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Santé - Des traitements à des prix préférentiels seront assurés aux malades Nouvelle stratégie nationale pour la lutte contre le sida

D’après les statistiques effectuées par le Programme national pour la lutte contre le sida, 80,4 % des personnes atteintes par le virus sont des hommes. Le virus est contracté le plus souvent à l’étranger lors de voyages (50 % des cas). Freiner l’expansion de cette maladie nécessite donc l’adoption d’une nouvelle stratégie nationale. Dans cette optique, les autorités concernées et les spécialistes se réunissent jusqu’à demain jeudi 5 juin, à l’hôtel Gefinor Rotana, pour discuter des grandes lignes de cette stratégie. Le congrès a été inauguré hier en présence de nombreuses personnalités.
Précisant qu’il s’exprime en sa qualité de président du Groupe de travail consultatif arabe pour la lutte contre le fléau (Arag), le ministre de l’Économie et du Commerce Marwan Hamadé a rappelé qu’il est familier du dossier puisqu’il l’a traité en tant que ministre de la Santé, et en tant que conseiller et membre du comité régional de l’Organisation mondiale de la santé et enfin en tant que président de l’Arag. Convaincu que le travail commun, renforcé au cours des dernières années, nécessite une stratégie de développement pour mieux prévenir « les dangers qui nous menacent », M. Hamadé a proposé un plan quinquennal qui unifiera les efforts des organismes nationaux et internationaux.
Ce plan consiste à recenser le nombre réel de personnes atteintes du sida sans avoir recours à la politique de l’autruche adoptée par les gouvernements de la région dans le but d’embellir l’image sanitaire de leur pays ; à définir les sources de danger sur le plan géographique, les cerner et les régler à travers la prévention, la sensibilisation et les traitements adéquats ; à élever le niveau d’éveil concernant les dangers provenant du Sud (le bassin méditerranéen méridional) et de l’Est (l’Asie et le Golfe) en impliquant les différents ministères et non seulement celui de la Santé. « Il faudrait de même inciter les médias libanais et arabes à renforcer les programmes de sensibilisation et pousser les chaînes satellitaires arabes à consacrer plus de temps d’antenne aux programmes de santé, notamment de prévention, afin de toucher une plus grande tranche de la population », a poursuivi M. Hamadé, qui a précisé que le plan quinquennal s’articule également autour des points suivants : développer les industries pharmacologiques afin de pouvoir bénéficier de la nouvelle classification du médicament à travers les accords et les pressions internationaux ; se méfier des statistiques actuelles souvent tronquées qui dissimulent la vérité en matière de santé et améliorer les techniques susceptibles de garantir la non-contamination du sang et la sécurité des rapports sexuels ; aider les personnes atteintes du sida, leur assurer les médicaments et les soutiens matériel et moral et les protéger contre toute discrimination juridique et économique.
Représentant le ministre de la Santé Sleiman Frangié, M. Walid Ammar, directeur général du ministère, a constaté que depuis sa création en 1988, le Programme national pour la lutte contre le sida a largement contribué à freiner l’expansion de cette maladie au Liban. « Ce programme a toujours insisté sur la sensibilisation de la population au danger de ce virus, a-t-il indiqué. Les médicaments ayant fait leur preuve dans le traitement et la prévention du virus, le Programme, en coopération avec l’association concernée à l’Ordre des médecins, a eu recours à la trithérapie. Le ministère de la Santé se chargera d’assurer ce médicament à tous les malades du sida. »
M. Ammar a ajouté que le ministère de la Santé, avec le soutien de l’OMS, a entamé des négociations avec les entreprises pharmacologiques afin d’assurer les traitements à des prix préférentiels inférieurs de 7 à 20 % aux prix en cours. Les accords seront mis en application dans les semaines à venir.

Freiner l’expansion
du virus en 2015
M. Habib Latiri, représentant de l’OMS au Liban, a indiqué que même si le virus du sida « ne s’est pas trop répandu dans les différentes régions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (550 000 cas) », selon certaines indications cette épidémie aurait dangereusement évolué dans plusieurs pays de cette région. Le virus du HIV se propage au sein de groupes bien spécifiques : les toxicomanes, les homosexuels, les prostituées et les immigrés. « Bien qu’elle soit localisée, cette épidémie pourrait toucher la population générale », a -t-il noté.
Pour faire face à cette situation, il est nécessaire de mettre au point de nouvelles stratégies de lutte contre ce fléau. Ainsi, au cours de sa réunion extraordinaire en juin 2001, l’Assemblée générale des Nations unies a publié une déclaration dans laquelle elle proclame que le virus HIV/sida est une crise globale nécessitant une action globale. Ainsi, une nouvelle stratégie régionale a été développée pour la période s’étalant de 2002 à 2005. Elle a été adoptée par tous les ministres de la Santé. Cette stratégie vise notamment à augmenter l’engagement politique et à entreprendre des campagnes d’information sur les dangers du sida et des maladies sexuellement transmissibles (MST), à établir des mécanismes institutionnels pour le développement des ressources humaines, à améliorer les capacités humaines dans tous les domaines liés au sida et aux MST et à soutenir les programmes de prévention contre ces maladies.
M. Christian de Clerc, représentant le coordinateur résident des Nations unies Yves de San, a constaté que le taux des infections du virus du sida est en augmentation continue en Afrique, en Europe orientale, en Asie ainsi que dans plusieurs régions industrialisées. Ainsi, la prévention du sida ne doit pas être considérée comme une question de santé mais comme un défi de développement. Un défi qui réduira la pauvreté, arrêtera l’expansion du HIV et permettra de promouvoir la santé reproductive ainsi que l’autonomie des femmes. « La pandémie a atteint le point où elle représente une menace tragique, non seulement pour l’individu, mais aussi pour les familles, les communautés et le développement. »
Rappelant qu’au cours de la dernière décade, une panoplie d’activités pour la lutte contre le sida a été organisée, M. de Clerc a insisté sur le fait que « nous sommes tous unis dans l’effort de vaincre le HIV ». Et de conclure : « Nous devons nous conformer aux conventions et accords internationaux tels que la convention d’élimination de la discriminiation envers les femmes, la convention des droits de l’enfant, etc. car ces accords assurent la plateforme de l’action contre le sida, ainsi que des références pour réussir à atteindre les buts du millénaire dans le domaine du développement, notamment le 6e but qui consiste à freiner l’expansion du virus en l’an 2015. »

Six mille cas au Liban
« Les statistiques publiées par l’OMS concernant le sida sont effrayantes puisqu’elles montrent que cinq personnes sont touchées toutes les cinq minutes », a souligné M. Atef Majdalani, chef de la commission parlementaire pour la Santé. Ces études prévoient la mort de 15 millions de sidéens par an. « Au Liban, le nombre de personnes atteintes du sida s’élève à 6 000 cas, sans compter celles qui portent le virus sans le savoir », a affirmé M. Majdalani. Ce chiffre a été contesté par le Dr Jacques Mokhbat, qui, dans une déclaration à L’Orient-Le Jour, a souligné qu’en 2002, le nombre cumulatif des malades a atteint les 700 cas.
M. Majdalani a plaidé pour « une guerre contre ce fléau, à laquelle participeront les écoles, les parents, les médias, les ministères de la Santé, de l’Intérieur, de l’Éducation et les ONG ». « Il faudrait, en premier lieu, agir auprès des élèves de 13 à 18 ans, car ils sont le plus influencés par ce qu’ils voient à la télé et lisent dans les revues ou sur l’Internet, d’où la nécessité d’introduire l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires », a-t-il noté, rappelant que 11 % des élèves des classes secondaires et 22 % des universitaires ont essayé la drogue.
La présidente de la commission parlementaire de l’Éducation, Bahia Hariri, a indiqué, pour sa part, que la réunion est une conjugaison des efforts gouvernementaux, civils et internationaux pour parer à ce fléau qui menace la sécurité de l’homme et sa stabilité. Cette maladie a sensibilisé l’humanité sur l’importance des valeurs de préservation de la sécurité publique, car les valeurs ne sont pas une nécessité morale et sociale mais une exigence scientifique et sanitaire. Et de conclure : « Nous avons besoin d’une telle coopération entre les organismes locaux et internationaux pour qu’ils échangent leurs expériences mutuelles afin d’élaborer des programmes nationaux pour que chaque partie ne travaille pas séparément. »
Prenant la parole en dernier, le directeur du Programme national pour la lutte contre le sida, le Dr Moustapha al-Naqib, a mis l’accent sur les réalisations du Programme dans ce domaine depuis sa fondation en 1989.
N.M.
D’après les statistiques effectuées par le Programme national pour la lutte contre le sida, 80,4 % des personnes atteintes par le virus sont des hommes. Le virus est contracté le plus souvent à l’étranger lors de voyages (50 % des cas). Freiner l’expansion de cette maladie nécessite donc l’adoption d’une nouvelle stratégie nationale. Dans cette optique, les autorités...