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Les prestations ministérielles tributaires des nouveaux rapports de force au sein du pouvoir

Dès la mise en page de la nouvelle formule, le président Hariri demandait : « Que veut-on au juste, un gouvernement qui marche ou qui ne marche pas ? » Ce ton sceptique s’est aggravé ensuite. En effet aux visiteurs il lançait : « Plutôt que de me féliciter, souhaitez que la Providence me vienne en aide ! » Dès le départ, donc, le chef du gouvernement, la plupart des ministres et l’opinion ne sont pas satisfaits. Comment penser, dans ces conditions, que le cabinet pourra accomplir ce que l’équipe précédente n’a pu réaliser. De son côté, un dignitaire religieux indique avoir espéré que, cette fois, le pays serait enfin doté d’un gouvernement fédératif à la hauteur d’une situation sinon dangereuse du moins critique. Une équipe qui illustrerait par sa composition une parfaite solidarité nationale face aux complications régionales qui prennent le pas sur d’autres problèmes. L’occasion a cependant été perdue, sous des prétextes fallacieux découlant d’un manque manifeste de bonne volonté, ou de volonté tout court. Cependant le même pôle spirituel souhaite que le gouvernement constitue une bonne surprise en se mettant sérieusement au travail. Et en s’accordant sur les dossiers litigieux que les Trente précédents n’avaient pas su régler. À première vue cependant, c’est là un pieux souhait. Car la plupart des ministres qui contestaient, ou qui étaient en litige, sans compter les présidents, retrouvent les mêmes départements. Il reste à savoir si la modification des rapports de force au sein du Conseil des ministres va enfin permettre d’appliquer la Constitution. C’est-à-dire de trancher les différends, le cas échéant, en recourant au vote, procédure annulée de facto ces dernières années par crainte d’une implosion du pouvoir. Dans le gouvernement sortant, la majorité était le plus souvent du côté du président Hariri. Aujourd’hui les quotas sont moins nets. La majorité n’est acquise pour personne d’autre que pour la partie qui a eu la véritable haute main sur la formation du cabinet. Cependant, grâce à la part qui lui échoit, le président Berry semble être en mesure de faire pencher la balance, à son gré, d’un côté ou de l’autre. La source religieuse citée souligne que l’opinion manifeste peu d’intérêt pour la déclaration ministérielle en préparation. Car les Libanais savent que les propos ou promesses n’engagent que ceux qui y croient et ne correspondent souvent pas aux actes. Dès lors, ajoute le dignitaire, l’attitude la plus convaincante que pourrait adopter le gouvernement serait de demander au Parlement de suspendre le vote de confiance pour le lier aux réalisations effectives. Pour démissionner en cas d’échec avéré. Les sujets brûlants sont aussi nombreux que les projets gelés à cause des disputes. Le nouveau gouvernement, monochrome mais également divisé, va-t-il pouvoir changer de méthode ? Va-t-il engager le dialogue, surtout avec les parties non représentées, sur des questions aussi essentielles que la loi électorale ? Va-t-il savoir cimenter l’union nationale pour faire face aux retombées de la guerre en Irak, aux pressions US sur la Syrie, aux menaces israéliennes et au danger de l’implantation palestinienne ? Le gouvernement du vendredi saint sera-t-il source de tristesse pour les Libanais, en perpétuant les tiraillements qui paralysent le pays ? Une première réponse devrait être apportée sous peu à travers le traitement du dossier des privatisations, en commençant par le cellulaire, suivi par l’Électricité du Liban. On attend également un déblocage rapide des permutations diplomatiques et des nominations administratives pour le pourvoi de nombreux postes-clés vacants. À ce moment, conclut le dignitaire religieux, les Libanais sauront s’ils peuvent ou non avoir confiance dans la nouvelle équipe. Émile KHOURY
Dès la mise en page de la nouvelle formule, le président Hariri demandait : « Que veut-on au juste, un gouvernement qui marche ou qui ne marche pas ? » Ce ton sceptique s’est aggravé ensuite. En effet aux visiteurs il lançait : « Plutôt que de me féliciter, souhaitez que la Providence me vienne en aide ! » Dès le départ, donc, le chef du gouvernement, la plupart des...