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SOCIÉTÉ - Une Japonaise à Beyrouth retrouve ses racines Soraya Umewaka, un mélange détonnant! (photo)

Étonnant, détonnant mélange qui pourrait se résumer en deux mots, ses nom et prénom. Soraya Umewaka est née de père japonais et de mère libanaise. Mais ce n’est pas la seule chose qui la rend aussi intéressante. Portrait d’une jeune fille de 20 ans, bien dans sa peau, venue retrouver ses racines libanaises et qui mêle avec justesse tradition et modernité. Au menu, sushi et taboulé !
Elle dit que ça se remarque, que là-bas, au pays du Soleil Levant, ses compatriotes voient bien qu’elle n’est pas à cent pour cent japonaise. Les yeux, dit-elle, en souriant, le sourire, peut-être, « ça se sent, je ne saurais l’expliquer ». Pour nous, Soraya est un pur produit japonais, les traits, la politesse et l’humilité. Qui penserait que circule en elle du sang libanais ? « Je sens que j’ai des racines libanaises. Ma mère nous a appris, à mon jeune frère et à moi, à dire non, à ne pas nous résigner aux décisions imposées, à mettre en doute l’autorité, à communiquer nos sentiments et montrer de l’affection.» Un zeste d’indiscipline dans un univers de rigueur et d’austérité. « Mon frère est beaucoup plus libanais que moi ! » précise-t-elle. La mère, Marie-Madeleine, née Abdel-Jalil, a rencontré l’homme de sa vie lorsqu’elle a quitté le Liban, à quinze ans, pour cause de guerre, à destination du Japon. Pourquoi le Japon ? Pour rejoindre sa sœur, Marie-Rose, qui avait épousé un banquier japonais, rencontré lors du passage de ce dernier au Liban ! « Mes parents se sont connus à l’école internationale de Kobe et se sont mariés en 1982 » Madeleine, une femme de caractère, une vraie Libanaise, en somme, accepte donc de prendre pour époux Naohiko Umewaka, un vrai Japonais, en somme, issu d’une famille traditionnelle japonaise. De cette union, en kimono traditionnel, naîtront Soraya et Naotomo.

Tradition et modernité
Le père, Naohiko, est professeur d’art et de théâtre à l’Université de Tokyo et un maître de théâtre nô. Un théâtre proche du chant et de la danse, qui ressemblerait à un poème déclamé et mimé, usant de masques et autres costumes en soie très anciens. Un art qu’il a acquis de ses ancêtres Umewaka et retransmis à sa fille, qui représente la quatorzième génération. « Mon père m’a appris cet art très tôt. J’étais sur les planches du Théâtre national nô dès l’âge de trois ans. Je suis une des rares filles à le faire. » Une discipline enfin, une tradition perpétuée depuis 600 ans et qui requiert une importante préparation physique et mentale. « On s’entraîne même à marcher ; chaque geste se doit d’être très précis, car il a une symbolique et une signification particulière ». À sept ans, Soraya s’embarque pour l’Angleterre avec sa famille, « mon père devait faire son doctorat en théâtre et art». Quatre années plus tard, c’est le retour. « C’était dur, il a fallu se réadapter à la culture et apprendre la langue. À l’école, on me traitait d’étrangère ». Mais lorsque Soraya, qui tient de sa mère la force de caractère, de son père la maîtrise de soi, décide d’intégrer une école privée, pour pouvoir passer son bac international, « la directrice a essayé de me dissuader ». Trop difficile, lui affirme-t-elle, vous ne réussirez pas. La jeune fille insiste, présente les examens, réussit brillamment et est admise à l’Université de Princeton où elle vient de passer en deuxième année. « Les deux premières années sont générales. Plus tard, j’aimerais, dit-elle, avec cette douceur typique, m’occuper d’enfants victimes de guerres, de négligence ou d’abandon. Je cherche encore le moyen le plus intelligent de le faire. Sans doute à travers des organisations internationales qui travaillent dans le domaine du développement. » C’est un peu pour cette raison que Soraya est partie pour l’Afghanistan, en mai dernier. Elle y a passé plus de deux mois, grâce à l’initiative d’une organisation qui s’occupe d’y construire des écoles. Là-bas, elle a observé, s’est émue, puis a pensé aux moyens de préserver l’héritage culturel et de protéger l’enfance. Le moment viendra, pense-t-elle, où elle sera plus efficace. En attendant, elle monte les dernières images filmées sur place, témoins de cette aventure fort enrichissante.
« Je ne me vois pas comme quelqu’un qui possède deux moitiés de culture, conclut enfin cette jeune fille exceptionnellement mûre et calme, mais comme une personne qui a la chance de vivre deux cultures, à l’opposé l’une de l’autre. J’aime la possibilité d’avoir deux perspectives ; en les combinant, je trouve mon propre chemin. » Aujourd’hui, son chemin passe par le Liban, « c’est ma huitième visite », où elle vient de partager deux semaines de vacances en compagnie de ses oncles, grand-mère et cousins. Est-ce qu’elle épouserait un Libanais ? « Pourquoi pas, si la communication et le respect existent, il n’y a aucun problème ». À condition d’apprendre l’arabe !

Carla HENOUD
Étonnant, détonnant mélange qui pourrait se résumer en deux mots, ses nom et prénom. Soraya Umewaka est née de père japonais et de mère libanaise. Mais ce n’est pas la seule chose qui la rend aussi intéressante. Portrait d’une jeune fille de 20 ans, bien dans sa peau, venue retrouver ses racines libanaises et qui mêle avec justesse tradition et modernité. Au menu, sushi...