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Société - Le Lycée franco-libanais de Verdun s’ouvre aux écoles du Liban-Sud Solidarité et citoyenneté, les valeurs-clés d’une pédagogie moderne

L’aventure a commencé par un élan humanitaire qui a poussé les élèves du Lycée franco-libanais de Verdun à se tourner vers leurs camarades du Liban-Sud pour leur adresser un message de solidarité. Huit cents livres ont alors été acheminés vers plusieurs établissements de la région. Ils seront complétés par des cartables, des équipements scolaires, des ordinateurs, des armoires, bref, toute une logistique qui a profité aux écoles les plus défavorisées. Mais l’initiative ne devait pas s’arrêter à ce stade. Sous l’impulsion d’une équipe pédagogique entreprenante, la direction du lycée de Verdun a voulu développer ce premier contact en le fructifiant dans le cadre d’une double action pédagogique et citoyenne qui est venue se greffer sur l’action humanitaire. Cette année, la place d’honneur revenait à l’art. Les élèves, qui en sont à leur troisième série d’échanges interscolaires, ont organisé vendredi dernier une exposition d’œuvres plastiques qui dévoilera la première phase d’un projet artistique réalisé par le lycée de Verdun et l’école de Aïn Kenya à Hasbaya. Les réalisations, qui seront exposées dans les locaux du Lycée franco-libanais, expriment toute la fraîcheur du regard de l’enfance sur la vie.
« Ces différences qui nous unissent ». Tel est l’intitulé du projet pédagogique et culturel qui a servi de pont humain entre les écoliers de Beyrouth et ceux de Hasbaya. Inspiré de l’idée de l’ancien ministre français de la Culture, Jack Lang, qui avait réussi à sensibiliser les classes primaires au monde artistique, l’exposition du lycée de Verdun se veut en même temps une expérience éducative et citoyenne. Au cours du projet qui s’est étalé sur trois trimestres, les élèves devaient, dans un premier temps, photographier « la fenêtre par laquelle ils voyaient le monde », et produire, dans un second temps, une œuvre plastique, deux projets réalisés sous la supervision d’un plasticien, Pascal Hachem.
Érigées sur des montures en fer forgé, des œuvres plastiques insolites exécutées à partir de collages, d’illustrations et de matériaux divers ont meublé le sous-sol du lycée et transformé les lieux en un musée personnel vers lequel les enfants ont transposé leurs objets les plus saugrenus. Celui-ci a ramené la veille bague ayant appartenu à son grand-père, qu’il a mise en relief dans un magnifique montage velouté. Un autre a décidé d’exposer, sur un ancien porte-plume, un timbre rare qui lui a été offert par ses parents. Influencé par son film préféré, Un Indien dans la ville un troisième écolier a reproduit une maquette du jeune héros perché sur un gratte-ciel.
« L’objectif de cet exercice est, d’une part, de sensibiliser les élèves à l’art contemporain par des expériences d’ordres sensoriel, perceptif et technique. Et, d’autre part, de les initier à une pratique artistique en éduquant leur regard, leur sensibilité artistique et créatrice ainsi que leur sens esthétique », affirme Gisèle Angles, directrice des classes primaires. « Le projet vise en outre à les faire réfléchir sur les pratiques mises en œuvre par l’artiste avec lequel ils ont eu un contact direct », a-t-elle précisé. Parallèlement à la création artistique, les enfants devaient rédiger un carnet de bord qui retrace l’évolution de leur travail, un exercice à but purement linguistique.
Le second volet du projet a porté sur une série de photos réalisées à partir du vécu des enfants.
Dans la grande salle qui abrite les œuvres plastiques, des centaines de clichés ont tapissé les murs de couleurs et de formes capturées par des regards candides. Les prises de vues expriment, à travers des angles inédits, des scènes de la vie quotidienne que chacun des écoliers a sublimées à sa manière. Une chambre à coucher, des arbres fleuris, les alentours d’un quartier, un paysage surprenant, autant de sources d’inspiration pour ces artistes en herbe qui ont réussi à faire parler leur environnement respectif.
« Dépasser le don pour parvenir à la solidarité. Telle est également l’ambition de ce projet qui vise à faire connaître le Liban aux enfants », explique Mme Angles. Après une visite qui a été effectuée par les élèves du lycée de Verdun au Liban-Sud, c’était au tour des élèves de Aïn Kenya d’effectuer, le 21 juin dernier, le voyage dans l’autre sens, pour venir honorer leur camarades chez eux le jour même du vernissage de l’exposition.
Le lycée de Verdun n’en est d’ailleurs pas à sa première expérience. Il y a trois ans, cet établissement scolaire a effectué un rapprochement humanitaire et pédagogique avec une autre école du Liban-Sud. L’école Saint-Georges des sœurs salvatoriennes de Yaroun a été sélectionnée. En novembre 2000 et à l’appel des services de l’aide humanitaire de l’ambassade de France et du contingent français de la Finul, une collecte de manuels scolaires et de livres de lecture a été lancée. Un geste qui a été suivi d’une série de donations complémentaires en équipements pédagogiques qui ont profité à plusieurs localités, dont Yaroun. Sous l’impulsion des responsables des classes primaires au lycée de Verdun, Dalal Hamdane, Wafa Hamani et Sawsan Chéhadé, et grâce à la mobilisation enthousiaste des élèves des classes primaires et secondaires, le projet humanitaire a été couronné par un partenariat culturel et linguistique dans le cadre du Sommet de la francophonie. Des échanges de correspondance entre les deux groupes d’écoliers ont permis d’approfondir le contact en permettant notamment d’aboutir à un écrit commun qui s’est concrétisé par la production d’un livret regroupant des lettres, des poèmes, des textes de présentation sur les thèmes des droits de l’enfant et du patrimoine culturel. Cette expérience fut réitérée l’année suivante avec un troisième partenaire, le Lycée francophone de Barcelone.
Intitulé « Mots d’ici, mots d’ailleurs », le projet a consisté à associer les trois écoles dans une production unique. Cette action a désormais consacré une philosophie pédagogique consistant à élargir les frontières de l’éducation traditionnelle en y introduisant les concepts de citoyenneté, de solidarité humaine et de patrimoine culturel. Autant de valeurs que le lycée de Verdun a voulu consacrer en créant, en janvier 2001, le club Unesco, un dispositif servant à mieux structurer ses actions pédagogiques et humanitaires. Par le biais de ce club, le lycée est désormais affilié au réseau international des établissements associés à l’Unesco, notamment dans le cadre du projet « Ambassadeur des droits de l’enfant », une initiative visant la coopération et la paix dans le monde.
L’aventure a commencé par un élan humanitaire qui a poussé les élèves du Lycée franco-libanais de Verdun à se tourner vers leurs camarades du Liban-Sud pour leur adresser un message de solidarité. Huit cents livres ont alors été acheminés vers plusieurs établissements de la région. Ils seront complétés par des cartables, des équipements scolaires, des ordinateurs, des...