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MUSÉES Léonard de Vinci au Louvre : des forces en mouvement

Plus que des formes, ce sont des forces en mouvement qui courent sur les fabuleux dessins, manuscrits et peintures de Léonard de Vinci que le musée du Louvre expose jusqu’au 14 juillet. Les tirs d’arbalète traversent les pages des carnets, les torrents s’y précipitent, les trompettes y retentissent et les madones attentives s’y penchent pour retenir l’enfant qui tente d’attraper le chat. D’un coup, à travers 130 dessins – 85 originaux du maître toscan (1452-1519) et 45 œuvres de ses élèves –, trois peintures, 12 manuscrits prêtés par l’Institut de France et deux albums de portraits, jaillit toute la modernité de ce génie. Enfant curieux de tout, des grottes et du ciel, du vol des oiseaux comme de la physionomie des vieillards, c’est dans l’atelier du sculpteur florentin Andrea del Verrochio que Léonard de Vinci débute, encore adolescent. Il n’a pas 17 ans qu’il excelle dans les études de draperies, exercice d’une extrême complexité. Car il faut fabriquer des mannequins de glaise, les couvrir d’étoffes mouillées enduites de terre pour que la toile, une fois sèche et durcie, conserve son drapé. Travailler la lumière. Et, seulement alors, réaliser en noir et blanc, à la pointe du pinceau, des petites esquisses monochromes. Mais, déjà, voici les premières Vierges à l’Enfant, saisies au vol sur le carnet comme des irruptions de pensée, mais qui laissent apparaître, par une inclinaison de tête, ou un geste de la main, une insondable tendresse. « Il faut observer autour de vous comment se tiennent et comment agissent les hommes quand ils parlent, discutent, ou rient, ou se battent, quels actes sont susceptibles d’advenir parmi eux », conseillait Léonard aux jeunes peintres. Personnages ailés en vol, guerriers décochant des flèches ou s’enfuyant, armés d’arbalètes, obus ou grenade qui en roulant s’enflamme, autant de surgissements de ces dessins comme « en devenir », non statiques et pourtant merveilles d’équilibre. Mécanique humaine, biologique, physique, tout s’enchaîne. Léonard de Vinci sort du cadre artistique du quattrocento – portraits aux lignes pleines – pour se projeter dans l’espace de ses feuilles et, au-delà, dans une perception globale de l’univers. Les formes deviennent forces, toujours ouvertes sur un possible. Sa soif de connaissances le porte de l’architecture à la musique, de l’hydraulique à la balistique, en passant par la cartographie, l’anatomie, la botanique ou les jeux littéraires. Toujours, de géniales intuitions. Pour avoir disséqué les cadavres, scruté les visages, observé les ravages du temps sur le corps, il décrit les liens entre les émotions et leurs traces imprimées dans un visage creusé ou un dos courbé, ce qu’il nomme « moti mentali ». Comme en témoignent ses célèbres Portraits et Grotesques. De la physiopsychologie bien avant l’heure et la lettre.
Plus que des formes, ce sont des forces en mouvement qui courent sur les fabuleux dessins, manuscrits et peintures de Léonard de Vinci que le musée du Louvre expose jusqu’au 14 juillet. Les tirs d’arbalète traversent les pages des carnets, les torrents s’y précipitent, les trompettes y retentissent et les madones attentives s’y penchent pour retenir l’enfant qui tente...