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Le fondamentalisme dans les religions passé au crible par le Comité arabe pour le dialogue islamo-chrétien Non à l’intégrisme, oui au respect de l’autre dans ses spécificités

C’est sur la nécessité du dialogue et de l’acceptation de l’autre, dans ses spécificités et sa différence, et sur le rejet de l’intégrisme sous toutes ses formes qu’a insisté samedi le communiqué final de la conférence organisée de jeudi à samedi par le Comité arabe pour le dialogue islamo-chrétien sur un thème d’une brûlante actualité, « Le fondamentalisme dans les religions ».
« Le dialogue est essentiel pour révéler au grand jour l’équivoque entre la vraie religiosité et le fondamentalisme. Le principe du dialogue constitue une reconnaissance de la différence, et de l’autre, qui est différent. Il s’agit d’un rejet de la logique réductionniste, qui pousse quelqu’un à penser qu’il détient le monopole de la vérité, sous toutes ses formes », a indiqué le communiqué final de la conférence, qui a réuni de nombreux experts, hommes de religion et professeurs d’université, sous le patronage du ministre de l’Information, Michel Samaha.
Condamnant le fondamentalisme et le fanatisme qui incitent à la violence et qui cherchent à imposer la vérité unique par le moyen de la force, le Comité a estimé que ces deux phénomènes n’allaient pas nécessairement de pair avec la religiosité, mais émergeaient plutôt en fonction d’un faisceau de circonstances politiques, sociales, économiques et culturelles.
« La véritable compréhension de la religion comporte une acceptation intrinsèque de l’autre et de sa différence religieuse, ainsi que de la nécessité de vivre avec lui en respectant ses convictions religieuses, ses spécificités, ses croyances et ses lois », a ajouté le communiqué.
Durant trois jours, la conférence a abordé le fondamentalisme sous ses différents aspects historique, théologique et politique, tant il est vrai que le problème touche, simultanément, aux sphères publiques et privées. D’où l’objectif visé à travers les discussions qui ont animé cette conférence, à savoir, définir le concept et ses multiples acceptions et délimiter un sujet d’autant plus complexe et délicat qu’il suscite plus que jamais des passions de part et d’autre. Les interventions données par des conférenciers arabes aussi bien qu’américains ont porté sur le « fondamentalisme musulman » aussi bien que sur le « fondamentalisme chrétien », plus précisément protestant. Encore faut-il que le terme de fondamentalisme ne soit pas toujours pris au sens péjoratif, soulignent les experts, le retour aux sources de l’islam ou au patrimoine de l’Église étant, par définition, un moyen de « renouveau » dans la plupart des religions. Ce sont plutôt les interprétations et les usages que l’on en a faits qui ont fini par en altérer le sens et les objectifs. Ainsi, la violence n’est pas inhérente au concept, encore moins le refus de l’autre, font remarquer les intervenants. D’ailleurs, ajoutent-ils, on ne saurait comprendre le fondamentalisme sans une analyse du contexte historico-politique de la région, notamment la disparition de l’Empire ottoman et la nécessité de renouer avec le concept de l’État islamique. Ce lien étroit entre le politique et le religieux est tout aussi notoire aux États-Unis, plus particulièrement sous le mandat de George W. Bush dont les relations solides avec la communauté des évangéliques ne sont plus à démontrer.
Situant les origines du concept de « fondamentalisme » au début du XXe siècle, le pasteur Habib Badr précise que le phénomène en tant que tel est « aussi vieux que l’humanité ». Découlant d’un processus intellectuel, méthodologique et pratique, ce phénomène, appelé aussi dogmatisme ou orthodoxie, touche à tous les domaines de la vie, relève le pasteur. Le fondamentalisme en tant que tel traduit une « mentalité sclérosée ». « Il n’est pas un retour aux sources qui vise à moderniser, mais un état d’esprit qui cherche à figer le présent », souligne le pasteur.
Le problème commence dès lors que l’on se met à prêcher en faveur de l’idéologie et des pratiques qui en découlent, notamment celles qui sollicitent la violence et la répression, dit-il.
Mettant en exergue l’importance des théories psychosociales pour expliquer le phénomène, le père Boulos Wehbé a indiqué que « tous ceux qui refusent de voir le bien chez l’autre sont le produit de sociétés fermées et profanes ainsi que le résultat de multiples complexes dus à la misère ou à une éducation défaillante ». Le fondamentalisme est ainsi compris comme « l’équivalent du fanatisme et du terrorisme ».
Saoud el-Maoula, membre du dialogue islamo-chrétien, a analysé pour sa part le fondamentalisme sous l’angle de son évolution historique dans la région, en précisant qu’il est venu répondre à une réalité politique incarnée par la disparition de l’Empire ottoman et l’avènement de la colonisation qui a jugulé les mouvements nationaux. « Le mouvement politique s’est accompagné d’un mouvement culturel visant à redéfinir l’identité islamique et nationale après la disparition du califat en tant que référence (politico-religieuse).» « D’où, dit-il, l’identification qui s’est opérée entre le courant islamique et les courants nationalistes notamment du point de vue de leur organisation qui est calquée sur le modèle fasciste », dit-il en illustrant ses propos par la comparaison qui avait été faite à un moment donné entre Hassan el-Banna, l’idéologue des Frères musulmans, et Antoun Saadé, celui du Parti social national syrien.
Pour l’intervenant, la grande transformation s’est opérée au sein des mouvements islamistes après la création de l’État d’Israël et à la suite des multiples coups d’État qui ont secoué le monde arabe, deux facteurs qui ont contribué à la radicalisation et la marginalisation du mouvement. Ainsi, indique M. Maoula, il s’agit d’une « mutation politique qui s’est opérée au sein du mouvement islamique. Cela n’exclut pas toutefois la tentative d’enracinement de ce mouvement dans le patrimoine religieux ».
Intervenant sur la question du fondamentalisme chrétien, Randall Balmer, professeur de religion américaine, relève pour sa part que les protestants évangéliques ont « une interprétation très littérale de la Bible ». « Le fondamentalisme, dont les origines remontent aux années 1910, représente un mouvement militant et séparatiste au sein du protestantisme. » Apolitique jusqu’à la fin des années 1970, l’impulsion fondamentaliste a été, depuis, « très influente dans la vie politique américaine, aussi bien interne qu’externe, surtout pour ce qui est de la position américaine vis-à-vis de l’État d’Israël ».
Don Luidens, professeur de religion à Hope University, au Michigan, a effectué, pour sa part, un tour d’horizon de la situation des religions aux États-Unis, plus particulièrement du protestantisme, en établissant une analogie avec la politique du président Bush.
M. Luidens distingue entre les protestants traditionnels, les protestants évangéliques et les fondamentalistes. Ces derniers, dit-il, ont cherché à prêcher le christianisme avec tant de ferveur qu’ils sont devenus hostiles et agressifs envers les autres. Et M. Luidens d’ajouter : « Bien que les fondamentalistes ne représentent pas plus de 15 à 20 % de la population américaine, leur vote sera décisif pour la réélection de Bush ». « Par conséquent, dit-il, le Parti républicain et l’Administration Bush sont unis autour de la stratégie électorale ciblant les États du Sud. »
Je.J.
C’est sur la nécessité du dialogue et de l’acceptation de l’autre, dans ses spécificités et sa différence, et sur le rejet de l’intégrisme sous toutes ses formes qu’a insisté samedi le communiqué final de la conférence organisée de jeudi à samedi par le Comité arabe pour le dialogue islamo-chrétien sur un thème d’une brûlante actualité, « Le fondamentalisme...