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CONGRÈS - Ouverture à l’Unesco du congrès des médias arabo-musulmans en appui à l’intifada Nasrallah : Les prochaines semaines seront cruciales dans le dossier de l’échange des prisonniers

Comme d’habitude, c’est le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui a fait l’événement. À la séance d’ouverture du congrès des médias arabes et musulmans en appui à l’intifada, organisé par la chaîne al-Manar, c’est lui qui a prononcé le discours le plus percutant, donnant même des suggestions pour une « information arabo-musulmane résistante », qui feront d’ailleurs l’objet d’une étude approfondie au cours des séances de travail du congrès, et annonçant que l’opération d’échanges de prisonniers entre Israël et le Hezbollah est sérieuse et qu’elle comprendra des prisonniers palestiniens, syriens et jordaniens, en plus des détenus libanais.
Un parterre de keffiehs, en signe de solidarité avec l’intifada palestinienne. Les personnalités présentes à la séance d’ouverture du congrès des médias arabes et musulmans n’ont pas lésiné sur les symboles. On avait certes déjà vu sayyed Nasrallah avec un tel foulard sur les épaules, mais c’était plutôt nouveau pour le ministre de l’Information, M. Michel Samaha, qui représentait le chef de l’État, M. Émile Lahoud, pour l’ancien président du Législatif, M. Hussein Husseini, et d’autres invités au premier rang de l’assistance.
Mais comme c’est souvent le cas dans ce genre d’occasions, les orateurs de la séance d’ouverture se sont contentés de positions de principe, sans aborder véritablement le thème principal du congrès, pourtant crucial : comment parvenir à contrecarrer l’information sioniste par une information arabo-musulmane qui puisse s’adresser aussi bien aux peuples de la région qu’à l’Occident ? Un programme certes ambitieux et qui ne sera pas facile à réaliser, surtout si les médias arabes et musulmans continuent, à l’image de la classe politique dans la région, à manier la langue de bois plutôt que d’évoquer les réalités sur le terrain. Même s’il faut le reconnaître, de plus en plus de chaînes arabes tentent de briser cet état de fait, en adoptant une liberté de ton toute nouvelle, mais elles sont encore loin de pouvoir s’adresser au monde occidental et de se faire comprendre de ses téléspectateurs.

L’intifada et l’exemple libanais
Et ce n’est pas le premier congrès des médias arabes et musulmans, qui s’est tenu à Téhéran, qui a permis de modifier cette situation. Le second, qui s’est ouvert hier et qui a été très sérieusement préparé par la chaîne du Hezbollah al-Manar, devrait dégager vendredi des résolutions concrètes et une stratégie commune pour une politique de l’information plus efficace.
En attendant, plusieurs orateurs ont pris la parole hier. D’abord, le représentant du président Lahoud, le ministre Samaha, qui a insisté sur le fait que l’intifada palestinienne d’aujourd’hui s’est largement inspirée de la Résistance au Liban qui a su affronter l’occupation israélienne avec une décision unifiée et une patience et une détermination infaillibles. Il a aussi reconnu la nécessité de trouver des mesures concrètes pour une information arabo-musulmane efficace, face aux campagnes des médias israéliens.
Le directeur général de la chaîne al-Manar, M. Mohammed Haïdar, a pris aussi la parole en tant qu’organisateur du congrès. Il a suggéré une sorte de 14 commandements pour les médias arabo-musulmans qui consistent notamment à donner la priorité absolue aux nouvelles de Palestine, à défendre le droit des Palestiniens dans toutes les circonstances, à favoriser l’unité du peuple palestinien, soumis à des pressions terribles, à songer tout le temps aux moyens de relever le moral du peuple palestinien et à tenter de mobiliser en permanence les opinions publiques arabes en faveur de la cause palestinienne, de façon à peser sur les décisions des dirigeants politiques.
Le président de la radio et de la télévision iraniennes, M. Ali Larijani, a insisté sur le rôle des médias iraniens dans la promotion de la cause palestinienne, par conviction et par devoir religieux. Le directeur de la Fédération des radios arabes, M. Abdel Hafiz el-Harkam, a, de son côté, insisté sur l’utilité d’un tel congrès pour aboutir à un langage commun dans les médias arabes et musulmans.
Le président de la radio et de la télévision palestiniennes, M. Radwane Abou Ayache, a ensuite lancé un véritable cri du cœur, appelant les médias arabes et musulmans à ne pas oublier le peuple palestinien, qui a plus que jamais besoin de leurs talents et de leur créativité. Il a même demandé à sayyed Nasrallah de ne pas oublier les prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes, dans le cadre des négociations menées actuellement par l’émissaire allemand et qui seraient sur le point d’aboutir.

Nasrallah et « l’horrible démocratie américaine »
Nasrallah a immédiatement saisi la perche qui lui était ainsi tendue. Et dans son discours, il a évoqué le dossier de l’échange des prisonniers, affirmant que les semaines qui viennent seront décisives à ce sujet. « Je n’aurais pas souhaité évoquer ce problème parce que les négociations en cours sont sérieuses, mais face à la campagne mensongère des médias israéliens, je me vois dans l’obligation de préciser certains points. D’abord, si nous voulions nous contenter d’échanger des prisonniers libanais contre les Israéliens qui sont chez nous, l’opération aurait pu être accomplie depuis trois ans. Mais c’est parce que nous tenons à ce que l’échange englobe aussi des prisonniers jordaniens, syriens et libanais que les négociations ont traîné. Et si elles aboutissent bientôt, vous verrez que d’autres prisonniers arabes seront libérés avec les Libanais. »
Le secrétaire général du Hezbollah a parlé ensuite de la situation en Palestine, précisant que si elle est aujourd’hui cruciale pour les Palestiniens, cela fait des années que cela dure. Par contre, l’élément nouveau, c’est qu’elle l’est désormais aussi pour les Israéliens et pour les Américains. L’Administration américaine est, selon lui, venue dans la région, dans sa presque totalité et avec toute sa puissance, à Aqaba et à Charm el-Cheikh, croyant pouvoir imposer la « feuille de route ». « Mais les Palestiniens, seuls et isolés, ont réussi à tenir bon. Tout comme ils ont déjoué les manœuvres israéliennes pour provoquer une guerre civile entre leurs diverses factions. Et toutes les décisions actuelles de Sharon, en bombardant avec les F16 Ahmed Yassine puis Mahmoud Zahar et en choisissant d’expulser Arafat ou même de l’éliminer, ne sont que l’indice du désespoir dans lequel se trouve le Premier ministre israélien face à l’échec de sa stratégie de guerre interne. Un peu comme ce qu’il avait tenté au Liban, et là aussi, il a dû faire face à une unité populaire. Je vous le dis, lorsque la résistance est appuyée par les gens ordinaires, par la population, elle ne peut être vaincue. »
Nasrallah s’est ensuite attardé sur le rôle des médias dans la résistance et dans la mobilisation des populations, faisant remarquer que l’administrateur américain en Irak avait demandé la fermeture des bureaux à Bagdad de certaines chaînes arabes tant il craignait leur influence. « En fait, les États-Unis prétendent être une grande démocratie, alors que c’est la pire de toutes. Lorsque leurs médias font des interviews de résistants, ils leur font un tel montage que le résultat est totalement contraire aux propos initiaux. Alors que nos médias respectent les propos de leurs responsables et sollicitent fréquemment des entretiens, sans jamais les déformer. Les médias occidentaux sont totalement manipulés. »
Tout en insistant sur son attachement à la liberté de presse, sayyed Nasrallah a émis quelques suggestions pour une approche, selon lui, plus efficace de la cause palestinienne dans les médias arabo-musulmans. « Il faudrait d’abord établir un équilibre entre l’image de la victime et celle du héros. Parler toujours des victimes pourrait entraîner une sorte de désespoir. Au contraire, il faudrait essayer toujours de donner de l’espoir aux Palestiniens en leur montrant qu’une victoire est possible. C’est un peu comme au Liban. Il y a toujours un débat sur l’utilité de la résistance, alors qu’elle a déjà gagné. Il faudrait aussi faire attention à la terminologie utilisée qui influt sur le moral des résistants : parler de martyrs au lieu de morts palestiniens est très important pour les vivants. »
Nasrallah a critiqué certains dirigeants arabes qui, s’ils n’obtiennent pas satisfaction sur certains points, préfèrent suspendre leur participation dans toutes les causes arabes. « Il faudrait que le problème de la Palestine reste en dehors des conflits interarabes. Je le dis en toute conviction : l’intérêt national syrien, libanais, jordanien, entre autres, commande à ces pays d’appuyer l’intifada. C’est aussi vrai pour les autres régimes arabes. En défendant la Palestine, ils se défendent eux-mêmes. S’ils veulent fermer les yeux pour des considérations qui leur sont propres, ils doivent savoir quand même que là où il y a des Américains, il y a aussi des Israéliens. Mais au lieu de les combattre un peu partout là où ils se trouvent, qu’ils concentrent leurs efforts sur l’appui à la Palestine. »
Le secrétaire général du Hezbollah a aussi appelé les médias arabes et musulmans à résister aux pressions occidentales qui se manifestent sous différentes formes, souhaitant que toutes ces idées fassent l’objet de débats approfondis pendant le congrès.
Celui-ci a d’ailleurs entamé ses travaux dans l’après midi d’hier. Et il continuera aujourd’hui et demain, avec des interventions de personnalités du monde de l’information arabe, musulman et international. Une grande initiative de la chaîne al-Manar, qui veut ainsi s’imposer sur la scène médiatique, mais aussi une grande nécessité pour les journalistes de la région qui doivent réfléchir sur les moyens d’offrir une information plus complète et plus efficace.
Scarlett HADDAD
Comme d’habitude, c’est le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui a fait l’événement. À la séance d’ouverture du congrès des médias arabes et musulmans en appui à l’intifada, organisé par la chaîne al-Manar, c’est lui qui a prononcé le discours le plus percutant, donnant même des suggestions pour une « information arabo-musulmane...