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Actualités

Tribune La réforme administrative

Bien comprise la réforme administrative est une source de valeurs nécessaires à la survie de notre administration. Il faut dégager d’abord la similitude des situations : en 1958, il y a déjà presque un demi-siècle, c’est après une secousse grave subie par le pays que le président Fouad Chéhab avait décidé d’entreprendre une réforme administrative.
À l’époque, le président de la République dirigeait le pays secondé dans son action par un gouvernement composé d’un Premier ministre et de ministres dévoués à la cause, une équipe homogène, compétente et solidaire des décisions arrêtées en conseil sous l’égide de leur président.
Le président Chéhab avait laissé à ses différents successeurs un État structuré, composé des organismes les plus importants, fonctionnant scientifiquement pour assurer une continuité des nouvelles méthodes élaborées et mises en application.
Après les fâcheux événements qui ont frappé notre pays durant environ 15 ans, il faut reconnaître que l’Administration, si elle a été largement paralysée, ne s’est pas mal comportée quand elle le pouvait.
Sur le plan administratif, l’après-Taëf a connu une période néfaste au développement de notre pays dans tous les domaines : le « pouvoir » de décision ayant été partagé entre trois pôles, ce qui a engendré le désordre et, de ce fait, favorisé la corruption...
Pour entreprendre une réforme scientifique, il est recommandé tout d’abord la mise en place d’un organisme qualifié, composé de 3 à 5 membres spécialistes en la matière, compétents et apolitiques.
Mais ce qui prévalait avant la guerre ne l’est plus maintenant, c’est-à-dire qu’il faut envisager de nouvelles méthodes répondant à la conjoncture actuelle et à l’évolution moderne que l’on constate dans les administrations des pays développés.
Je ne veux pas dire par là qu’il faut recourir à l’étranger pour réorganiser notre Administration. Le libanais a toujours fait preuve d’initiative et possède la capacité requise pour mener à bien cette tâche.
L’intervention étrangère dans ce domaine s’est traduite par un échec, dû à une difficulté d’adaptation des méthodes préconisées dans un pays comme le nôtre avec ses coutumes et son infrastructure particulière.
Une réforme globale, rationnelle et scientifique nécessitera, après analyse et études, un budget important, car elle englobe outre les nouvelles constructions ou la remise en état des bâtiments, la formation du personnel, la mécanisation, la mécanographie et l’informatique, la normalisation des imprimés, la standardisation du mobilier, la modernisation du matériel, etc.
Il faut compter un assez long délai, car pour bien faire, tout est à reprendre du début, en particulier dans la période que nous vivons actuellement. Cependant, il existe évidemment des systèmes ou des méthodes pour remédier à une situation désastreuse, dans bien des cas précis, en attendant la mise en application de la réforme globale.
Pour parer au plus vite, à l’état actuel, il est suggéré de procéder à la réorganisation des deux organismes déjà existants : la Fonction publique et l’Inspection centrale.
Les charges et les responsabilités de ces deux organismes ont été définies par des lois et décrets-lois promulgués en leur temps.
À mon avis, si ces deux organismes avaient rempli leurs obligations normalement et avaient bénéficié du soutien indispensable du pouvoir, nous aurions certainement évité une telle dégradation de l’Administration.
Il ne faudrait pas perdre de vue qu’une administration reflète l’image exacte des membres qui la composent à tous les échelons et qui sont, par conséquent, responsables solidairement dans l’accomplissement de leurs tâches ou de leurs devoirs. Les questions qui suivent sont sur toutes les lèvres : Comment assurer encore l’avenir du Liban ? N’est-il pas trop tard ?... Il existe une ultime action qui pourrait être entreprise pour régler notre problème national : une réforme administrative dont la réussite relève de trois facteurs essentiels : dépolitisation effective, gestion structurée et formation dirigée, auxquels j’ajouterai « pouvoir d’exécution ».
Rodolph MANASTERSKI
Ancien conseiller à la Réforme administrative de l’État
Bien comprise la réforme administrative est une source de valeurs nécessaires à la survie de notre administration. Il faut dégager d’abord la similitude des situations : en 1958, il y a déjà presque un demi-siècle, c’est après une secousse grave subie par le pays que le président Fouad Chéhab avait décidé d’entreprendre une réforme administrative.À l’époque, le...