombreuses années de pratique anarchique. Monter à cheval est une véritable passion pour certains, qui s’adonnent quotidiennement à ce sport en famille et par tous les temps, été comme hiver, sous un soleil de plomb ou sous une pluie battante. Pour d’autres, l’équitation est le nec plus ultra, une sorte de ticket d’entrée dans la haute société à laquelle ils rêvent d’appartenir.
Pour la majorité des cavaliers libanais, l’équitation est un sport de plein air exclusivement réservé à la période de l’été ou encore lorsqu’il fait beau. Car en hiver, les contraintes sont nombreuses et un seul club libanais, celui de Mechref, est doté d’un manège couvert. Mais certains instructeurs encouragent les enfants à monter en toutes saisons, même lorsqu’il pleut. « Ça les forme et les endurcit », précise Karim Farès, cavalier, négociant de chevaux et gérant des clubs d’équitation de Faqra et du Country Club d’Antoura, Les Poneys du Levant.

Des tarifs dégressifs
Autrefois réservé à l’aristocratie, ce sport attire désormais des amateurs issus de différentes catégories socio-économiques, mais sans pour autant se populariser. Car l’équitation a encore la réputation d’être un sport onéreux, malgré la baisse sensible des tarifs pratiqués dans de nombreux clubs et l’adoption de tarifs dégressifs à l’intention des élèves réguliers.
Pour environ 100 dollars par mois, un cavalier peut suivre des cours collectifs d’équitation avec des moniteurs qualifiés dans certains clubs fédérés, à raison de deux fois par semaine. « Cependant, précise Imad Ibrahim, cavalier et entraîneur au club de Mechref, l’apprentissage d’un jeune débutant se fait en cours particuliers, au moyen d’une longe, pour une plus grande sécurité. Le tarif de ces cours, qui durent de 45 à 60 minutes, est de 20 dollars. » Mais les tarifs varient d’un club à l’autre, et cette politique d’encouragement n’est pas généralisée.
Quant à l’équipement, son coût est élevé et il ne faut pas moins de 200 dollars pour se procurer la bombe, le pantalon et les bottes de cavalier, sans compter le gilet de protection, dont le port n’est pas très répandu au Liban. « Mais, précise M. Farès, seule la bombe est indispensable au début, car un débutant peut tout aussi bien s’initier à l’équitation en jeans et bottes de ville, à la condition que celles-ci aient un petit talon. » « Certes, ajoute-t-il, l’équipement complet demeure indispensable, et la dépense est inévitable dès que le cavalier devient assidu. »
Quelles sont les conditions pour pratiquer l’équitation et comment se fait l’apprentissage ?
Les enfants peuvent pratiquer ce sport à partir de 5 ans. À cet âge, l’initiation se fait de manière ludique et à dos de poney de préférence.
L’apprentissage consiste pour un débutant à apprendre à bien se tenir sur son poney, à savoir avancer au pas, au trot et au galop, à tourner, s’arrêter mais aussi à se familiariser avec sa monture tout en étant capable de la contrôler. Techniques qu’il apprend en manège et qu’il met en pratique durant les promenades collectives.
« Acquérir les connaissances de base nécessite environ 6 mois, explique Karim Farès, à raison de 2 à 3 leçons par semaine ». Mais à ce stade, l’apprenti cavalier ne peut pas pour autant être livré à lui-même.
« L’autonomie n’existe pas vraiment dans ce sport, précise Imad Ibrahim. Tout cavalier a constamment besoin d’être suivi, car l’équitation est un sport où l’on évolue lentement et constamment. » Et l’entraîneur d’insister sur le fait qu’il ne faut pas brûler les étapes, mais laisser l’enfant escalader graduellement l’échelle, en lui inculquant l’amour du cheval et en lui apprenant à s’en occuper, ce qui n’est pas évident au Liban.

Un problème d’espace
« Il faut toutefois être conscient que l’équitation est un sport où la chute est fréquente », remarque Carole, instructrice française au club hippique du Mont La Salle, qui ajoute qu’il ne faut pas en avoir peur. « Il est toutefois essentiel, poursuit-elle, que ces chutes se déroulent dans les meilleures conditions possible, autrement dit que les manèges soient bien aménagés, afin d’éviter les accidents. »
Quant aux disciplines pratiquées au Liban, elles demeurent limitées. En effet, seul le saut d’obstacles est inscrit dans les concours, et dès leur jeunesse, la majorité des cavaliers est formée à cet effet. « Certains de ceux-ci défendent honorablement les couleurs du Liban à l’étranger », remarque Karim Farès.
AujourdÕhui les clubs tentent de développer d’autres disciplines, comme le dressage et le cross. « Le problème est l’espace, vu la cherté des terrains au Liban, observe Imad Farès. Pour le moment, nous étudions la possibilité d’introduire la discipline du dressage. »
Du Nord au Sud, cette activité se réorganise après une longue période de vaches maigres. Ces dix dernières années, les clubs d’équitation se sont multipliés et le nombre d’adeptes a sensiblement augmenté. Près de 25 clubs, dont 15 fédérés, accueillent désormais entre 400 et 500 cavaliers de différents niveaux qui montent de manière plus ou moins assidue, une centaine d’entre eux étant même formés à la compétition et pouvant se targuer d’avoir un excellent niveau.
Débordant d’imagination pour attirer la clientèle, ces clubs redoublent d’efforts pour former les apprentis cavaliers dans les meilleures conditions possible. Ici, on engage des moniteurs étrangers spécialisés; là, on organise des stages de formation ; ailleurs, on est intraitable sur les mesures de sécurité ou on casse tout bonnement les prix ; plus loin, on offre des aménagements et équipements dignes des plus grands manèges internationaux.
Le tout, pour la plus grande satisfaction des amateurs et sous le regard bienveillant de la Fédération libanaise d’équitation et de son président, le général Souheil Khoury, qui encourage la démocratisation et le développement de cette discipline, tout en veillant à la bonne application des normes de sécurité.
Depuis quelques années d’ailleurs, la fédération organise à l’intention des cavaliers libanais des sessions de formation financées par le Comité international olympique (CIO) et l’ambassade de France. Sessions qui connaissent un franc succès auprès de tous ceux qui aspirent à évoluer dans ce sport.
Certes, il serait téméraire de prétendre que les conditions de pratique de l’équitation au Liban sont excellentes et conformes aux normes internationales. « Même si le respect des normes de sécurité est exigé par la fédération, ce sport n’est pas vraiment réglementé chez nous », déplore Karim Farès. En effet, certains clubs ignorent superbement les normes essentielles de sécurité. Hormis le fait que le port de la bombe n’y est pas obligatoire, leurs manèges présentent parfois des imperfections qui peuvent constituer un danger pour les cavaliers, mais qui, pourtant, pourraient être rectifiées sans trop de frais. Présence de poteaux en plein milieu d’un parcours, barrières de protection insuffisantes ou inadéquates... pour ne citer que quelques-uns des dangers, sans oublier l’absence de vétérinaires spécialisés dans bon nombre de clubs. Il est heureux que dans ces conditions, les accidents graves soient aussi rares, voire quasiment inexistants.
La famille équestre libanaise s’élargit et se rajeunit. Il reste toutefois à être plus regardant sur les conditions de sécurité mais aussi à éduquer les jeunes cavaliers à s’occuper personnellement de leurs chevaux.
Où pratiquer l’équitation au Liban ?

Du Nord au Sud, une quinzaine de clubs hippiques sont reconnus par la Fédération libanaise d’équitation :
– Club de Mechref
– Club de Faqra
– Valley Club de Antoura
– Country Farm de Antoura
– Club du Mont La Salle
– Club de Saïda
– Club Victoire de Choueifat
– Club de Beyrouth à Jnah
– Spring Hills à Mkallès
– Club de Aoukar
– Club Zeghrine à Bickfaya
– Club de Batroun
– Club de Tripoli
– Club Rihab de Zahlé
– Club de Dbayé.

Anne-Marie EL-HAGE
Au pas, au trot, au galop ! Quoi de mieux que l’équitation pour se rapprocher des animaux et apprendre à s’en occuper ? Sport très répandu avant la guerre au sein de la classe aisée et exclusivement pratiqué à l’époque à la Cité sportive ou dans les rares clubs environnants, l’équitation se développe aujourd’hui dans l’ensemble du pays et se réorganise, sans...