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Baabda-Aley - Le nouveau député Henri Hélou a fait les frais des maladresses de Joumblatt La surprise du scrutin partiel : un faible taux de participation de l’électorat chrétien

Certains observateurs s’étaient aventurés à prédire une surprise dans le scrutin partiel de Baabda-Aley. La surprise s’est produite, non pas au niveau de l’identité du vainqueur, mais plutôt sur le plan des chiffres enregistrés. Aussi bien le taux de participation (près de 24 pour cent) que le score obtenu par les deux principaux candidats (28 567 voix pour Henri Hélou contre 25 291 voix pour Hikmat Dib, soit 3 276 voix d’écart uniquement, selon les résultats officiels) reflètent une donne politique qui ne manquera pas d’avoir un impact sur la scène locale, plus particulièrement dans la perspective des élections législatives de 2005.
La grande déception de cette élection du 14 septembre aura été le taux de participation. Nul ne s’attendait à ce que les électeurs druzes et chiites se mobilisent en masse pour une bataille qui ne paraissait pas visiblement les passionner, puisque le siège à pourvoir revenait à la communauté maronite. Mais cette considération ne peut expliquer à elle seule la désaffection de l’électorat druze et chiite (près de 18 pour cent des électeurs chiites se sont rendus aux urnes, contre un peu plus de 21 pour cent chez les druzes).
Ce faible taux de participation serait dû, côté druze, à une grogne perceptible depuis quelque temps dans les rangs des partisans du PSP du fait de la crise socio-économique et de la passivité du pouvoir à cet égard. Confirmant publiquement ce malaise, le ministre Ghazi Aridi a souligné hier, à sa sortie du bureau de vote, que le peu d’enthousiasme manifesté par les électeurs joumblattistes s’explique par la négligence, en matière de développement, dont sont victimes, selon lui, les localités de la montagne. L’absentéisme aurait constitué ainsi un « message » de mécontentement adressé au pouvoir.
Au plan chiite, le Hezbollah et le mouvement Amal – qui ont soutenu M. Henri Hélou – n’ont visiblement pas été suffisamment motivés par cette bataille engageant un siège maronite, d’une part, et des candidats qui, politiquement, n’ont pas beaucoup d’atomes crochus avec ces deux formations, d’autre part.
Mais c’est au niveau chrétien que le taux de participation a créé la surprise (un peu plus de 22 pour cent). La participation d’un candidat du courant « aouniste » au scrutin et l’appui dont M. Hikmat Dib a bénéficié de la part de plusieurs personnalités et fractions de l’opposition chrétienne semblaient avoir provoqué, pour la première fois, une large mobilisation au niveau de l’électorat chrétien. Et c’est sur base de cette mobilisation apparente que certains observateurs prédisaient une surprise. Les chiffres ont toutefois démenti les prédictions. Cette faible participation pourrait s’expliquer par l’impact négatif qu’ont eu les divergences de vues apparues entre les principaux leaders de l’opposition chrétienne concernant le déroulement du scrutin. La leçon évidente à tirer pour la consultation générale de 2005 – et le scrutin partiel du Metn l’a prouvé d’une manière éclatante – est que l’opposition chrétienne se doit de présenter un front uni pour mettre toutes les chances de son côté face au pouvoir et ses alliés.
Quant au score respectif obtenu par MM. Hélou et Dib, il peut donner lieu à plusieurs commentaires. Force est de relever, d’entrée de jeu, que le report des voix dont a bénéficié M. Hélou ne reflète pas d’une manière rigoureuse le profil politique du nouveau député de Aley. M. Hélou – et il faut appeler les choses par leur nom – a fait le plein des voix druzes et n’a obtenu qu’un très faible pourcentage de voix chrétiennes. D’une certaine façon, il a fait les frais à ce propos de la maladresse du leader du PSP, Walid Joumblatt, qui s’est empressé de désigner son candidat – en l’occurrence M. Hélou – quelques jours à peine après le décès de Pierre Hélou, et sans prendre la peine de consulter au préalable les parties chrétiennes concernées ou, du moins, sans attendre que celles-ci se prononcent sur le choix d’un candidat. M. Joumblatt a paru ainsi vouloir imposer, d’une manière unilatérale, le successeur de Pierre Hélou, se comportant comme si la circonscription de Baabda-Aley était « sa » région, au sein de laquelle il prenait seul les décisions, en faisant fi des autres acteurs politiques et communautaires.
Le chef du Législatif, Nabih Berry, a reconnu il y a quelques jours cette maladresse qui s’est répercutée négativement sur le report des voix chrétiennes sur M. Hélou. Cette situation est d’autant plus injuste à l’égard du nouveau député de Aley que Pierre Hélou était politiquement assez proche du camp chrétien. Il avait été en 1988 le candidat des Forces libanaises à la présidence de la République et, ensuite, au poste de Premier ministre du gouvernement transitoire qui devait être formé à la fin du mandat du président Gemayel.
M. Hélou a peut-être aussi fait les frais des propos tenus quelques jours avant le scrutin par M. Joumblatt qui s’en était pris violemment – sans doute pour mobiliser l’électorat druze – au président Béchir Gemayel et au général Michel Aoun. Le leader du PSP a ainsi contribué à polariser le partage des voix sur une base confessionnelle, alors que l’appui du président Gemayel et du parti Kataëb à M. Hélou ainsi que l’attitude neutre de M. Dory Chamoun et de certains membres du Rassemblement de Kornet Chehwane avaient réussi à écarter le danger d’une telle polarisation.
Mais indépendamment de ces considérations, une constatation s’impose aussi : le score enregistré par le candidat « aouniste » est plus qu’honorable. D’autant que M. Dib faisait face à une très large coalition – sans précédent en ce genre de circonstances – regroupant le PSP, le parti de Talal Arslane, le PSNS, le Hezbollah, le mouvement Amal, sans compter le président Gemayel et le parti Kataëb. Le courant « aouniste » s’impose donc, désormais, comme un acteur de poids sur la scène électorale. Encore faut-il qu’il sache capitaliser – et avec lui l’opposition chrétienne dans son ensemble – sur ce nouvel acquis politique.

Michel TOUMA
Certains observateurs s’étaient aventurés à prédire une surprise dans le scrutin partiel de Baabda-Aley. La surprise s’est produite, non pas au niveau de l’identité du vainqueur, mais plutôt sur le plan des chiffres enregistrés. Aussi bien le taux de participation (près de 24 pour cent) que le score obtenu par les deux principaux candidats (28 567 voix pour Henri Hélou...