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JAZZ - Le saxophoniste au « Blue Note Café » ce soir et du 12 au 17, à 22h Chico Freeman, lion de Chicago(photo)

Fils de et neveu de, il n’en reste pas moins que Chico Freeman est sans doute le meilleur saxophoniste étranger que le Liban a pu accueillir ces dernières années. « Avoir Von Freeman comme père et George et Bruz Freeman comme oncles, c’est bien sûr un défi qui fait peur », concède le musicien entre deux ultimes répétitions, ressemblant, sans le vouloir, à un lion qui, échappé de la savane du jazz, parcourt à son aise d’autres paysages, entre l’afro-cubain, le blues ou le rap. « Mais avec mon père, le message était clair, dès le début : en gros, c’est donne le meilleur ou rien. J’ai très vite choisi et, par la suite, il m’a toujours encouragé. » Mais les lions, les vrais, ne se laissent pas impressionner très longtemps. Et, pour cela, il suffit de le voir sur la minuscule scène du Blue Note Café souffler les premières notes pour s’en rendre compte. La salle, sempiternellement occupée, pour sa majorité, à s’empiffrer ou à parler fort, se tait aussitôt, impressionnée par la puissance de la note, sa présence dans l’espace et son impeccable tenue. NBA Le lion donne l’impression de jouer du bout des lèvres et quand ses accompagnateurs (Faure Basulto au piano et au synthétiseur, Carlos Abou Jaoudé à la basse et Walid Tawil à la batterie, tous emportés sur une route des plus plaisantes par leur guide) prennent le train en marche, l’oreille n’a alors plus qu’une seule envie : que Chico Freeman reprenne ses solos. Celui-ci confie ne pas avoir l’habitude de jouer avec des musiciens qu’il ne connaît pas, mais pense que «cette région du monde et le Liban en particulier méritent qu’on s’intéresse à son public de jazz.» L’aisance du lion de Chicago est confondante. Être né dans cette ville (1949) alors que son père y était une légende vivante parmi d’autres, entendre celui-ci chaque soir « jammer » en compagnie de Miles Davis, Dizzy Gillepsie et d’autres grosses pointures est pour lui « une chance, bien sûr ». « C’est là-bas que j’ai joué avec les plus grands du jazz (McCoy Tyner, Hank Jones, Joe Henderson, mais la liste est très longue), du blues (pour ne citer que lui, Memphis Slim), mais aussi de la pop des années 60 à 80 (Four Tops, The Temptations, Earth, Wind and Fire et les Eurythmics, par exemple)», poursuit-il avec un grand sourire carnivore, sans une once de prétention et avec un calme serein. On comprend alors qu’il n’ait voulu croquer dans la Grosse Pomme que tard, au tout début des années 80. « Jouer à New York, c’est comme entrer à la NBA. La NBA, ce sont les meilleurs. Les autres ont été éjectés. » Pas de note superflue Pour sa série de concerts beyrouthins, Chico Freeman interprète des extraits de son dernier album, Oh, By The Way, enregistré avec un bataillon de musiciens hors pair, et avec lequel il forme le Guataca Project. «C’est assez récemment que j’ai découvert la musique afro-cubaine, explique Chico Freeman. C’est elle qui m’intéresse maintenant. » Enfin, presque, parce que le saxophoniste, alors qu’il est en tournée en Europe pour la promotion de son album avec Guataca, travaille déjà sur un nouveau projet, avec certains musiciens de Oh, By The Way ainsi que d’autres, sélectionnés parmi 220 postulants. Il s’agit d’une composition spécialement conçue pour être jouée, en juin prochain, dans l’espace de création musicale new-yorkais Engine 27. Mais aujourd’hui, dès ce soir, il faut absolument passer par le jazz-club de la rue Makhoul et écouter, savourer chaque note, puisque c’est un des vœux de ce musicien exceptionnel (« ne plus jouer de notes superflues, aller à l’essentiel et n’être enfermé dans aucune catégorie musicale »), qui distille ses créations avec une maestria rare, une générosité et une ampleur rarement égalées dans aucun « gig » de la capitale. Attention aux bavards qui confondent salon de thé et concert : le lion de Chicago pourrait les remettre en place. C’est de musique qu’il s’agit, for God’s sake. Diala GEMAYEL Renseignements et réservations au 01/743857.
Fils de et neveu de, il n’en reste pas moins que Chico Freeman est sans doute le meilleur saxophoniste étranger que le Liban a pu accueillir ces dernières années. « Avoir Von Freeman comme père et George et Bruz Freeman comme oncles, c’est bien sûr un défi qui fait peur », concède le musicien entre deux ultimes répétitions, ressemblant, sans le vouloir, à un lion qui,...