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Commémoration - Un large éventail de personnalités et de pôles de l’opposition à la messe en mémoire des martyrs FL Sethrida Geagea : Face à la conjoncture régionale, nous ne misons que sur l’entente interne (photos)

C’est en présence d’un très large éventail de personnalités religieuses et politiques – dont neuf députés et les principaux pôles de l’opposition – en sus d’une foule estimée à une dizaine de milliers de partisans qu’a été célébrée hier en la basilique Notre-Dame du Liban, à Harissa, la messe solennelle en mémoire des martyrs des Forces libanaises. Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir – qui parrainait la cérémonie – a souligné à cette occasion, dans un message lu en son nom, qu’il est grand temps de « réaliser une réconciliation globale, de tourner la page du passé et d’ouvrir les portes des prisons » (dans une allusion à peine voilée à la libération du leader des FL, Samir Geagea). De son côté, dans un discours prononcé devant la foule de partisans rassemblés sur le parvis de la basilique, Mme Sethrida Samir Geagea a souligné que les FL tendent la main à tous les Libanais pour affronter les difficultés actuelles, précisant sur ce plan que, face à la conjoncture régionale, « nous ne misons que sur une entente interne véritable qui, seule, peut nous aider à surmonter les dangers et consolider notre unité ».
Cette messe en mémoire des martyrs FL a rassemblé pour la première fois des symboles de l’opposition, qui s’étaient abstenus d’assister aux précédentes cérémonies religieuses organisées pour la même circonstance les années précédentes. La présence du leader du Parti national libéral, Dory Chamoun, a notamment attiré l’attention des observateurs, et pour cause : le pouvoir avait accusé au début des années 90 les FL d’avoir assassiné son frère Dany, chef de la milice du PNL. Le leader des FL avait été jugé et condamné dans cette affaire, mais M. Chamoun n’a jamais avalisé explicitement cette accusation contre les FL Le portrait de Dany Chamoun figurait d’ailleurs, comme lors des cérémonies précédentes en mémoire des martyrs FL, en bonne place sur le mur intérieur de la basilique où avaient été accrochés également le portrait du président-martyr Béchir Gemayel (en face de celui de Dany Chamoun) ainsi que vingt immenses banderoles bleues portant les inscriptions, en blanc, des noms des 5 000 martyrs FL tombés lors des différentes phases de la guerre libanaise.
Autres présences remarquées, celles de Mme Solange Béchir Gemayel et son fils Nadim, MM. Georges Haoui, Fouad Abounader, ancien chef des FL, Sami Amine Gemayel, et le général Nadim Lteif, représentant personnellement le général Michel Aoun. Le courant « aouniste » était représenté, en outre, par M. Hikmat Dib, candidat à l’élection partielle de Baabda-Aley, qui était accompagné d’une importante délégation de cadres du Courant patriotique libre. Au premier rang de l’assistance, on notait aussi la présence des députés Nayla Moawad, Farès Souhaid, Mansour el-Bone, Salah Honein, Antoine Ghanem, Farid el-Khazen, Nehmetallah Abi Nasr, Georges Frem et Ghassan Moukheiber (voir par ailleurs la liste des présents).
Les 3 000 places assises étaient, en outre, occupées par les familles des martyrs et par d’anciens membres et responsables FL. En dehors de la basilique, des milliers de partisans brandissaient les drapeaux FL ainsi que des portraits du patriarche Sfeir, du président-martyr Béchir Gemayel et de M. Samir Geagea.
La messe a été célébrée par Mgr Choucrallah Harb – représentant, le patriarche maronite –, en présence de plusieurs évêques et des représentants des principales communautés chrétiennes. La cérémonie a été retransmise en direct par la LBC et Radio Liban libre.

Le message de Sfeir
Après la lecture de l’Évangile, Mgr Youssef Tok a donné lecture du message du patriarche Sfeir qui a notamment invité les familles des martyrs à réfléchir au sacrifice de leurs fils « qui ont donné leur vie pour défendre le Liban, afin qu’il reste libre et souverain ». « Ne videz surtout pas leur sacrifice de son sens en vous laissant entraîner dans des dissensions et des querelles stériles », a souligné le cardinal Sfeir.
Et le patriarche maronite d’ajouter : « Nous avons suffisamment enduré du fait des divisions et des dissensions. Il est grand temps d’unifier les rangs et de faire converger les volontés. Le pays ne pourra se redresser qu’en unifiant les efforts de tous ses fils. Nous ne pourrons mettre fin à la situation dans laquelle nous nous trouvons que si nous œuvrons tous ensemble pour atteindre un même objectif. »
« L’expérience des événements a été très dure, a conclu le cardinal Sfeir. Certains d’entre vous continuent de payer un prix très lourd. Ils sont soit forcés à l’exode, soit poursuivis, soit maintenus en prison. Nous souhaitons aboutir à une réconciliation globale afin de tourner la page du passé, de dépasser les rancunes et d’ouvrir les portes des prisons, de sorte que les Libanais puissent s’engager sur une nouvelle voie en faisant preuve de solidarité. »

Le discours
de Sethrida Geagea
À l’issue de la cérémonie religieuse, Mme Sethrida Geagea s’est rendue sur le parvis de la basilique où elle a prononcé, devant la foule de partisans, un discours dans lequel elle a rendu hommage à la mémoire des martyrs FL « et à leur tête, le président Béchir Gemayel ». Évoquant les épreuves endurées par le leader des FL, maintenu en détention depuis neuf ans, Mme Geagea a souligné que M. Geagea a préféré « sacrifier sa liberté personnelle pour ne pas vivre en exil ».
Mme Geagea a, d’autre part, rappelé que les FL avaient été à l’avant-garde de ceux qui s’étaient engagés sur la voie du rétablissement de la paix civile, de même qu’elles avaient été les premières à aider l’État à rétablir son autorité dans le pays, conformément à l’accord de Taëf. « Mais le déséquilibre national, l’absence de réconciliation interne, l’approbation de lois électorales façonnées sur mesure pour satisfaire certaines parties, ainsi que la justice sélective n’ont entraîné que des désastres pour le pays, a déclaré Mme Geagea. Lorsque le “hakim” (le chef des FL) est entré en prison, le pays a connu une ère de déséquilibre qui a eu pour effet de tenir une partie des Libanais à l’écart des affaires étatiques. Ces Libanais ont été empêchés de participer à l’édification de l’avenir de leur pays. C’est ce déséquilibre qui a fait que la population ne pouvait réclamer des comptes (aux dirigeants). »
Et Mme Geagea d’ajouter : « Seul le citoyen est en droit de réclamer des comptes. À cette fin, les citoyens doivent pouvoir choisir leurs représentants (...). La patrie ne peut être édifiée par les pressions, la haine ou la violence. Nul ne peut édifier une patrie en marginalisant une fraction au profit de l’autre ou en refusant de reconnaître son existence (...). Nous assistons avec tristesse aux épreuves qu’endure le pays sur les plans politique, économique et social, mais nous ne nous laissons pas entraîner dans le désespoir. Nous sommes inquiets face à la conjoncture régionale et ses retombées dans le pays, à l’ombre des incertitudes qui nous entourent. Mais nous ne misons que sur l’entente interne véritable, seule susceptible de consolider notre unité et d’affronter les dangers. Nous sommes inquiets face aux retombées de la conjoncture régionale, mais nous ne nous réjouissons pas des malheurs des autres, car nous ne souhaitons pas que l’édifice s’effondre sur nos têtes à tous. »
Et Mme Geagea de conclure : « Alors que le pays est le théâtre de surenchères, de tiraillements et de querelles stériles, nous continuons à faire l’objet d’un traitement spécial qui consiste à nous isoler et à nous opprimer sans relâche. Mais nous sommes habitués à résister face aux tentatives d’intimidation (...). Nous tendons la main à tous les Libanais pour affronter les difficultés internes et les dangers qui menacent la région. Nous devons œuvrer ensemble afin d’édifier l’État de droit et des institutions démocratiques stables. Nous devons œuvrer ensemble pour restaurer l’indépendance, la liberté et la souveraineté, pour réactiver le rôle du Liban, comme l’a relevé l’Exhortation apostolique. Nous lançons un appel en vue de tourner la page des conflits, tous les conflits, afin que le “hakim” sorte de prison, pour que le Liban redevienne la patrie de la justice, de la liberté et de l’égalité entre tous. »
C’est en présence d’un très large éventail de personnalités religieuses et politiques – dont neuf députés et les principaux pôles de l’opposition – en sus d’une foule estimée à une dizaine de milliers de partisans qu’a été célébrée hier en la basilique Notre-Dame du Liban, à Harissa, la messe solennelle en mémoire des martyrs des Forces libanaises. Le...