Dans ce qui ressemble fort à un plaidoyer, les sources proches de l’ambassade d’Iran à Beyrouth expliquent que le programme nucléaire a commencé à l’époque du chah, sur une impulsion américaine. Mais lorsque la Révolution islamique a pris le pouvoir, elle a poursuivi le programme, dans le cadre du développement économique, en le soumettant à un contrôle strict et continu. L’Iran a donc tenu ses engagements dans ce domaine, maintenant le programme dans le cadre des critères de surveillance internationaux. Si ce programme est si important, c’est surtout parce que les autres sources d’énergie du pays sont en voie d’extinction et que le pétrole est devenu dans les pays en voie de développement une source de problèmes bien plus qu’une source de revenus.
Dans ce contexte, le maintien du programme nucléaire pacifique est un droit légitime. La République islamique a d’ailleurs tenu à ce qu’il soit réalisé dans le cadre d’une coopération internationale, adoptant en permanence une politique de réduction de la tension.
Des signes de bonne volonté
Selon les sources de l’ambassade, l’Iran n’a cessé de multiplier les signes de bonne volonté. Depuis l’avènement de la Révolution islamique, il n’a menacé aucun de ses voisins, subissant au contraire les agressions de l’Irak. L’Iran a ainsi voulu être un facteur de stabilité et à l’heure actuelle, alors que l’Irak souffre d’un manque de cohésion interne, que l’Arabie saoudite est suspecte à cause de l’existence d’el-Qaëda, que l’Inde et le Pakistan sont en perpétuelle rivalité nucléaire, ne serait-il pas préférable de renforcer le rôle stabilisateur de l’Iran ?
En multipliant les pressions sur la Corée du Nord, la Russie, la Chine et l’Iran au sujet des programmes nucléaires, les États-Unis sont en train de transformer l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en organisation politique, fait-on valoir. Et de s’interroger : ne serait-il pas temps pour la communauté internationale de renoncer au langage des menaces et de participer au programme nucléaire iranien aux côtés des Russes ? L’Iran est considéré comme l’un des premiers pays signataires de la convention pour la limitation des armes nucléaires. En le soumettant à de telles pressions, cherche-t-on à le faire sortir de cette convention ? Ce thème constitue aujourd’hui un important sujet de débat au sein de la société iranienne, alors qu’il y a quelques années, il n’était même pas abordé. Mais à mesure que les pressions augmentent, le nombre de citoyens réclamant le retrait de l’Iran de cette convention augmente aussi.
Les sources proches de l’ambassade s’étonnent ainsi de la volonté des États-Unis de renforcer les positions des radicaux au sein de la société iranienne. Elles rappellent que dans son avant-dernier rapport, l’AIEA s’était déclarée satisfaite de la coopération de l’Iran, tout en lui demandant d’accroître ses efforts sur le plan de la limitation du développement nucléaire. Au lieu de critiquer l’Iran, indique-t-on de mêmes sources, il serait sans doute plus utile de l’encourager dans la voie de la coopération. D’ailleurs, la République islamique était en train d’étudier la possibilité de signer le protocole annexe, mais en raison des pressions, cette position devient de plus en plus difficile à défendre auprès de l’opinion publique iranienne. Certes, les responsables iraniens sont conscients que les pressions américaines tournent autour du programme nucléaire, alors qu’en fait, elles visent la position de l’Iran par rapport à l’Irak et à la situation en Palestine. Mais quels que soient les objectifs réels ou déclarés, cette campagne n’aide pas l’Iran à prendre le chemin de la coopération...
Scarlett HADDAD
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