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La confrontation entre le PDG de la NTV et le directeur de l’aviation civile tourne en faveur de la Sûreté L’enquête est close, et Addoum prendra la décision finale dans les prochains jours(PHOTO)

L’enquête est terminée, mais le suspense demeure. Officiellement, le procureur général près la Cour de cassation se donne le temps de bien étudier le cas avant de décider, la semaine prochaine, soit de clore le dossier, soit de le déférer devant les autorités judiciaires compétentes. Et là, il a le choix entre le tribunal des imprimés, s’il décide que le crime présumé relève de sa compétence, notamment s’il considère qu’en publiant des accusations infondées, la NTV a occupé les autorités avec des informations, mensongères (ce qui est passible d’une peine de prison) et le parquet financier, s’il estime qu’il existe, dans ce dossier, des malversations de ce genre.
En attendant l’ultime décision du procureur Adnane Addoum, le PDG de la NTV doit rester à la disposition de la justice, puisqu’il a été maintenu en liberté sous caution d’élection de domicile. On dirait presque que tout est fait pour lui briser les nerfs.

Longue journée
au Palais de justice
Hier, justement, la journée de M. Tahsin Khayat au Palais de justice a été longue et pénible. Arrivé vers midi, il a été interrogé pendant près d’une heure et demie par l’avocate générale près la Cour de cassation, Mme Rabiha Ammache Kaddoura, sur base des documents envoyés par la Sûreté générale. Les confrontations ont ensuite commencé. La plus attendue était, bien sûr, celle qui devait le réunir avec le directeur de l’aviation civile, M. Hamdi Chok. Entendu mardi par le juge, M. Chok avait affirmé que l’opposition de la Sûreté générale avait bloqué le projet de créer une société VIP à l’aéroport, alors que, de son côté, M. Khayat avait laissé entendre que M. Chok aurait été à l’origine des informations diffusées par la chaîne et impliquant le directeur de la Sûreté.
Convoqué de nouveau hier, M. Chok a réitéré ses précédentes affirmations devant Mme Rabiha Ammache Kaddoura. Celle-ci lui a alors demandé s’il était prêt à une confrontation avec M. Khayat et devant son accord, celle-ci a eu lieu. Selon des sources proches de l’enquête, il a été plus ou moins possible de reconstituer toute l’histoire.

Une confrontation décisive
MM. Khayat et Chok se seraient rencontrés il y a un mois dans l’avion qui les ramenait de Dubaï vers Beyrouth. En première classe, on s’ennuie un peu et pour passer le temps, les deux hommes ont lié conversation. M. Khayat aurait alors demandé à M. Chok s’il est possible de consulter les contrats qui concernent l’AIB et le directeur de l’aviation civile aurait répondu que les documents sont accessibles à tous. « Si je vous envoie quelqu’un, pourra-t-il consulter ces documents? » aurait insisté M. Khayat et l’autre aurait répondu par l’affirmative. Le PDG de la NTV n’aurait pas attendu d’avoir les documents en main pour lancer sa campagne contre le directeur général de la Sûreté, confiant dans la promesse de M. Chok que ceux-ci sont disponibles. Il se serait donc basé sur des rumeurs qui lui seraient parvenues sans prendre la peine de les vérifier. Résultat, devant Mme Ammache Kaddoura, M. Chok a nié avoir donné la moindre information sur les prétendus contrats à M. Khayat, qui aurait fini par reconnaître le fait. C’est pourquoi, à l’issue de la confrontation, l’avocate générale a déclaré à M. Chok : « Merci, vous êtes libre ». Alors qu’elle a demandé à M. Khayat d’attendre, seul, dans le bureau annexe. Il avait certes son portable avec lui et il ne s’est pas privé de l’utiliser, mais il était pratiquement mis en quarantaine, les journalistes ne pouvant que l’observer à travers la vitre. Ultimes vérifications et ce n’est qu’à 18 heures que le procureur Addoum a déclaré à la presse que l’enquête était désormais close et qu’il lui faut quelques jours pour prendre sa décision. Pour M. Khayat, ce n’était pas encore fini. Il lui a fallu attendre encore que l’on vérifie qu’il n’est pas recherché pour d’autres causes et finalement vers 18h30, il a été autorisé à quitter le Palais de justice, avec ses employés, sous caution d’élection de domicile. Autrement dit, ni lui ni ses employés ne peuvent quitter le Liban sans autorisation des autorités.
C’est d’ailleurs le fait d’avoir envoyé une excuse médicale et d’être parti sans attendre la réponse de l’avocat général qui a valu à M. Zulfikar Kobeyssi de faire l’objet d’un avis de recherche. Ce directeur à la NTV, détenteur d’un titre officieux, aurait sans doute pris peur. Convoqué devant l’avocat général, il aurait craint de devenir le bouc émissaire et, ayant engagé des pourparlers pour collaborer avec le quotidien al-Chark al-Aoussat, il aurait préféré se rendre à Londres après avoir déposé une plainte préventive contre M. Khayat.
Et maintenant ? Sur base des informations ayant filtré de l’enquête, le procureur général pourrait finalement décider qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments pour accréditer les accusations lancées par la NTV contre le directeur de la Sûreté dans son bulletin du 18 juin et que celles-ci n’ont donc aucun fondement. Dans ce cas, le général Jamil Sayyed pourrait alors déposer une plainte pour diffamation et calomnie contre le PDG de la NTV devant le tribunal des imprimés. À moins que la chaîne ne présente des excuses officielles et que le général les considère suffisantes pour laver l’affront qui lui a été fait. Ce qui, pour l’instant, semble exclu. Mais toutes les hypothèses sont encore possibles. Ce qui est sûr, c’est que la fermeture de la chaîne n’est pas à l’ordre du jour.
Scarlett HADDAD
L’enquête est terminée, mais le suspense demeure. Officiellement, le procureur général près la Cour de cassation se donne le temps de bien étudier le cas avant de décider, la semaine prochaine, soit de clore le dossier, soit de le déférer devant les autorités judiciaires compétentes. Et là, il a le choix entre le tribunal des imprimés, s’il décide que le crime...