Rechercher
Rechercher

Actualités

JEUNESSE - Cinquante militants écologistes de neuf pays se sont retrouvés au Liban L’arbre en Méditerranée: une rencontre placée sous le signe du cèdre (photos)

C’est sous le signe de la préservation de l’arbre, notamment du cèdre, qu’une cinquantaine de jeunes militants écologistes de neuf pays méditerranéens ont participé au Liban à une rencontre euro-méditerranéenne, organisée du 1er au 8 août, avec l’assistance technique et financière de l’Union européenne. L’ONG écologique libanaise organisatrice, Green Line, a préparé un programme très dense aux jeunes et aux chefs de délégation, afin de leur donner une idée des problèmes écologiques que connaît le pays, des efforts fournis en matière de lutte contre les incendies et des campagnes menées pour la préservation de l’héritage naturel et culturel, pour la dénonciation du danger des carrières, de la pollution de l’air et de l’absence de parcs naturels et de plages publiques.
S’éloignant des purs exposés théoriques, Green Line a fait visiter aux délégations des forêts du Liban, notamment celle de Kobeyate, qui a particulièrement souffert des incendies, et la cédraie du Chouf. Les militants ont entrepris une action symbolique près de la forteresse de Moussailaha (autoroute de Chekka, Liban-Nord), un site historique qui n’a pas été épargné par l’activité dévastatrice des carrières, en formant une chaîne humaine autour du château. Pour ce qui est de la pollution de l’air, les groupes ont pu visiter Chekka, avec ses nombreuses cimenteries, et s’informer sur la campagne en faveur des moyens de transport écologiques menée par Green Line. Enfin, un passage à la forêt des Pins, très bien réhabilité mais toujours fermé au public, et à la plage de Ramlet el-Baïda, aujourd’hui ouverte gratuitement à la population mais sans que son statut de plage publique ne soit définitivement acquis, aura permis de soulever la question des droits fondamentaux des citoyens à l’accès aux côtes et aux espaces verts.
Alain Guéraud, chef de la délégation française, travaillant au sein du ministère français de la Jeunesse et des Sports, explique que le Programme jeunesse dans le cadre duquel s’est déroulée la rencontre est intégré dans le programme Euromed, couvrant aujourd’hui 25 pays dont ceux de l’Est du bassin méditerranéen. « Ces rencontres s’organisent autour d’une thématique particulière, un échange de jeunes qui fait participer au minimum quatre pays, dont deux de l’Union européenne », dit-il.
En quoi consistent pratiquement les échanges ? « La rencontre se déroule dans un pays donné, pour une période de six jours minimum », souligne M. Guéraud. « Il faut qu’il y ait un nombre équivalent de participants pour chaque pays, à condition qu’ils ne dépassent pas les 50 ou 60 personnes. Les activités sont prévues de façon à permettre les échanges directs entre les participants. Une évaluation est ensuite effectuée par les responsables d’associations qui ont encadré les jeunes, âgés de 18 à 25 ans. » À noter que les jeunes qui ont participé à la réunion viennent d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, de France, de Grèce, de Tunisie, d’Égypte, de Jordanie et bien entendu du Liban.
Il y a trois ans déjà que les thèmes adoptés sont en relation avec l’environnement. Pour le Liban, quand le dossier de Green Line a été approuvé, grâce à l’action de l’association française ALTEA auprès de Bruxelles, l’idée qui s’est imposée est celle du cèdre, l’emblème du pays, et, de façon plus générale, l’arbre dans l’espace euro-méditerranéen.

Des campagnes pour
les droits fondamentaux
Interrogé sur ses impressions à l’issue des tournées dans les régions, Luigi Cantelli, responsable de la délégation italienne et professeur à l’Université de Bologne, déclare : « Nos tournées ne se sont pas limitées à la visite des forêts de cèdres. J’ai personnellement apprécié les explications sur les campagnes en faveur de l’accès libre aux jardins et aux plages. »
La réaction des jeunes militants durant les tournées, c’est Guylaine Tappaz, journaliste et chef de la délégation allemande, qui l’a décrite. « Ils étaient parfois choqués par la vue des ordures au bord des routes ou des rivières », raconte-t-elle. « Mais le contact s’est très bien passé entre les jeunes des différents pays. » Elle souligne le contraste entre la revendication de droits additionnels en Allemagne, comme des pistes cyclables supplémentaires dans les villes, alors que certains droits fondamentaux font l’objet de campagnes au Liban. « Mais l’éveil à l’écologie n’est jamais définitivement acquis, note-t-elle, il faut toujours le recommencer avec les nouvelles générations. »
Interrogé sur une éventuelle harmonisation des normes environnementales entre l’UE et les pays de l’Est du bassin méditerranéen, notamment le Liban, Ziad Moussa, vice-président de Green Line et organisateur de cette rencontre, explique que « cela commence à se mettre en place ». « À titre d’exemple, poursuit-il, les normes européennes en matière d’alimentation sont définies. D’où le fait que tous ceux qui désirent exporter vers l’Europe doivent les respecter. »
Il ajoute : « Pour ce qui est de la Méditerranée qui est une responsabilité partagée, il ne faut pas oublier que les trois plus grands pays, la France, l’Italie et l’Espagne, sont responsables de 75% de la pollution, notamment industrielle. En gros, une dizaine de pays produisent 90% de cette pollution. Mais c’est cette prise de conscience collective qui est intéressante. »
Président fondateur de l’Association des habitants d’el-Mourouj, en Tunisie, Adel Azzabi a considéré que la situation des forêts du Liban est plus délicate que celle de son pays, notamment en matière de lutte contre les incendies. « La Direction des forêts est bien organisée en Tunisie, un héritage de la France qui, à l’époque, avait mis en place un début de système », révèle-t-il. « Au Liban, il est indispensable de préserver les cèdres. C’est un arbre qu’on ne trouve pas partout, un symbole du pays. » Il évoque un souci partagé entre le Liban et la Tunisie, qui ferait l’objet d’une éventuelle coopération, celui de l’éducation à l’environnement, ou « comment toucher les jeunes et leur faire comprendre que la qualité de vie dépend de l’environnement dans le sens le plus large ».
Enfin, quel est l’impact d’une telle activité sur les jeunes militants libanais ? « Nous sommes très conscients que les écologistes passent par une période de lassitude, répond M. Moussa. Constater chez les autres l’intérêt suscité par leurs activités ne peut que les motiver. D’un autre côté, il faut savoir que l’image du Liban est quelque peu erronée chez les Européens. Nous contribuons à montrer la beauté humaine et naturelle du pays. Enfin, il est important d’instaurer un dialogue de vie, qui implique des visites de part et d’autre des pays et une découverte des cultures mutuelles qui, seule, peut assurer une stabilité durable dans la région. »

Suzanne BAAKLINI
C’est sous le signe de la préservation de l’arbre, notamment du cèdre, qu’une cinquantaine de jeunes militants écologistes de neuf pays méditerranéens ont participé au Liban à une rencontre euro-méditerranéenne, organisée du 1er au 8 août, avec l’assistance technique et financière de l’Union européenne. L’ONG écologique libanaise organisatrice, Green Line, a...