« Il ne fait pas de doute qu’une réforme administrative nécessite au préalable une décision politique et qu’une certaine classe politique a tout intérêt à ce que l’état de l’Administration reste inchangé afin qu’elle continue à y avoir un rôle », a déclaré M. Pakradouni au terme d’un entretien, à Dimane, avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir.
Son programme, en voie d’élaboration, tend à « briser le cercle vicieux » de la corruption et de sa « couverture politique », a-t-il ajouté, en relevant que tous les fonctionnaires ne sont pas corrompus.
Il a particulièrement insisté sur cette « couverture politique », insistant sur la nécessité de séparer l’Administration du politique « qui la corrompt ». « La bataille est donc politique et ne sera pas facile, mais nous devions démarrer à partir d’un certain point », a-t-il encore dit, soulignant la corrélation entre la réforme administrative et le redressement économique.
M. Pakradouni a jugé difficile la réalisation d’un redressement de l’économie nationale si l’on n’entreprend pas, au préalable, une réforme de l’ensemble des services publics.
Une telle entreprise semble, pour lui, inévitable. « Preuve en est, a-t-il soutenu, que le Liban a perdu huit places au classement du rapport (du Pnud) sur le développement humain, chutant de la 75e place à la 83e. Si nous ne réalisons pas de réformes, nous régresserons davantage pour arriver peut-être à la 100e place. »
M. Pakradouni a également indiqué qu’il n’a pas voulu commenter les deux rapports de l’Inspection centrale et du Conseil de la fonction publique, énumérant une série d’irrégularités au sein de l’Administration, avant de préparer son programme.
Celui-ci, a encore expliqué le ministre, « s’inspirera du discours d’investiture du chef de l’État, le général Émile Lahoud, qui porte sur deux axes. Le premier se rapporte à la sécurité et à la libération, que le président a pu réaliser. Le deuxième a trait aux réformes, au changement et à la lutte contre la corruption. Il est temps de s’y attaquer. Il faudra combattre la corruption comme on combat le terrorisme ».
Après son entretien avec M. Pakradouni, le patriarche a reçu l’ancien ministre d’État pour le Développement administratif, Fouad es-Saad, qui s’est abstenu de toute déclaration à la presse à sa sortie de Dimane, se contentant d’indiquer : « Il n’y a rien d’autre sur la scène libanaise que le dégoût. Que pouvons-nous dire lorsque deux dirigeants, au pouvoir, ne s’adressent pas la parole ? »
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