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Actualités

Il y a un an, la MTV

Le président Émile Lahoud a agréablement surpris beaucoup de Libanais, de plus en plus sceptiques au vu de la crise politique et économique qui ravage le pays, en se rendant ces dernières semaines sur plusieurs chantiers pour y inspecter les travaux en cours. Une initiative que certains observateurs n’hésitent pas, sans doute à raison, à désigner comme le coup d’envoi de la campagne de reconduction du mandat Lahoud, placée sous le slogan de « la réforme ».
Durant les quelques mois qui avaient suivi son élection en novembre 1998, Émile Lahoud avait effectué des démarches similaires, faisant des apparitions surprises dans les différentes administrations pour veiller à la bonne marche du travail. Démarches qui avaient donné de lui, à l’époque, l’image, sérieusement écornée depuis, d’un Fouad Chéhab de l’après-guerre.
Combien d’occasions ratées, durant ces cinq années, pour le chef de l’État de se démarquer du climat tantôt milicien, tantôt affairiste, entretenu au sein des institutions. D’être un président de la République dans la pleine acception du terme, c’est-à-dire le président de tous les citoyens, égaux en droits civils et politiques devant la justice et devant l’État.
L’une de ces occasions manquées était la fermeture de la chaîne de télévision d’opposition MTV, le 4 septembre 2002, une violation flagrante des principes de base définis par le régime dans le cadre du discours d’investiture. Et pour cause: la MTV avait réussi, au cours des deux dernières années de son existence, à réintégrer toutes les parties, notamment chrétiennes, exclues depuis 1992, au sein du système politique libanais, en leur offrant une tribune qui leur était jusque-là – et qui leur est à nouveau – refusée et en les incitant à participer à la partielle du Metn derrière le candidat Gabriel Murr. La tendance la plus radicale au sein de l’opposition, représentée par le courant aouniste et les Forces libanaises, avait alors rompu un boycottage de la vie publique vieux de dix ans.
Représenter à nouveau l’opposition chrétienne au sein des institutions est une idée qui a par ailleurs servi de prétexte à M. Karim Pakradouni pour trouver le chemin du Conseil des ministres. À la seule différence que M. Pakradouni a fait beaucoup de concessions pour concrétiser son idée, en devenant notamment l’un des défenseurs les plus acharnés de l’insupportable tutelle syrienne. Une approche qui contraste avec celle de la MTV, laquelle avait cherché à maintenir une ouverture en direction du discours de l’opposition, favorable à des réformes, non seulement administratives et économiques, mais politiques, au niveau du système en tant que tel: retrait syrien, rétablissement de la souveraineté et de l’indépendance, droit à l’opposition, fin des abus des services de renseignements. Une entreprise d’ouverture qui avait réussi à réinsérer, une bonne fois pour toutes, l’opposition à l’intérieur du jeu politique – la candidature du aouniste Hikmat Dib à la partielle de Baabda-Aley en est la preuve la plus éclatante.
En œuvrant à la fermeture de la MTV, le régime a détruit un agent de participation, et donc de stabilisation, au sein de la vie politique libanaise. Il a par ailleurs sérieusement ébranlé la possibilité de réformes politiques, et partant, économiques et administratives. Lesquelles sont interdépendantes, contrairement aux idées rapportées dans certains milieux loyalistes.
Avec la fermeture de la MTV, le régime, le gouvernement, la présidence de la Chambre, les députés, la justice ont voulu transmettre un message, par action ou par omission : le système n’est dévolu qu’aux tenants d’une seule coloration, qu’aux pèlerins d’un seul chemin : celui de Damas.
Michel HAJJI GEORGIOU
Le président Émile Lahoud a agréablement surpris beaucoup de Libanais, de plus en plus sceptiques au vu de la crise politique et économique qui ravage le pays, en se rendant ces dernières semaines sur plusieurs chantiers pour y inspecter les travaux en cours. Une initiative que certains observateurs n’hésitent pas, sans doute à raison, à désigner comme le coup d’envoi de...