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Figures imposées

Dans plusieurs sports, il existe ce que l’on appelle des figures imposées. En concours hippique, en gymnastique, en patinage artistique, en natation synchronisée, au tir aux pigeons. Ou en plongeon. Même chose en politique, discipline de haute voltige. On se souvient de la sorte du fameux « examen » que les candidats libanais à la présidence de la République devaient subir. Un palier plus bas, au niveau de la présidence du Conseil, les épreuves sont moins théoriques, bien plus axées sur les travaux pratiques. Pas tellement, d’ailleurs, une question de savoir-faire que de pouvoir faire. Avec son capital, capital. Les postulants ont ainsi l’avantage de contribuer (c’est le mot) à l’établissement d’un questionnaire implicite. Plus ils s’investissent (c’est encore le mot), plus ils ont des chances de remporter la palme. On comprend dès lors que le régime n’ait pas pu imposer un Hoss ou un Corm, dont la richesse est tout intérieure, plus de deux ans.
Et on comprend encore mieux combien, dans ces conditions, il est normal qu’un prince saoudo-libanais veuille disputer le pouvoir à un roturier (anobli par ses propres mérites) libano-saoudien. En mettant ses pas exactement dans les siens. Au nom, impératif, des fameuses figures imposées.
Le parallèle est saisissant. « Sur cette Fondation, je fonderai mon Sérail. » Ou, plutôt, l’espoir d’y accéder. Rafic Hariri avait jeté les bases de son ascension par une institution de la sorte. Al-Walid ben Talal annonce donc la création d’un organisme caritatif, médical et social. Hariri, principalement par le truchement de son fils Bahaa, a eu le bon goût d’investir en Syrie, par centaines de millions de dollars, dans des projets diversifiés, dont les télécommunications (société al-Barrack). L’émir réplique dans l’hôtellerie : il vient d’annoncer un emprunt de 20 millions de dollars, auprès de banques libanaises, pour activer le lancement, dans un an, d’un palace Four Seasons à Damas. Un projet fabuleux de 100 millions en tout, étalé sur 13 000 mètres carrés. Et qui s’inscrit, selon les propres termes de l’intéressé, dans le cadre d’une solide coopération du Liban avec une Syrie qui tente de relever le défi de l’ouverture économique, en encourageant les investissements. C’est donc, à tout le moins, de l’entraide. Donnant donnant. Dans le cadre d’une concurrence apparemment loyale, puisque al-Walid ben Talal appelle par ailleurs à l’entente entre les dirigeants libanais. Tout en soulignant sa position de challenger, à travers l’affirmation qu’il est soutenu par le président de la République ainsi que par de nombreux ministres. Dans des critiques contre Hariri qui ont un fort parfum, classique, d’ôte-toi-de-là-que-je-m’y-mette.
Une attitude nette et ferme. Mais il lui faudra sans doute patienter. Car en (haute ?) politique, les investissements se font. À long terme.
J.I.
Dans plusieurs sports, il existe ce que l’on appelle des figures imposées. En concours hippique, en gymnastique, en patinage artistique, en natation synchronisée, au tir aux pigeons. Ou en plongeon. Même chose en politique, discipline de haute voltige. On se souvient de la sorte du fameux « examen » que les candidats libanais à la présidence de la République devaient subir....