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Communautés - Le patriarche chaldéen avait été en 1957 le plus jeune évêque catholique du monde Irak, Palestine et Liban, les trois tragédies vécues par Raphaël Ier Bidawid

Les communautés catholiques au Liban étaient hier sous le choc causé par le décès de Mgr Raphaël Ier Bidawid (81 ans), patriarche de Babylone pour les chaldéens, qui s’est éteint lundi soir à l’hôpital de Bhannès, des suites de complications rénales et cardiaques, après sept mois de lutte contre la maladie.
Originaire de Mossoul, diplômé en théologie à Rome, ordonné prêtre en 1944, après avoir enseigné le français et la théologie morale au grand séminaire de sa ville natale, le patriarche Bidawid avait été nommé par le pape Pie XII évêque d’Amadiya en 1957, devenant ainsi le plus jeune évêque du monde. Entre 1962 et 1965, il avait participé aux travaux du concile Vatican II. Nommé évêque de Beyrouth en 1966, le synode des évêques chaldéens l’avait élu en 1989 patriarche de Bagdad.
Spécialiste du droit canon, parlant 14 langues (l’arabe, le chaldéen, le syriaque, le latin, le grec, l’hébreu, le turc, le kurde, le français, l’italien, l’espagnol, le portugais, l’anglais et l’allemand), le patriarche Bidawid s’était fait, dans toutes ces langues, l’avocat de sa communauté chaldéenne d’abord, du peuple irakien ensuite, dont il n’a cessé de dénoncer l’injustice dont il était victime. Le patriarche Bidawid était sensible aux souffrances de son peuple, en particulier de celles des familles et des enfants, victimes de la malnutrition et de carences tragiques de médicaments, sous l’embargo imposé par la communauté internationale conduite par les États-Unis.
La cause irakienne, qu’il avait embrassée corps et âme, avait coïncidé plus ou moins avec son intronisation patriarcale, en 1989. Elle s’ajoutait à deux autres causes qui ne l’ont pas moins tourmenté : les causes palestinienne et libanaise.

Les métamorphoses
de la guerre
Nommé évêque de Beyrouth en 1966, Mgr Bidawid a vécu intensément les diverses métamorphoses de la guerre au Liban. Par l’exode qu’elle provoquait, cette épreuve se superposait à celles de tous les chrétiens d’Orient, dont l’obsédante hémorragie n’a cessé de le déchirer. De la tragédie palestinienne, le patriarche Bidawid avait vécu l’apogée avec l’occupation de Jérusalem, en 1967.
Le patriarche avait fait tout son possible pour que le pape puisse réaliser en février 2000 son pèlerinage en Ur, en Irak, ville natale du patriarche Abraham. Le pèlerinage avait été annulé en raison des circonstances exceptionnelles traversées par le pays, notamment le maintien de l’embargo et des zones d’exclusion aériennes, ce qui, selon les autorités irakiennes de l’époque, « rendait difficile de garantir la sécurité du pape ».
Du fait de l’hémorragie humaine continue qui a touché l’Irak depuis la guerre contre l’Iran, plusieurs dizaines de milliers de chaldéens ont quitté leur pays depuis le début des années 90. La plus grande communauté chaldéenne est installée aux États-Unis, plus précisément dans la région de Detroit, où résident quelque 100 000 chaldéens.
En Irak, la communauté compte quelque 700 000 personnes, soit environ 3 % de la population totale. Les chaldéens et les syro-malabars installés en Inde forment une seule famille ecclésiale. Les assyriens, qui sont l’Église irakienne orthodoxe, comptent près de 400 000 fidèles. Un dialogue œcuménique est engagé entre les deux familles écclésiales sœurs.
La Fédération des Ligues chrétiennes et le parti Kataëb ont publié des communiqués rendant hommage au patriarche Bidawid et déplorant sa disparition.
« C’est un véritable pilier que l’Église chaldéenne perd, avec la mort du patriarche Bidawid, l’un de ces vieux chênes à la longue histoire dont les racines plongent dans l’humus de Mossoul, en Irak. Né dans une famille chrétienne dont il a hérité la pureté de l’esprit, l’amour et l’humilité, le patriarche Bidawid avait placé toute sa vie au service de son peuple et de sa patrie arabe », a affirmé le parti Kataëb, commentant la disparition du prélat.
Des obsèques solennelles seront organisées pour le patriarche défunt, samedi, à 16 heures, en la cathédrale Saint-Raphaël, à Brasilia-Baabda. La dépouille mortelle sera exposée à la vénération des fidèles à partir de 10 heures.
Le synode des évêques chaldéens, qui comprend 21 évêques, se réunira un mois après les obsèques pour élire un nouveau patriarche. Des concertations auront lieu, en marge des obsèques, pour déterminer le lieu de tenue du synode : Bagdad ou Rome.
Les communautés catholiques au Liban étaient hier sous le choc causé par le décès de Mgr Raphaël Ier Bidawid (81 ans), patriarche de Babylone pour les chaldéens, qui s’est éteint lundi soir à l’hôpital de Bhannès, des suites de complications rénales et cardiaques, après sept mois de lutte contre la maladie.Originaire de Mossoul, diplômé en théologie à Rome,...