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Un record de célérité qui en dit long

Quarante-cinq heures ! Un record digne du Guiness Book. Le nouveau gouvernement a été formé au pas de charge. Dans une précipitation sans précédent historique, ici ou ailleurs. Et que seul explique, sans la justifier, le fait qu’au fond il n’y a rien de nouveau sous le (timide) soleil de ce nonchalant paradis. Les deux tiers des Trente reviennent et le tiers conserve son poste. Les metteurs en scène ont ainsi coupé court aux criailleries, aux piaillements d’une caste ministrable pléthorique. Et largement formée d’éléments qui se trouvent en bonne position pour parasiter les lignes de communication entre Beyrouth et Damas. C’est-à-dire de politiciens, ou autres notables, qui ont quelque audience auprès des décideurs, sans faire partie des incontournables, également appelés inamovibles. Finalement, comme le relève un professionnel du cru, ce gouvernement est de loin le plus teinté de syrianisme, si l’on peut dire, que le pays ait connu. Selon cet analyste, Damas a voulu mettre une sourdine aux récriminations croissantes concernant le gouvernement précédent, pour dissiper la confusion ambiante. Et, en même temps, il a tenu à installer un rempart solide pour défendre sa ligne. En recourant à des personnalités connues pour leur empathie. L’on évite de la sorte, indiquent de leur côté des pro-Syriens, d’avoir une direction manquant d’homogénéité structurelle. Ce qui n’aurait pas manqué de se produire, à leur avis, si l’on avait opté pour un cabinet d’union nationale, réservant une place aux différentes oppositions connues, l’Est en tête. Cependant, il convient de signaler la remarquable réaction de certains opposants. Qui s’abstiennent de critiquer ouvertement les manières peu démocratiques retenues, en précisant que la Syrie a probablement besoin d’un tel gouvernement pour le moment. Et que ce n’est justement pas le moment de titiller Damas, confronté à de fortes pressions US et avec lequel l’accord sur les questions régionales est entier. Ainsi, notent ces sources, il est normal que des départements pour l’heure essentiels comme les Affaires étrangères et l’Information soient confiés à des personnalités qui ont toute la confiance des décideurs. Ces sources ajoutent que les questions de forme importent peu. Et qu’il faut attendre la déclaration ministérielle, le programme du gouvernement, pour commencer à juger. Sur ce plan, le président Hariri a tenu à montrer une propension au labeur accéléré. En insistant, lors de la première réunion consacrée à la préparation de la déclaration, sur nombre de projets concrets. Comme pour réfuter les assertions selon lesquelles le cabinet est bien plus une formation politique qu’une équipe technique de travail. Il a mis l’accent sur le rendement et sur les privatisations, qui sont l’une des clés du redressement économique et financier, aux côtés des engagements pris lors de Paris II. Mais d’entrée de jeu, le président Hariri s’est heurté à de la résistance ministérielle. En effet, le ministre d’État Khalil Hraoui a objecté qu’il ne fallait pas mentionner les privatisations dans la déclaration ministérielle. Parce que cela avait été fait dans la déclaration du précédent gouvernement, sans que rien ne soit réalisé. Il a rappelé les tiraillements relatifs au cellulaire, en relevant que les membres du Conseil des ministres n’étaient informés de rien. Quant au ministre des Télécoms, Jean-Louis Cardahi, il se propose de distribuer à ses collègues ainsi qu’aux députés le rapport documenté, truffé de chiffres, qu’il a mis au point concernant la privatisation du cellulaire. Dès le départ donc, des escarmouches prometteuses, si l’on parle en termes de spectacle. Cependant, les partisans du président Berry soutiennent qu’ils vont militer afin que le Conseil des ministres redevienne l’institution de référence par excellence. En réhabilitant la procédure de vote. À leur avis, le rééquilibrage des quotas au sein du pouvoir devrait permettre cette rénovation. Qui tend, en pratique, à court-circuiter le système dit de la troïka dans lequel les arrangements, ou désaccords, entre présidents font la décision. Ainsi, selon ces sources, le pouvoir devrait pouvoir bientôt débloquer les nominations diplomatiques. Mais beaucoup en doutent. Car le nouveau gouvernement constitue en apparence une victoire d’un camp sur un autre. Ou plutôt de l’axe Lahoud-Berry (qui obtient les sièges chiites, plus deux portefeuilles chrétiens) sur le solitaire de Koraytem. Et l’esprit de revanche n’est jamais loin dans ce pays de cocagne. Cependant, comme dans la phase actuelle, il reste possible que les pressions régionales imposent l’entente entre les présidents. Philippe ABI-AKL
Quarante-cinq heures ! Un record digne du Guiness Book. Le nouveau gouvernement a été formé au pas de charge. Dans une précipitation sans précédent historique, ici ou ailleurs. Et que seul explique, sans la justifier, le fait qu’au fond il n’y a rien de nouveau sous le (timide) soleil de ce nonchalant paradis. Les deux tiers des Trente reviennent et le tiers conserve son...