Ali Baba et les quarante voleurs*

Rapports jumeaux de l’Inspection centrale, de la Fonction publique et de la Cour des comptes. Tirs groupés qui allument l’Administration, corrompue jusqu’à la moelle. Trois pavés dans une mare au diable fangeuse à la George Sand, que le sable du temps ne tardera pas à recouvrir de son voile. Protecteur, mot qui rime avec décideurs.
Boum badaboum splash. Beaucoup de bruit pour rien. Qui entre par une oreille et sort par l’autre. D’ailleurs, on va bien le voir et l’entendre mardi prochain à la Chambre, qui tient une séance de questions-réponses. Beaucoup d’honorables députés vont se déchaîner au sujet de la gangrène politico-administrative. Parmi eux, on trouvera probablement quelques-uns de ces coyotes qui savent si bien hurler avec les loups pour couvrir le tumulte du scandale.
Les chiens de garde ont beau aboyer, les quarante voleurs passent en caravane. Vers la caverne d’un inépuisable Trésor tissé de trente milliards de dollars de dette publique. Qui demain deviendront quarante, puis cinquante et ainsi de suite. Jusqu’au moment fatidique, fatal, où aucun moratoire indulgent, aucun scénario en carton-pâte genre Paris II ne pourra plus nous sauver d’un plongeon argentin, argent comptant.
Il y aura une déferlante d’ONG charitables, non plus pour soigner nos enfants malades, mais pour les nourrir. Juste de quoi ne pas mourir. Ce jour-là, les corrupteurs et les pourris, ce cercle vicieux d’initiés, seront contents.
Allons, on s’est assez défoulé comme ça. Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire, murmurait le poète Arvers.
J.I.

*De Jacques Becker, 1954. Avec... Samia Gamal, évoquée dans le récent Nostalgie de maître Plisson.