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Plume au vent, glissando



Dans le fabuleux Forrest Gump avec Tom Hanks, un leitmotiv visuel. Une plume d’oie (blanche) glissant gracieusement sur les ailes du vent. Quelque temps auparavant, trois siècles trois quarts, Malherbe connut à peu près le même bonheur. Une nuit, il avait commencé d’écrire : Et Rosette… Un vent coulis avait soufflé sa chandelle, sa main avait dérapé. En rallumant, il vit là sous ses yeux, Et rose, elle… a vécu ce que vivent les roses. Ce qui est infiniment mieux, comme les écoliers le savent pour la vie.
Aujourd’hui la plume, au sens large, fait largement l’opinion. Les journaux se mêlent aux livres, comme aux sondages téléguidés, pour applaudir, dénoncer, polémiquer, orienter. Souvent, ce pouvoir ou ce contre-pouvoir est source d’équilibres, même en se trompant d’objectif. L’Europe face à l’Irak, ou plutôt aux États-Unis, en donne un bon exemple. Ses contractions, ses clivages régulent en quelque sorte sa difficile gestation. Lui donnent sans doute plus d’immunité pour les temps futurs, en la forçant à réfléchir. Ce qui est, sûrement, le principal apport de la plume à l’évolution humaine.
Ici même, la plume répète que la priorité absolue est de s’unir pour faire face aux dangers, aux problèmes que le vent souffle du dehors, au risque d’éteindre la chandelle. Mais cette évidence s’efface, contradiction inévitable, devant la nécessité de rendre compte des turpitudes locales. Ce qui conduit la pensée, l’écrit et le parlé à prendre parti d’une façon ou d’une autre, par la force d’entraînement des choses. Et des machins déraisonnables qui tissent l’événement. Les commentateurs de tous bords retombent sans coup férir, sans même s’en apercevoir, dans le travers premier qu’ils dénoncent. Avec des effets divers, le plus souvent pervers. Comme quoi, la plume propose et la politique dispose. Des fonds, comme de l’avenir, publics. C’est là, finalement, toute la différence entre l’esthétique et la dialectique.
J.I.
Dans le fabuleux Forrest Gump avec Tom Hanks, un leitmotiv visuel. Une plume d’oie (blanche) glissant gracieusement sur les ailes du vent. Quelque temps auparavant, trois siècles trois quarts, Malherbe connut à peu près le même bonheur. Une nuit, il avait commencé d’écrire : Et Rosette… Un vent coulis avait soufflé sa chandelle, sa main avait dérapé. En rallumant, il vit...