Rechercher
Rechercher

Actualités

Diplomatie - Lecourtier appelle à la reconnaissance du Conseil de gouvernement transitoire Intensification des tractations à Beyrouth sur l’avenir de l’Irak (photo)

Les tractations sur l’avenir de l’Irak se sont intensifiées dans la région, et donc au Liban, à la veille de la conférence ministérielle arabe du Caire, qui doit notamment examiner la question de la reconnaissance par les divers États arabes du Conseil de gouvernement transitoire, ce dernier tenant lieu depuis sa formation, en juin, de pouvoir exécutif à Bagdad.
Reçu hier par le Premier ministre, Rafic Hariri, l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, a explicité la position de son pays à cet égard, invitant les Arabes à reconnaître ce Conseil. L’ambassadeur des États-Unis, Vincent Battle, devait lui aussi examiner la question irakienne avec le chef de l’État, Émile Lahoud, et le vice-président du Conseil, Issam Farès.
À l’issue de son entretien au Grand Sérail avec M. Hariri, M. Lecourtier a noté, dans une déclaration à la presse, que cette rencontre survenait après son retour de France où il avait participé, aux côtés de tous les chefs des missions françaises à l’étranger, à la conférence des ambassadeurs, qui se tient annuellement sous l’égide du président Jacques Chirac.
Lors de cette conférence, M. Chirac avait, outre la question de l’Irak, défendu une nouvelle fois le principe d’une intégration plus consistante du Liban et de la Syrie dans la « feuille de route » élaborée par le quartette international (Onu, États-Unis, Union européenne et Russie) en vue d’instaurer la paix au Proche-Orient.
Cependant, M. Lecourtier a précisé que son entrevue avec le chef du gouvernement a principalement été consacrée à l’Irak et à la position de Paris sur les derniers développements à ce sujet.
L’ambassadeur a expliqué que son pays se refusait à envisager la situation actuelle en Irak sous le seul angle sécuritaire et estimait que le volet politique, portant sur les moyens de rétablir à terme la souveraineté irakienne, devrait avoir la primauté.
Selon lui, l’approche purement sécuritaire de la question, c’est-à-dire ce qui touche à la police et la sécurité militaire, est pour le moment insuffisante pour régler le problème, étant donné sa complexité. Par conséquent, la communauté internationale devrait plutôt favoriser une approche politique, et cela devrait se faire naturellement dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies, ce dernier étant le lieu adéquat pour ce type de négociations, a souligné le diplomate.
La France estime que les Américains ont eu raison de replacer la question irakienne dans le cadre de l’Onu, a poursuivi M. Lecourtier, soulignant que le discours du président George W. Bush, dimanche, était parfaitement clair à cet égard. Il reste toutefois, selon lui, à traduire ces intentions en actes.
Aux yeux de Paris, la souveraineté irakienne doit passer par le biais d’un organisme local. D’où la nécessité de tenir compte des réalités et d’offrir au Conseil de gouvernement transitoire les qualités lui permettant de mettre en chantier le processus de rétablissement de la souveraineté irakienne, a-t-il ajouté.
Prié de dire si la France et l’Allemagne accepteraient de participer à une force internationale sous commandement unique, l’ambassadeur a souligné qu’en dépit de son importance, cette question ne revêtait pas encore un caractère urgent ou immédiat par rapport à l’objectif de rétablissement de la souveraineté. Il a noté à cet égard que M. Hariri a souligné, devant lui, l’importance de l’adoption d’une nouvelle Constitution en Irak, car un tel développement constituerait à n’en pas douter un signe clair de restauration de la souveraineté.
Dans l’immédiat, a enchaîné M. Lecourtier, ce que Paris demande à ses alliés, et notamment à ses amis arabes, c’est de considérer que les membres du Conseil de gouvernement transitoire représentent le peuple irakien. Ils ne disposent pas des caractéristiques légitimes d’un gouvernement définitif, mais ce sont des interlocuteurs nécessaires. Il faut donc leur permettre de jouir d’une position respectable dans les concertations et discussions internationales, de sorte à ce que leur autorité et leur présence soient progressivement reconnues, a-t-il dit.
Soulignant la complexité de ce processus, l’ambassadeur a estimé nécessaire pour l’Onu, la communauté internationale et les États-Unis de le soutenir, et le plus rapidement possible, car, dans le cas contraire, la situation en Irak pourrait devenir encore plus explosive qu’elle ne l’est aujourd’hui.
À propos du conflit israélo-arabe, M. Lecourtier a indiqué avoir examiné avec M. Hariri les derniers développements à ce sujet, soulignant que tous deux étaient d’accord pour estimer que l’existence de l’Autorité palestinienne est préférable à son inexistence et que la désignation d’un nouveau Premier ministre palestinien offre une nouvelle occasion. Aux yeux de Paris, a-t-il ajouté, l’essentiel est de ne pas abandonner la « feuille de route ».
La question irakienne et la situation dans les territoires palestiniens ont également été au centre d’un entretien entre le chef de l’État, Émile Lahoud, et l’ambassadeur américain, Vincent Battle.
Au terme de l’entretien, M. Battle a déclaré avoir informé M. Lahoud de la position de Washington ainsi que des contacts entrepris par les États-Unis avec les pays arabes à la veille de la conférence ministérielle du Caire.
L’ambassadeur a signalé qu’il a également évoqué avec le président de la République la situation au Liban-Sud, à propos de laquelle il a mis l’accent sur la nécessité d’y préserver la stabilité. Les questions intérieures, et notamment les velléités de réforme et de lutte contre la corruption ont aussi été examinées.
M. Battle a été par ailleurs reçu par le vice-président du Conseil, Issam Farès, avec lequel il s’est entretenu de la situation en Irak et dans les territoires palestiniens, ainsi que de questions libanaises.
Les tractations sur l’avenir de l’Irak se sont intensifiées dans la région, et donc au Liban, à la veille de la conférence ministérielle arabe du Caire, qui doit notamment examiner la question de la reconnaissance par les divers États arabes du Conseil de gouvernement transitoire, ce dernier tenant lieu depuis sa formation, en juin, de pouvoir exécutif à Bagdad.Reçu hier...